Avec sa chronique Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire, Juliette Raynaud explore "les silences de l'Histoire" (Michelle Perrot) et nous invite à (re)découvrir notre matrimoine oublié, une histoire après l'autre...
Vous connaissez Hypatie ?
Grande figure de la science et de la philosophie antiques, elle est la première scientifique dont l’existence est attestée.
Hypatie naît en Égypte vers 360. Elle est la fille du mathématicien Théon d’Alexandrie. On ignore qui est sa mère.
Dès son plus jeune âge, elle développe un intérêt pour les sciences et la philosophie. Philosophe, mathématicienne, astronome et enseignante influente dans l’Alexandrie des IVe et Ve siècles, elle est une des premières femmes de l'histoire des sciences.
Commentatrice de textes majeurs tels que les Arithmétiques de Diophante d'Alexandrie, elle est la cheffe de file de l’école néoplatonicienne d’Alexandrie. Elle étudie les nombreux manuscrits, dont certains uniques au monde, qui font la gloire de la bibliothèque d’Alexandrie.
Femme de lettres, elle travaille notamment sur les écrits de Ptolémée.
Enseignante, elle participe activement à la diffusion des sciences.
Philosophe, elle a une grande influence politique dans sa cité. On ne connaît quasiment rien de sa philosophie mais on sait qu’elle portait le grand manteau propre aux philosophes grâce à de nombreux témoignages antiques.
Astronome, elle fabrique des instruments scientifiques. Elle met notamment au point l’astrolabe planisphérique, qui permet de calculer sa position géographique par rapport aux étoiles, particulièrement utile aux marins.
Avec ses expériences, elle entrevoit l’orbite elliptique des « planètes errantes » (qui sera confirmé 1200 ans plus tard, ouvrant une nouvelle ère en astronomie dans laquelle les mouvements des planètes peuvent être prédits).
Elle ne s’est jamais mariée et consacra sa vie à la connaissance et à sa transmission.
Elle fut assassinée d’une manière horrible par des fanatiques chrétiens en 415. (Cyrille d’Alexandrie, le nouvel évêque de la ville, veut imposer la foi chrétienne. Oreste, préfet de l’Empire, dont Hypatie est proche, résiste. Hypatie représente tout ce que déteste le nouvel évêque : une femme de science, philosophe, non mariée. Cyrille invoque la Bible pour la déclarer hors de la loi de Dieu. Après la mort de l’intellectuelle, il est déclaré « saint et docteur » de l’Église.)
Figure de victime des superstitions pour Voltaire, elle est pour d’autres une icône féministe (femme scientifique et philosophe non mariée = sorcière). Elle est aussi un sujet récurrent dans les arts : peinture, BD, cinéma…
Elle serait la femme vêtue de blanc dans le célèbre tableau de Raphaël « L’école d’Athènes ».
Les expériences sur la gravité réalisées par Galilée dans la Tour de Pise à la fin du XVIe siècle avaient déjà été conçues et partiellement réalisées par Hypatie.