Les éclaireurs du voyage

Voyage à Chichicastenango

Photo de mana5280 sur Unsplash Voyage à Chichicastenango
Photo de mana5280 sur Unsplash

Toutes les semaines, Stéphanie Taupin et Fabien Hée vous emmènent à la découverte de l'Europe... et plus si affinité ! Les cofondateurs de l'agence Les Éclaireurs Du Voyage ramènent de leurs repérages sur le terrain, souvenirs de rencontres, trouvailles insolites et conseils pour vos prochains voyages. Un regard parfois amusé, toujours sincère, sur ces destinations qui nous entourent et nous en font voir de toutes les couleurs.

Stéphanie Taupin, vous êtes cofondatrice de l’agence Les Eclaireurs Du Voyage et aujourd'hui vous nous emmenez en Amérique Centrale, et plus précisément au Guatemala pour une belle fête , c’est ça ?

Et oui, la Feria Titular commence demain à Chichicastenango ! 

Et comme souvent en Amérique latine, ça ne dure pas qu’un seul jour… Donc Chichicastenango s’apprête à être en fête pendant 10 jours.

Alors, pour vous mettre dans le contexte, Chichicastenango, c’est un village Maya Quiché. Et cette fête est celle du village, et de son Saint protecteur, Santo Tomas Apostol.

Si je vous dis que l’église a été construite juste là où était érigé un site maya sacré avant l’arrivée des colons espagnols… et qu’on y a retrouvé le Popol Vuh, sorte de bible écrite en Quiché et expliquant la création du monde… 

Vous ne vous étonnerez pas du syncrétisme religieux du lieu !

Racontez-nous, comment se déroule cette fête ?

Comme toujours à Chichicastenango, les marches de l’église sont le centre névralgique de l’activité. 

C’est là que vont passer bien sûr des cortèges religieux, avec la statue de Santo Tomas portée bien en hauteur, mais c’est aussi là que vont avoir lieux nombre de danses.

On assiste au Baile del caballito Tzijolaj, où les hommes en costumes traditionnels se relaient pour faire danser le petit cheval de bois qu’ils portent sur l’épaule, à grand renfort de tambours. 

Plus impressionnante, la danse du palo volador, entendez par là le mât volant. Un arbre est sacrifié et son tronc planté devant l’église, et deux hommes vont y monter et se laisser voler en bout de cordes et en même temps. C’est une scène qui fait référence à la lutte de frères mayas évoquées dans le Popol Vuh.

Et puis, très très colorée, la danse du Petit Taureau ! Les hommes masqués,  en costumes de perles et avec d’incroyables plumes sur la tête, vont se lancer une dance qui peut durer jusqu’à 8 heures… L’histoire est celle du monde de l’élevage bovin après l’arrivée des conquistadors, et une certaine satire de la corrida importée par les colons. 

Donc pour vous résumer tout cela Laurence, Chichi  comme on l’appelle affectueusement, pendant la feria, est bruyante, festive, fervente, et si possible encore plus colorée qu’à l’habitude !

Stéphanie, comment est Chichi le reste de l’année, intéressante tout de même ?

Ah oui, complètement ! C’est un peu le centre vivant de la région. 

Deux fois par semaine, le grand marché à ciel ouvert s’étale au centre du village, face à l’éqlise. Les communautés viennent de parfois très loin vendre  

leurs poteries, des tissus plus colorés les uns que les autres. Vous verrez parfois des femmes installées à même le sol dans le fond de leur petit stand, en train de broder des soleils ou des oiseaux. Et puis on y trouve aussi tous les objets de la vie quotidienne. 

Et juste en face je vous le disais, il y a l’église, où catholicisme et croyances mayas se mêlent. 

Sur les 18 marches de l’église (qui correspondent au passage au 18 mois du calendrier maya), c’est toute une vie qui s’organise, avec les femmes en tenue traditionnelle noire brodée, qu’on appelle le huipil.

Les gens font brûler de l’encens, négocient le prix des semences, vendent ou achètent des fleurs… Asseyez-vous sur une marche sur le côté, un moment, c’est assez captivant.

Et justement, pour s’immerger un peu plus dans la vie du village, d’autres lieux à nous recommander ?

Oui, tout près du marché à ciel ouvert et qui est assez touristique aussi, c’est vrai, il y a le marché couvert de Santo Tomas, qui sert aussi bien aux parties de ballon certains jours qu’au marché de fruits et légumes. 

Allez-y de bon matin, c’est une plongée dans la vie maya... Vous n’y entendrez pas beaucoup l’espagnol, sauf pour vous répondre, ici on parle la langue cakchiquel. 

Et puis tous les produits sont frais, bio sans en avoir l’étiquette, et plus utiles quand on est voyageur que les nombreuses bougies proposées !

L’autre lieu que vous pouvez découvrir, avec le plus grand respect, c’est le cimetière. 

Toutes les tombes sont peintes de couleurs très vives, et ici comme dans le reste du village, catholicisme et croyances mayas se mêlent. Le rapport à la vie et à la mort n’a rien à voir avec celui qu’on connaît chez nous, il n’y a pas de séparation brutale ; d’où le relatif luxe des tombes en comparaison des maisons parfois.

Stéphanie Taupin, une dernière question : Quand y aller ? 

Globalement Laurence, la saison sèche s’étale de novembre à avril, c’est donc la période la plus favorable. 

Cela dit, juillet-août connaissent une certaine accalmie au niveau des pluies, et si vous êtes partante pour un peu de chaleur, c’est aussi envisageable !

Un entretien réalisé par Laurence Aubron. 

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