Qu'il s'agisse des tractations pour la composition des listes, du droit de vote à 16 ans adopté dans certains pays de l'Union européenne (UE) pour cette élection, ou du nombre d'eurodéputés dont disposera chaque pays, cette chronique de Matthieu Maillard vous permettra de suivre de toute les semaine sur euradio l'évolution de la campagne des élections européennes de 2024 au gré de son actualité.
Aujourd’hui
vous nous parlez du parti Les Électeurs libres (Freie
Wähler),
un parti régional de droite originaire de Bavière, qui prévoit
d’utiliser les élections européennes de l’année prochaine
comme un tremplin pour sa future campagne électorale nationale c’est
ça ?
Oui après de récentes victoires dans différents Länder ,qui sont les États fédérés, et au Parlement européen, les Électeurs libres visent désormais le Bundestag c’est-à-dire le parlement fédéral allemand. Et les élections européennes de l’année prochaine serviront de test pour la mise en place d’une infrastructure nationale pour le parti.
Avant les élections nationales de 2025, le parti espère ainsi être représenté dans trois parlements régionaux et au Parlement européen. Cela placerait le parti dans une bonne position pour « enfin franchir la barrière des 5 % » lors des élections nationales, comme l’a expliqué Ulrike Müller (Renew Europe), la première eurodéputée des Électeurs libres, dans un entretien cette semaine sur le média euractiv.
Le parti a-il connu une progression depuis son entrée au Parlement européen en 2014 ?
Oui, on note une forte progression surtout ces dernières années. Alors qu’ils sont entrés au Parlement européen en 2014 et que deux eurodéputés du parti siègent en plénière sous la bannière du groupe libéral Renew, ils ont récemment réussi à gagner des sièges dans plusieurs parlements régionaux et ont même obtenu un résultat historique en Bavière lors des dernières élections régionales en octobre, avec près de 16 % des voix. D’après madame Muller, « Les Électeurs libres sont en train de dépasser leur statut de petit parti régional ». Elle a également soulignée que le parti connaissait actuellement une « augmentation massive du nombre de ses membres ».
Et en plus de la croissance de la base du parti, une plus grande représentation régionale et la campagne électorale européenne contribueront sans aucun doute à améliorer le profil du parti qui pourraient soutenir ensuite la campagne électorale fédérale en vue d’une reconnaissance à l’échelle nationale.
Mais alors de quel parti historique sont-ils le plus proche aujourd’hui ?
Les Électeurs libres sont surtout en concurrence avec le Parti libéral-démocrate (FDP), le membre junior si l’on peut dire de la coalition gouvernementale fédérale du moment visiblement assez affaibli, puisque les Électeurs libres les ont déjà recemment déjà évincé du parlement de Bavière.
Une étude a d’ailleurs révélé que les deux partis courtisent en réalité le même public. Ils s’adressent en effet tous deux à la même catégorie d’électeurs « modérément » déçus par la CDU/CSU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne et Union chrétienne-sociale en Bavière).
Néanmoins, les deux partis travaillent en étroite collaboration au niveau européen et sont représentés dans le même groupe parlementaire européen.
Le parti des Électeurs libres se coordonne avec le FDP pour défendre la position allemande. Mme Müller avait cependant indiqué que, malgré les nombreuses similitudes, le parti se positionnerait différemment du FDP dans de nombreux domaines.
Le programme du parti pour les élections européennes est d’ailleurs en cours d’élaboration et « semble naturellement très différent de celui du FDP » afin de se démarquer encore davantage.
Les prochaines élections, que ce soit au niveau national ou européen, montreront si les deux partis libéraux continueront à coexister comme ils le font au Parlement européen ou si les Électeurs libres entreront dans d’autres parlements nationaux tout en nuisant au FDP, comme cela s’est déjà produit en Bavière.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.