Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- La mission européenne Aspides, qui vise à protéger les voies maritimes contre les attaques houthies en mer Rouge
- Le premier bilan par la Commission européenne de NextGenerationEU, le grand plan de relance post-Covid mis en place par l’UE, il y a trois ans
- Le rapport du Conseil de l'Europe qui dénonce les risques grandissants auxquels font face ceux qui veulent aider les demandeurs d'asile en Europe
Ouvrons ce journal en évoquant le lancement de la mission européenne Aspides, qui vise à protéger les voies maritimes contre les attaques houthies en mer Rouge.
Oui, le lundi 19 février, l’Union européenne a officiellement lancé la mission navale "Aspides" avec un objectif : protéger les navires commerciaux contre les attaques des rebelles houthis soutenus par l'Iran en mer Rouge. La mission, baptisée d'après le mot grec signifiant "bouclier", vise à garantir la liberté de navigation dans la région, particulièrement touchée par l'instabilité depuis octobre dernier.
Depuis plusieurs mois, les rebelles houthis ont ciblé les navires empruntant la voie d'eau en utilisant des drones et des roquettes, menaçant ainsi le flux commercial mondial.
Oui et la situation s'est récemment détériorée, créant un besoin urgent d'intervention pour protéger les intérêts européens. La France, l'Allemagne, l'Italie et la Belgique ont confirmé leur engagement en fournissant des navires pour la mission. La Grèce, quant à elle, jouera un rôle crucial en fournissant un commandant pour le quartier général opérationnel.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a souligné sur les médias sociaux que la mission Aspides n'était pas simplement une réponse à une crise, mais une étape vers une présence maritime européenne plus robuste pour protéger les intérêts européens dans la région.
La mission se veut strictement "défensive", avec un mandat exclusivement protecteur. Elle n'interviendra qu'en cas de menace, utilisant un minimum de force nécessaire pour assurer la sécurité des voies navigables en mer Rouge et dans le golfe d'Aden.
La mission Aspides intervient après une période de répit des attaques houthies, qui avaient atteint leur point culminant en janvier de cette année.
Oui, ces derniers jours ont toutefois vu une reprise des activités des Houthis, marquée par l'attaque d'un navire battant pavillon bélizien le lundi 19 février. L'impact économique des attaques houthies sur les flux commerciaux est significatif, incitant de nombreuses grandes compagnies maritimes à éviter la région et à opter pour le détour par le cap de Bonne-Espérance. Cet itinéraire ajoute jusqu'à un mois de temps de voyage, accentuant les inquiétudes quant à une possible hausse des prix de l'énergie en Europe.
Poursuivons ce tour de l’actualité en évoquant le premier bilan par la Commission européenne de NextGenerationEU, le grand plan de relance post-Covid mis en place par l’UE, il y a trois ans.
Oui, ce plan avait été adopté en juillet 2020 en réponse à la crise économique liée à la pandémie de Covid-19. Il visait à en atténuer les conséquences sociales et économiques et à permettre aux États membres d'investir pour écologie et dans le numérique.
La Commission s’est notamment félicitée, grâce aux investissements mis en place dans le cadre de ce plan, d’avoir couvert les besoins énergétiques européens tout en économisant l’équivalent de 28 millions de mégawattheure. Elle explique également que 9 millions d’européens sont mieux protégés aujourd’hui face à de potentielles catastrophes naturelles.
Jusqu'à présent 225 milliards d'euros du plan de relance ont été débloqués sur une enveloppe totale prévue de 800 milliards.
Les commissaires Valdis Dombrovkis et Paolo Gentiloni ajoutent que 100 milliards supplémentaires seront débloqués cette année. Selon eux, ces subventions massives ont joué un rôle crucial pour pousser les européens à investir malgré la crise. Les investissements dans l’UE passant de 3 % du PIB en 2019 à 3,5 % en 2025.
Paolo Gentiloni insiste sur le rôle atténuant de ce plan face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. La Commission estime même que d'ici 2026, le PIB de l'UE pourrait être supérieur à 1,6 % grâce à ces mesures.
La guerre en Ukraine a toutefois engendré des retards, obligeant les plans nationaux à être revus, notamment en faveur d’investissements dans le secteur énergétique.
Aujourd'hui, l'UE est confrontée au défi de dépenser les fonds restants avant la date butoir de 2026. Valdis Dombrovskis souligne que changer cette échéance nécessiterait un accord unanime des États membres et une ratification par la grande majorité des parlements nationaux. Il préconise donc plutôt d’utiliser les fonds restants pour financer de nouveaux objectifs communs.
Terminons ce journal en évoquant le rapport du Conseil de l'Europe qui dénonce les risques grandissants auxquels font face ceux qui veulent aider les demandeurs d'asile en Europe.
Oui, la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, a vivement critiqué la "répression" exercée envers les ONG et les individus engagés dans la défense des droits des migrants. Dans une recommandation publiée jeudi 22 février, elle a appelé les États membres à mettre fin à cette tendance qu’elle juge alarmante, soulignant une "tendance croissante à harceler, à intimider, et à considérer comme des délinquants, les personnes et les groupes qui aident les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants".
Le rapport publié jeudi exhorte instamment les États membres du Conseil de l'Europe à prendre des mesures concrètes pour inverser cette tendance à la répression.
Dunja Mijatovic appelle à une réforme des lois, politiques et pratiques qui entravent les activités des défenseurs des droits humains. Elle souligne la nécessité de veiller à ce que les lois relatives au trafic illicite de migrants n'incriminent pas les défenseurs des droits humains apportant leur aide aux réfugiés.
La commissaire met également en garde contre les discours stigmatisants tenus par les représentants gouvernementaux et les élus.
Oui et elle appelle à la fin des mesures de surveillance visant à intimider les défenseurs des droits humains et à perturber leur travail. En outre, elle insiste sur l'importance de permettre aux défenseurs des droits humains d'accéder aux lieux où ils peuvent rencontrer et aider des réfugiés.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.