Une chronique de Christine Le Brun, Experte Smart Cities & Places chez Onepoint, où nous parlerons de villes, d’outils et de technologies numériques, de données, mais aussi des citoyens et de ceux qui font les villes.
Bonjour Christine, aujourd’hui pour le 2e épisode consacré aux équipements dans la ville, vous avez choisi de nous exposer comme l’arrosage peut devenir intelligent.
Oui Laurence, aujourd’hui nous allons parler de nature en ville ! C’est un peu contre-intuitif dans une chronique où on parle de technologie, mais vous allez voir qu’en fait il n’en est rien. Le point de départ, c’est que la nature et les espaces verts sont un des grands enjeux des collectivités car il sont très liés à la gestion du changement climatique, pour 2 raisons principales.
Le réchauffement climatique et notamment les sécheresses ont un impact sur les arbres et les plantations, qui risquent de manquer d’eau et donc de mourir. Mais en même temps, la ressource en eau se raréfie, il faut donc être très vigilant quant à son utilisation.
Est-ce qu’il faut donc arroser moins pour réserver l’eau à d’autres usages plus essentiels ?
La réponse est non, car la végétation joue un rôle primordial dans la ville. D’abord parce que les effets positifs des espaces verts sur le bien-être et la santé des citoyens ont été largement démontrés et documentés. Mais aussi, et c’est mon 2e point important quant au lien avec le changement climatique, c’est que les arbres et la végétation sont un des moyens les plus efficaces pour lutter contre les effets du changement climatique, notamment les ilots de chaleur urbains.
Peux tu nous rappeler ce que c’est ?
C’est un phénomène d’accumulation de chaleur dans certains endroits de la ville en raison de leur typologie, par exemple les rues étroites bordées de hauts immeubles. Et aussi à cause des matériaux utilisés, notamment l’asphalte sombre qui emmagasine la chaleur et la restitue la nuit, ce qui accentue l’effet des canicules.
Donc, il est essentiel de préserver ces arbres qui contribuent à rendre la ville moins étouffante en été…
Absolument ! Et c’est pour cela qu’il faut arroser intelligemment, c’est-à-dire, donner suffisamment à boire aux arbres, tout en économisant l’eau au maximum.
Et donc il existe des dispositifs qui permettent de concilier les 2 ?
Et bien au début l’arrosage dit intelligent était surtout automatique, ou mécanisé, cad qu’il évitait à un agent de se promener avec son arrosoir, son tuyau, sa citerne à travers la ville, pour arroser les fleurs. On a commencé par installer des goutte à goutte, mais du coup, ça fonctionne tout le temps, même quand il pleut. Ensuite on a mis en place des programmations horaires, pour n’arroser que le matin, ou le soir. Mais de la même manière, s’il pleut toute la journée, l’horloge s’en fiche, et l’arrosage fonctionnera. Il faut donc trouver un moyen de connaitre les besoins réels de la végétation.
Et laissez moi deviner, c’est là que les objets connectés interviennent…
Tout à fait. Dans les parcs, les jardins, ou encore les complexes sportifs qui disposent d’un arrosage automatique, des systèmes plus élaborés peuvent être installés. Ils comprennent des sondes d’humidité disposées dans le sol et reliées à des logiciels qui déterminent en fonction de cette information, quand il est temps d’arroser. Ils agissent ainsi à la demande, comme si l’arbre pouvait vous dire « eh il fait soif par ici ! ». Et cela permet d’éviter les arrosages non nécessaires lorsque l’humidité du sol est suffisante ou trop élevée. Et ils vont même plus loin : ils utilisent en plus les données météo afin de ne pas arroser si une certaine quantité de pluie est annoncée dans les heures qui suivent.
Un système à peu près équivalent peut être mis en place pour les arbres d’alignement ou ceux nécessitant une attention particulière, comme ceux plantés récemment. Là encore on les équipes de capteurs pour connaître la teneur en eau des sols. Grâce à ce suivi hydrique, les arbres sont arrosés au litre près et les tournées d’arrosage sont adaptées pour n’aller que vers les arbres qui en ont besoin. Cela permet non seulement des économies d’eau mais aussi de carburant, et une amélioration de la reprise des arbres plantés.
Plutôt intelligent non ?
Une interview réalisée par Laurence Aubron.