Eurominute d'Euan Walker

Les relations serbo-kosovares - Le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de Vladimir Poutine

Les relations serbo-kosovares - Le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de Vladimir Poutine

Euan Walker est chargé de missions internationales à Mines Paris – PSL et assistant de recherche et d’enseignement à l’ESSEC. Diplômé en histoire et en sciences politiques de Durham University et de la Ruprecht-Karls Universität Heidelberg, il poursuit actuellement un master en économie et politique publique à l'ESCP. Ses analyses sont publiées sur la page Europe Info Hebdo.

Cette semaine, Euan Walker et Laurence Aubron discutent des relations serbo-kosovares, du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de Vladimir Poutine.

Pour en revenir à l'actualité européenne de la semaine, on parle d'une rencontre entre les dirigeants de la Serbie et du Kosovo...

En effet : le samedi 18 mars, le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, et le président serbe, Aleksandar Vucic, se sont rencontrés accompagnés par le diplomate en chef de l'UE, Josep Borrell, dans l'espoir d'aboutir à un nouveau processus de normalisation des relations entre les deux pays. En effet, l'Union européenne s’intéresse particulièrement à Belgrade et Pristina en ce moment afin de prévenir une flambée des tensions à l’Ouest de l’Ukraine.

Les dirigeant·es du Kosovo et de la Serbie ont-ils réussi à apaiser les tensions à la suite de cette réunion ?

Malheureusement, non : Kurti et Vucic n'ont pas réussi à signer un accord visant à normaliser les relations entre leurs deux pays. Alors que le dirigeant serbe affirme que cette rencontre a au moins permis d'instaurer un climat positif pour les futures discussions, le Premier ministre kosovar, M. Kurti, a une nouvelle fois dénoncé la réticence de la Serbie à reconnaître le Kosovo comme État indépendant : il réclame par conséquent à l'UE de mettre en œuvre un mécanisme qui rendrait tout accord futur juridiquement contraignant. Cela sera compliqué, car tous les États membres de l'UE ne reconnaissent pas non plus le Kosovo en tant qu’État.

Toujours dans le domaine du droit international, Poutine a récemment fait l'objet d'un mandat d'arrêt internationalement reconnu...

Oui, le 17 mars, la Cour pénale internationale a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de Vladimir Poutine et de Maria Lvova-Belova dans le cadre de la situation en Ukraine. La Cour estime qu'il y a des motifs raisonnables de croire qu'ils portent la responsabilité du crime de guerre de déportation illégale de population et de celui de transfert illégal de population des zones occupées de l'Ukraine vers la Fédération de Russie, au préjudice d'enfants ukrainien·es.

Quelles seront les ramifications de ce mandat délivré par la Cour pénale internationale ?

Les accusations portées contre Poutine auront des répercussions importantes sur les relations de la Russie avec d'autres pays et sur sa propre politique intérieure. D’abord, cette accusation isole la Russie des 123 États signataires du Statut de Rome, puisqu’ils sont maintenant obligés de l’arrêter s'il se rend sur leur territoire. De plus, les dirigeant·es des pays qui respectent la Cour pénale internationale éviteront probablement toute interaction avec un président inculpé.

Ensuite, cette inculpation signifie qu'il n'y a plus rien à attendre pour les entrepreneur·euss et intellectuel·les russes qui espèraient une réconciliation au moins partielle avec l'Occident après la guerre. Il est aisé de discréditer la CPI en la dépeignant comme une marionnette de l'Occident, mais on peut difficilement imaginer que les États signataires remettent en cause le droit international juste pour rester en de bons termes avec Poutine.

Quant à Maria Lvova-Belova, elle a beaucoup plus de soucis à se faire : la Commissaire russe aux droits de l’enfant ne disposera jamais du même ménagement dont celui peut disposer un chef d’État. Ce qui est dommage, c’est qu’à force de se concentrer sur Poutine, on en oublie l’horreur des trafics d’enfants ukrainien·nes, alors que c’est la première chose à stopper, le plus rapidement possible.

À la semaine prochaine.

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Entretien réalisé par Laurence Aubron.

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English version : 

Serbo-Kosovar relations - The arrest warrant of the International Criminal Court against Vladimir Putin

Interview by Emilie Finck.