Une chronique de Christine Le Brun, Experte Smart Cities & Places chez Onepoint, où nous parlerons de villes, d’outils et de technologies numériques, de données, mais aussi des citoyens et de ceux qui font les villes.
Bonjour Christine, aujourd’hui pour le 3e épisode consacré aux équipements dans la ville, vous avez choisi de nous parler de quelque chose qu’un connait bien, l’éclairage.
En effet. L’éclairage public fait partie des infrastructures les plus travaillées dans les programmes de ville ou de territoire intelligent. Cela concerne essentiellement les lampadaires. Les feux de signalisation et les panneaux à message variable qui donnent des informations écrites diverses, sont gérés à part.
Mais pouvez-vous nous expliquer en quoi l’éclairage est un sujet prioritaire ?
Tout simplement parce que c’est un poste couteux en énergie, qui représente environ 40% des consommations en électricité des villes. Mais il y a une bonne nouvelle : c’est aussi celui qui est le plus prometteur en termes de retour sur investissement si l’on entreprend de le rénover. C’est exactement la même chose que chez vous et moi : nous avons peu à peu remplacé la plupart de nos ampoules à incandescence par des ampoules ou des éclairages à LED. Et les gains sont significatifs : en termes de consommation mais aussi de longévité.
Mettre en place un éclairage à LED est synonyme, grosso modo, de 70% d’économies d’énergie. Pour une ville qui effectue l’opération sur un ensemble de 5000 lampadaires, cela peut représenter qqs 400k€ d’économies sur 1 an ! De plus, la longévité de ces dispositifs est bien plus importante : donner un chiffre. Cela signifie moins de remplacements d’équipements, donc moins d’interventions de techniciens et des économies en ressources humaines, mais aussi plus de sécurité avec une infrastructure globalement plus fiable.
D’accord. Mais où est l’intelligence là-dedans ? C’est plutôt du bon sens de remplacer une technologie par une autre plus performante, non ?
C’est vrai, mais il y a plus de potentiel encore. Revoir le système d’éclairage permet d’en profiter pour ajouter des capteurs qui vont aider à le piloter en fonction des besoins réels. Les premiers sont les capteurs de luminosité. On mesure la luminosité dans l’espace public et le lampadaire s’allume quand il n’y a plus assez de lumière naturelle. C’est plus performant que la programmation horaire car on n’a plus besoin de se soucier de changer la programmation en fonction des saisons, ou encore du changement d’heure 2 fois par an. Et en plus, en cas de grosses intempéries avec une forte baisse de la luminosité, ça s’allumera aussi, et ça c’est un vrai plus en termes de sécurité routière.
Et je crois savoir que certaines collectivités sont allées encore plus loin pour faire encore plus d’économies. Quels sont ces autres dispositifs ?
En effet. On peut essayer d’aller plus loin. Car éclairer la ville pendant toute la nuit, même en LED, continue à consommer bcp d’énergie, alors que cela ne répond pas toujours à un besoin avéré. Et en plus cela pose d’autres problèmes comme la préservation de la biodiversité. Et oui, les oiseaux aussi ont le droit de dormir !
Les équipementiers ont donc imaginé d’autre dispositifs qui permettent de n’allumer les lampadaires qu’en fonction du besoin. Et qu’est ce que le besoin : c’est éclairer quand une voiture se présente à un carrefour ou un piéton sur un trottoir. On ajoute donc des capteurs de présence qui détectent les mouvements. Quand cela arrive, le lampadaire s’allume automatiquement, et même uin peu en avance, avec une temporisation pour l’éteindre après quelques minutes. Ainsi, cela permet de couper l’éclairage aux heures très creuses, tout en autorisant qu’il se rallume automatiquement à la demande. Sans même avoir besoin de demander en fait…
Mais ce n’est pas forcément rassurant pour les citoyens de ne pas avoir du tout d’éclairage, même quand on sait que cela va se rallumer en fonction du besoin.
C’est vrai. Il y a des contestations dans certaines villes ou du moins dans certains quartiers. Mais certains dispositifs permettent de proposer des compromis. Encore une fois c’est comme chez vous, vous avez peut être certains points lumineux sur variateurs, ce n’est pas seulement on/off. Les LED permettent cette flexibilité, et bien sur, plus on réduit l’intensité, plus on diminue la consommation. Il est donc tout à fait facile de faire la même chose avec l’éclairage public : diminuer l’intensité à certaines heures, sans plonger la rue complètement dans le noir, et coupler cela avec les capteurs de présence pour revenir à un éclairage plus fort si piétons ou voitures se présentent.
Une interview réalisée par Laurence Aubron.