Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 24 novembre 2025

(Service de secours ukrainiens) Aujourd'hui en Europe - 24 novembre 2025
(Service de secours ukrainiens)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme :

  • Plan de paix Trump Ukraine : européens et Zelensky en suisse dimanche ; VDL veut gagner du temps face à Trump poussif ; attaques russes ce weekend 
  • Résultats de la COP (samedi)
  • Après l’Allemagne, service militaire sur volontariat en France 

On ouvre ce journal à Genève, où le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a accueilli dimanche tour à tour des délégations ukrainiennes et européennes. Son objectif : limer les angles du plan Trump dévoilé quelques jours plus tôt, qui propose une manière de mettre fin à la guerre en Ukraine extrêmement favorable aux intérêts russes.

Oui, rappelez-vous, vendredi dernier les capitales de l’Europe et de l’Ukraine étaient bouche bée à la lecture de ce plan de paix : abandonner la Crimée, perdre la région de Donetsk et de Louhansk, réduire la taille de l’armée… En d’autres termes, une série de revendications russes, mises au propre par l’envoyé spécial du Kremlin, Kirill Dmitriev, et son homologue américain, Steve Witkoff, inacceptables par Kyiv.

Marco Rubio, qui aurait avoué à demi-mot que ce projet avait été écrit par Moscou, a finalement présenté ce document comme  des “propositions”, un “document de travail”, ouvert aux négociations et aux ajustements ukrainiens et européens. Aucune des questions, a-t-il ajouté devant la presse, “ne sont insurmontables” avant de quitter la Suisse dans la nuit. Toujours dans cette volonté de calmer le jeu, il transformait hier l’ultimatum de Donald Trump qui exige une réponse de Kyiv d’ici jeudi en une demande plus modérée, je cite : ”nous aimerions une réponse d’ici jeudi”.

Une nouvelle version du texte a donc été rédigée ce weekend, qui devrait “pleinement respecter la souveraineté de Kyiv” ont précisé les Etats Unis et l'Ukraine dans un communiqué commun.

Oui, la Maison Blanche parle d’un “pas en avant significatif” et de “pourparlers constructifs”, et le négociateur ukrainien Andriï Iermak mentionne de “très bons progrès”. Alors rien n’est fait, la Russie a encore son mot à dire précise le secrétaire d’Etat américain, mais l’Europe n’a pas prévu de s’arrêter là non plus : les 27 continuent les négociations aujourd’hui et demain - eux qui avaient jusqu’ici été totalement exclus de la rédaction de ce plan de paix - une contre proposition a même été révélée par le Télégraphe hier, qui n’implique aucune des mesures contraignantes prévues par la version américano-russe. 

Hier la présidente de la Commission européenne rappelait l’importance du rôle de l’UE, qui devrait être “entièrement reflété” dans n’importe quelle discussion de paix en Ukraine. Même si Volodymyr Zelensky nommait les Etats-Unis comme son “plus grand allié” hier, Ursula von der Leyen replace Kyiv sur “un chemin européen”. Concrètement, cela s’est traduit hier par plusieurs rencontres entre le négociateur ukrainien et les délégations française, allemande et britannique, des discussions qui devraient se poursuivre aujourd’hui. Le président turc a également prévu d’appeler Vladimir Poutine ce lundi, ce que le Kremlin a confirmé.

Aucune de ces discussions ne signifie cependant la fin immédiate de la guerre ; le maire de Kharkiv a encore recensé quatre morts et dix-sept blessés dans la nuit de dimanche à lundi.

Oui, une nouvelle attaque de drones a visé la deuxième ville la plus peuplée du pays avant la guerre - “des immeubles d’habitations” ont été détruits selon le maire Igor Terekhov. La veille, six autres personnes ont perdu la vie en Ukraine et près d’une quarantaine ont été gravement blessées. 

La paix est donc loin d’être obtenue, notamment à cause d’une dynamique contraire entre russe et européens explique le journal le Monde : l’UE veut à tout prix “établir un cessez-le-feu avant d’amorcer les négociations territoriales et sécuritaires”, le Kremlin, lui, ne voit dans le cessez-le-feu qu’une manière de conclure les négociations, entretenues par la pression militaire.

On continue ce journal à Belém, où la COP 30 a fermé ses portes samedi. Alors que retenir de ces intenses négociations sur le changement climatique ? Un texte surnommé du “mutirao”, d’abord, qui rassemble les principaux engagements pris au sortir de la Conférence.

Oui, un texte qui, selon le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra, “emmène dans la bonne direction”, mais qui est encore loin d’être à la hauteur des enjeux climatiques. Il n’appelle à accélérer l’action que de façon “volontaire” et évoque à peine la sortie des énergies fossiles, “nous aurions préféré davantage” a ajouté le commissaire au climat, “et plus d’ambition sur tout”. 

Et concrètement, qu’est-ce qui est écrit dans ce texte ?

Concrètement, les discussions de la COP 30 ont mené à trois principaux résultats. Le premier : “une initiative volontaire” pour réduire les émissions de carbone de chaque pays, mais sans obligations ni contraintes - même pas de “feuille de route” pour sortir des énergies fossiles alors que le projet était mentionné tout au long de la conférence. 

2e résultat : un objectif de tripler l’aide financière pour l’adaptation climatique des pays en développement, en dix ans. Une somme qui, en 2025, a déjà atteint 40 milliards de dollars.

Le 3e résultat concerne les tensions commerciales, qui seront intégrées aux négociations climatiques pendant les 3 prochaines années. Un ajout qui pourrait mener à l'abaissement des barrières commerciales environnementales, comme la taxe carbone qui entoure l’Europe - à la grande satisfaction de la Chine qui a grandement contribué à cette modification.

Et on termine ce journal en Belgique. Le plat pays sera les prochains jours le théâtre de plusieurs grandes manifestations pour protester contre les coupes budgétaires voulues par le gouvernement.

Oui, elles s’accompagnent d’ailleurs d’un mouvement de grève de trois jours, d’une paralysie des services publics et de longues perturbations dans les transports - un conflit social dont l'ampleur n’avait pas été atteinte depuis les années 1980. 

Dans d’innombrables sphères du secteur public, privé ou associatif, les belges expriment leur opposition : aéroports fermés mercredi, diminution drastique de l’activité dans les hôpitaux, les médias, la poste ou même les prisons - une grève qui pourrait durer jusqu’à une semaine pour les cheminots. 

Et à la source du problème, Baptiste, un objectif de réduction de 20 milliards d’euros dans les dépenses de l’Etat. 

Oui, c’est le chiffre que s’était fixé le premier ministre Bart de Wever, et qu’il a dû réduire de moitié face aux oppositions. Un accord a finalement été trouvé ce matin, sans ‘céder à la facilité de reporter l’exercice” s’est satisfait le Premier ministre qui s’était donné jusqu’à Noël

Pas de modifications du taux de la TVA, comme craint par une partie du gouvernement, ni de saut d’index en dessous de 4000 euros bruts. Mais une nouvelle taxe sur les grandes fortunes et un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale pour, je cite, “chercher l’argent là où il se trouve”.

La Banque nationale de Belgique chiffrait début novembre la dette publique à 9,5 milliards d’euros - expliquant qu’elle pourrait grimper jusqu’à 36 milliards en 2034. Une sombre prévision, accompagnée des analyses de la Commission européenne, qui placent la Belgique au plus bas du classement de la zone euro pour ses performances budgétaires.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.