Le Journal des 27

Le Journal Des 27 - Mardi 5 avril

Le Journal Des 27 - Mardi 5 avril

Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres. 

La semaine dernière, la présidence française du conseil de l’Union européenne terminait son premier trimestre, l'occasion pour nous de dresser un premier bilan.


Oui, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a présenté le 30 mars dernier le bilan à mi-parcours de la présidence française de l’UE. L’occasion pour Jean-Yves Le Drian de rappeler les objectifs de la PFUE sous forme d’un slogan : “relance, puissance, appartenance”. Pour rappel, l’Etat membre qui occupe la présidence du conseil de l'UE assure la coordination du travail des 27, et en profite dès lors pour mettre à l’ordre du jour les priorités de son propre agenda.  


Mercredi 30 mars,  le ministre Jean Yves Le Drian  a donc tenu à rappeler les temps forts de la présidence, notamment en matière de politique commerciale  de l’Union.


La présidence française s’est félicitée de l’accord en matière d’accès réciproque au marché européen, conclu le 14 mars dernier après 10 ans de négociations entre les 27. Cet instrument garantit des conditions de concurrence équitable entre les entreprises européennes et étrangères, quant à l'accès aux marchés publics européens. Un accord qui doit pousser la Chine et les Etats-Unis à ouvrir davantage leur marché intérieur aux entreprises européennes, s'ils souhaitent continuer à avoir accès aux appels d'offres de l’Union. 


Autre priorité de la présidence : la politique numérique de l’UE. Et là aussi, un accord inédit a été poussé par la France.


Effectivement, le 24 mars dernier, la législation sur les marchés numériques, le “Digital Markets Act” a été approuvée par le Conseil, la Commission et le Parlement européen. Un texte novateur,  qui s’attelle à réguler le monopole des GAFAM sur le net. Il vise à combattre certaines pratiques anticoncurrentielles d’entreprises comme Google ou Amazon. Au programme notamment, l'interopérabilité des services de messagerie. Ce qui signifie que les utilisateurs pourront envoyer des messages et passer des appels à partir d’applications comme Whatsapp vers des services comme Signal et Telegram.


Malgré les priorités affichées par la présidence française, l’irruption au deuxième mois de son mandat de la guerre en Ukraine est venue chambouler certaines de ses ambitions.


Oui, au moment de prendre la tête de la présidence du Conseil, Emmanuel Macron avait affiché son souhait de construire, selon ses mots, une “Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine [et] libre de ses choix”. Une déclaration qui a brutalement trouvé toute son actualité avec l’invasion russe en Ukraine au mois de février. Le conflit a notamment donné un nouvel élan au projet de boussole stratégique de l’UE. Un cheval de bataille du président français qui est parvenu à l’adoption du tout premier “livre blanc” de la défense européenne par le 27 Etats Membres.


Jean-Yves le Drian a également rappelé le rôle de soutien qu’à joué la présidence française au moment de  l’invasion du territoire ukrainien par la Russie.


En effet, la PFUE, aux côtés de la Commission européenne et du Parlement européen, s’est mobilisée dans l’adoption de quatre trains de  sanctions à l’encontre de la Russie. Au premier rang desquels, le gel dans l’UE des  avoirs des oligarques russes proches du pouvoir, et l’exclusion de sept banques russes du système SWIFT. Hasard du calendrier, la dernière présidence française de 2008 avait déjà été marquée par l’invasion d’une ancienne république soviétique, en Ossétie du Sud et Abkhazie. Un conflit lors duquel l’armée russe était intervenue sur le territoire géorgien, dont font partie les deux régions séparatistes.


Gros points noir pourtant, ceux de l’éducation et de l’écologie. Des sujets de la présidence largement mis de côté suite à la guerre en Ukraine.

Oui, pourtant, la présidence française coïncide également avec la publication du dernier rapport du GIEC le 28 février dernier. Le groupe d’experts mandaté par l’ONU constate que les effets du réchauffement climatique se sont généralisés et sont devenus en grande partie irréversibles. Selon ces derniers, la moitié de l’humanité vit désormais dans un contexte hautement vulnérable aux changements climatiques, et il est désormais impossible de limiter le réchauffement climatique à seulement 1,5 degrés, comme le préconisent les accords de Paris. 

Publié peu de temps après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le rapport du GIEC a suscité peu de réactions de la part des gouvernements européens. Une occasion manquée pour certains, qui voient en cette guerre le moment pour l’Europe de construire une réelle autonomie énergétique.


Tout à fait, car la guerre qui fait encore rage en Ukraine se joue également sur fond de crise énergétique. Pour rappel, la Russie fournit environ 40% du gaz de l’Europe. Un état de dépendance qui a mené le président américain Joe Biden à proposer aux Vingt-Sept de leur fournir l’équivalent de 10% du gaz qu’ils importent de la Russie. De son côté, la Commission européenne a publié un plan d’action, REPowerEU, destiné à diversifier l’approvisionnement en gaz de l’UE.


Autre temps fort à venir de la PFUE : l’élection présidentielle en France, qui pourrait rebattre les cartes des priorités au sein du Conseil de l’UE.

Effectivement, dimanche 10 avril se tient le premier tour de la présidentielle française. Une élection au résultat encore incertain et qui pourrait affecter le deuxième trimestre de la présidence française. Même si les potentiels nouveaux ministres, en poste à partir du mois de mai, n’auront que peu de marge de manœuvre pour infléchir le déroulé des réunions et conseils organisés par la Présidence française qui, rappelons-le, se termine au mois de juin prochain.

Juliane Barboni - Laura Léger