Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La visite de Volodymyr Zelensky à Washington
- L’appel à déposer les armes d’Abdullah Öcalan, leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK)
- La condamnation du président bosniaque Milorad Dodik
Bonjour Gaspard, on commence ce journal en évoquant le voyage de Volodymyr Zelensky à Washington où il doit rencontrer Donald Trump pour finaliser un accord sur l’exploitation des minerais stratégiques ukrainiens voulu par le président américain.
Oui, après plusieurs longues semaines de négociations, Kiev et Washington ont convenu un projet d’accord-cadre sur les revenus d’exploitation des minerais ukrainiens. Un accord que la nouvelle administration présente comme un “remboursement” de l’engagement américain en Ukraine et qui intervient dans un contexte de tension entre les deux pays. Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, le président américain tente de régler à la hussarde le conflit entre la Russie et l’Ukraine en se rapprochant de Vladimir Poutine et en négligeant l’Ukraine et ses traditionnels alliés européens.
Sous la pression Volodymyr Zelensky se rend donc à la Maison Blanche pour signer un accord que beaucoup considèrent en Ukraine comme du “racket”.
Oui, le président ukrainien devrait donc se résigner à signer la première étape de l’accord ce vendredi 28 février. Dans l’espoir, également, d’améliorer ses relations avec le président américain qui l’avait pourtant traité de dictateur il y a quelques jours. Volodymyr Zelensky et les dirigeants ukrainiens tentent, en contrepartie de cet accord, d’obtenir des garanties de sécurité américaines. Des garanties qui restent encore hypothétiques à ce stade.
Les clauses les plus controversées de cet accord semblent avoir été écartées.
Oui, le président américain dit exiger un remboursement de la part des Ukrainiens pour les efforts consentis par les Etats-Unis dans la guerre depuis 2022. Washington évoquant notamment une prise d’intérêt à hauteur de 500 milliards de dollars sur les matières premières ukrainiennes.Le texte qui devrait être signé n’en reste pas moins contraignant pour les Ukrainiens. Dans l’accord prévu, Washington touchera 50% des revenus de l’extraction future des minerais. Plus encore, les Etats-Unis toucheront un revenu de propriété et d'autres avantages.
Un accord qui pose bien des questions puisqu’on ne connaît pas l’ampleur réelle des réserves minières de l’Ukraine et qu’il vise à ponctionner les ressources de l’Etat agressé.
Oui tout à fait, et il est difficile de chiffrer exactement l’ampleur des ressources exploitables d’autant qu’une partie des mines se trouvent dans des territoires ukrainiens occupés par la Russie. Ce dispositif pose aussi question car il envisage que Washington se rembourse sur l’Ukraine alors que Kiev est dans cette guerre, il peut être utile de le rappeler, l’Etat agressé.
La veille de la venue de Volodymyr Zelensky, hier, des dirigeants américains et russes se rencontraient une nouvelle fois à Istanbul.
Oui, Moscou et Washington continuent leurs discussions entamées le 18 février à Riyad sans que l’on sache exactement sur quoi elles portent. Des discussions qui suscitent de larges inquiétudes à Kiev et en Europe et qui justifient, entre autres, une nouvelle rencontre ce dimanche à Londres qui réunira une douzaine de chefs d’Etats et de gouvernements européens.
On poursuit ce journal à Ankara où l’on a appris la déclaration surprenante d’Abdullah Öcalan, leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK.
Oui, alors qu’on assiste à un nouveau raidissement du régime en Turquie et à de nombreuses arrestations de responsables politiques kurdes, le leader historique du PKK a appelé, ce jeudi, son mouvement à se dissoudre et à déposer les armes.
Le message du leader kurde de 75 ans, emprisonné depuis 26 ans, a été lu devant un grand nombre de journalistes réunis aux côtés de députés kurdes.
Avant cette déclaration devant le grand public, des députés étaient venus discuter avec lui dans l’île-prison d’Imrali proche d’Istanbul dans laquelle il se trouve. Au bout de 3h de discussions, le leader du PKK a livré ce message qui marque un tournant dans le conflit avec le gouvernement turque qui dure depuis près de quatre décennies.
Dans les régions kurdes de Turquie, on a pu assister à des scènes de liesse.
Oui, tout à fait cette annonce a semble-t-il surpris positivement les Kurdes de Turquie mais aussi en Irak et en Syrie où vivent de nombreux Kurdes. Cet appel lancé par Abdullah Öcalan depuis Istanbul pourrait mettre fin à des décennies de violences. Le leader affirme être convaincu que la défense de la cause kurde ne passe plus par les mouvements armés.
Concluons ce journal en Bosnie où le président de la région serbe de ce pays très divisé vient d’être condamné à une lourde peine, ce qui pourrait créer des troubles dans cet état encore très marqué par la guerre.
Oui, Milorad Dodik, président de la région serbe de Bosnie et au pouvoir depuis 2006, a été condamné mercredi en première instance par la Cour d'Etat, à Sarajevo, à une peine d'un an de prison. Il est également condamné à une interdiction d'exercer sa fonction pendant six ans. C’est un véritable coup de tonnerre contre l’homme fort de cette région qui ne cache pas son tropisme russe. Il agite depuis des années des menaces de sécession et dont la réélection avait été entachée de soupçons.
Que lui reproche la justice ?
Milorad Dodik a été reconnu coupable de non-exécution des décisions du haut représentant international Christian Schmidt, chargé de veiller au respect de l'accord de paix de Dayton laborieusement mis en place après la guerre en 1996.Milorad Dodik est aussi visé par des sanctions américaines depuis 2017 du fait de ses actions séparatistes.
Quelles pourraient être les suites de cette décision ?
Le verdict contre M. Dodik qui peut encore faire l’objet d’un appel, a été rejeté et qualifié de "coup d'Etat" par l'assemblée des Serbes de Bosnie lors d’un vote boycotté par l’opposition. Milorad Dodik a déjà affirmé qu’ils ne reconnaissaient pas le verdict et ces nouvelles tensions pourraient amener à un regain des velléités séparatistes, déjà vives, dans la région.L’Union européenne a appelé « tous les acteurs politiques » à « respecter les décisions de justice (…) sans exercer de pression ou d’ingérence ».
Un journal de Gaspard Timmermans, Robin Job et Paul Thorineau.