Retrouvez chaque semaine l'édito de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...
En fait, je suis resté un peu sur ma faim, alors même que la semaine ne manquait pas de réunions ministérielles – mais voilà, il en est sorti peu de décisions définitives. C’est d’ailleurs un peu la règle en fin d’année (et donc de présidence semestrielle tournante), où l’on tente de mettre les bouchées doubles dans l’espoir, souvent déçu, de forcer le sort.
Mais vous en avez tout de même retenu quelque chose de la semaine écoulée ?...
Bien sûr. J’ai parcouru (par exemple) le rapport annuel 2022 de la Médiatrice de l’Union européenne, l’ancienne journaliste irlandaise Emily O’REILLY. Ses services ont été saisis par plus de 16.000 citoyens de l’UE, dont la plupart ont trouvé la réponse à leurs interrogations grâce au logiciel interactif d’accès libre. Un millier de demandes ont fait l’objet de renseignements plus personnalisés, et 2.238 plaintes ont été enregistrées et traitées. Cela a d’ailleurs valu à la Médiatrice les félicitations unanimes de la Commission des Pétitions du Parlement européen.
Toujours au rayon des congratulations, le Prix du Livre européen (17e du nom) a été décerné cette année à l’auteur autrichien Robert MENASSE pour son second ouvrage de fiction consacré aux rouages institutionnels de l’UE, intitulé dans la version française L’Élargissement. Les europhiles avertis se souviendront du titre précédent, La Capitale.
Enfin, une pensée pour la Banque centrale européenne, dont le relèvement des taux d’intérêt aura entraîné une baisse des prix à la consommation, notamment pour ce qui est de l’énergie et des produits alimentaires. De ce fait, le taux d’inflation européen est le plus bas depuis deux ans.
Et vous avez découvert une information qui intéressera certainement les personnes handicapées, QD
Le travail de révision et d’extension des droits liés à la carte d’identité européenne de handicapé avance à grands pas, notamment en matière de mobilité et de stationnement.
On apprécie généralement mal le nombre réel de nos concitoyens victimes d’un handicap ; or, ils sont 101 millions dans l’UE, c’est-à-dire une personne sur quatre parmi les seize ans et plus. Plus de la moitié des plus de soixante-cinq ans sont identifiés comme handicapés, une proportion qui frappe davantage les femmes que les hommes. Enfin, et pour des raisons que les experts n’ont pas pu m’expliquer, le pourcentage le plus élevé de handicapés par rapport à la population générale se trouve en Lettonie, alors que le plus bas se situe à Malte.
D’ici la fin de l’année prochaine, les principaux postes à la tête des institutions européennes seront à pourvoir, et les ambitions s’affichent déjà…
…elles s’affichent en effet, et en un nombre d’impétrants tel qu’il serait fastidieux de les énumérer tous ici – mais prenons par exemple le cas de la présidence de la Banque européenne d’Investissement, la BEI, colossal bras armé financier de l’UE.
Ce poste semblait, il y a un an encore, être tout destiné à Margrethe VESTAGER, Commissaire européenne à la Concurrence ; mais voilà, l’étoile de notre énergique Danoise a considérablement pâli depuis quelques revers, dont l’idée proprement surréaliste de vouloir nommer une Américaine au poste hyper-stratégique d’Économiste-en-chef de la Commission européenne. Du coup, les chances de ses concurrents remontent. On dénombre pêle-mêle un Suédois, une Polonaise, un Italien, et une Espagnole. Cette dernière, Nadia CALVIÑ0, paraît actuellement se dégager du lot ; ancienne haut-fonctionnaire à la Commission européenne, où elle exerçait les fonctions de Directrice générale des Budgets, elle est depuis cinq ans Ministre espagnole des Finances. On rappellera qu’elle fut la candidate malchanceuse à la présidence de la Banque centrale européenne, et qu’elle a donc une revanche à prendre.
Et puisqu’on parle de la BEI, sachez que l’actuel président, l’Allemand Werner HOYER, était ces jours derniers à KIEV pour y présenter le fonds spécial de financement de la reconstruction, post-guerre, de l’Ukraine.
Un dernier mot, QD ?
Pour évoquer la réouverture inattendue des hostilités entre le Royaume-Uni et la Grèce sur l’éventuelle restitution des frises du Parthénon, volées (selon ATHÈNES) ou sauvées (selon LONDRES) par le VIIe Comte d’ELGIN, Ambassadeur de Grande-Bretagne en Grèce, et qui sont exposées au British Museum depuis 1802.
Le dossier ressurgit périodiquement depuis lors, et a entraîné il y a quelques jours le départ précipité du Premier ministre grec, très fâché, alors qu’il était en déplacement dans la capitale britannique.
Pour les Britanniques, si tous les musées du monde devaient renvoyer leurs collections dans leur pays d’origine, il n’y aurait plus rien à exposer et seuls subsisteraient les musées d’intérêt local. Perpétuel et passionnant débat, que nous ne prétendrons pas trancher ici aujourd’hui.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.