Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
Aujourd’hui débutons le journal en nous intéressant au discours qu’Emmanuel Macron a prononcé devant le Parlement européen à Strasbourg. L’occasion de présenter aux eurodéputés son ambition pour l’avenir de l’Union européenne. Alors que retenir de ces annonces ?
Oui mercredi dernier le chef de l’exécutif français s’est exprimé dans l’hémicycle de Strasbourg. Dans un discours d’une trentaine de minutes pour marquer le lancement de la présidence française de l’Union européenne, il a indiqué son souhait de promouvoir les valeurs européennes tout au long du mandat français. Il a d’emblée rappelé l’importance de l’Etat de droit, soulignant la nécessité de “re-convaincre les peuples qui s’en sont éloignés”. Une référence à peine voilée aux provocations régulières de la Pologne et de la Hongrie à l’encontre de Bruxelles dans ces domaines.
Il s’est également exprimé en faveur de l’élargissement de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Effectivement, la charte proclamée en 2000 par l’exécutif européen, consacre l’ensemble des droits civiques, politiques, économiques et sociaux, des citoyens européens. Un texte juridiquement contraignant et donc supérieur aux lois nationales des Etats membres. Lors de son discours Emmanuel Macron a indiqué vouloir l’actualiser pour y rendre explicite la protection de l’environnement ou encore la reconnaissance du droit à l’avortement. Une proposition qui intervient au lendemain de l’élection de Roberta Metsola à la tête du Parlement. Cette dernière est originaire de Malte où l’avortement est encore totalement illégal, et est connue pour ses positions controversées à l'égard de l’IVG.
Le président français a essuyé de nombreuses critiques de la part des eurodéputés français,
Effectivement, des critiques venant notamment des extrêmes de droite comme de gauche. L’eurodéputé du Groupe Identité et Démocratie, Jordan Bardella, a reproché au président français d’avoir “fait de l’Europe l’arrière-cour de Washington, la proie de Pékin, l’hôtel de l’Afrique”. De son côté, le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot s’est également exprimé à son sujet, accusant Emmanuel Macron de "sacrifier [...] l’ambition climatique de l’Europe”, et de représenter “l[a] présiden[ce] de l'inaction climatique.”
Emmanuel Macron s’est également attiré les foudres des journalistes européens.
En effet Romain, à la suite de son allocution face aux eurodéputés, le président français accompagné de Roberta Metsola, avait annoncé la tenue d’une conférence de presse, qui s'est finalement avérée n'être qu'une simple déclaration. Une déception pour l’ensemble des journalistes présents, qui espéraient interroger le président sur son discours et le mandat de la France à la tête de l’UE.
Continuons ce journal en nous intéressant aux réunions de travail organisées par la présidence française. Du 20 au 22 janvier, un cycle de réunions informelles s’est tenu à Amiens et réunit les ministres de l’Environnement et de l'Energie des Etats membres.
Oui Romain, la protection des milieux naturels et l’amélioration de la santé humaine ont été au cœur des discussions des ministres chargés de l’Environnement. En effet, dans sa stratégie “de la ferme à la table”, l’Union européenne s’est donnée pour objectif de réduire de 50% l’utilisation de pesticides chimiques d’ici 2030. Les échanges ont porté notamment sur la manière d’uniformiser les bonnes pratiques au sein des Etats membres, concernant la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.
Autre thème abordé par les ministres européens : la lutte contre la déforestation importée. De quoi s’agit-il Juliane ?
Le terme de “déforestation importée” désigne l’importation de matières premières ou de produits transformés dont la production a contribué à la déforestation ou à la dégradation d’écosystèmes en dehors du territoire national. En novembre de l’année dernière la Commission européenne à proposé un règlement pour éviter que ce type de produits entrent sur le marché européen.
Enfin la question énergétique a occupé une grande partie des discussions. En effet, le continent européen est confronté depuis plusieurs mois à une hausse sans précédent des prix du gaz et de l'électricité. Quelles solutions peuvent-être apportées au niveau européen ?
Les ministres de l’énergie s'entretiennent notamment au sujet du concept de “primauté de l’efficacité énergétique”. Concrètement, l'objectif est de réduire la consommation et le gaspillage d’énergie au niveau national. Pour ce faire, ce dernier doit être soutenu et inséré au cœur du reste des politiques publiques.
Terminons cette édition du Journal des 27 en évoquant cette fois une conférence. Cette dernière, organisée le 19 janvier dernier, portait sur les enjeux liés aux nouvelles règles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Un travail qui s’inscrit dans la suite de la présidence slovène du Conseil de l’UE, qui a précédé celle de la France.
Oui Romain, les négociations autour de ce paquet législatif présenté par la Commission européenne en juillet 2021, ont commencé en septembre dernier au moment de la présidence slovène. La France prend donc le relais sur ce dossier qui a pour ambition une refonte complète du cadre européen en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.
Que prévoient ces nouvelles réglementations ?
Eh bien tout d'abord, l'UE espère créer une nouvelle agence européenne de supervision pour mieux lutter contre le blanchiment d’argent au niveau transnational. De plus, le démantèlement de réseaux criminels passe par la coopération des services d’enquêtes spécialisés et des autorités judiciaires. Dans ce cadre, la coopération entre les Etats membres à ce sujet doit être améliorée afin de mieux protéger les citoyens européens.
Une nouvelle menace a fait son arrivée, c’est la cryptomonnaie et le développement de nouveaux flux financiers très discrets.
Effectivement, l’essor des crypto-actifs comme le bitcoin ou l’ethereum par exemple, pose problème au niveau de la transparence des bénéficiaires responsables de ces flux financiers numériques et potentiellement criminels. Olivier Dussopt, ministre français délégué chargé des Comptes publics, considère que l’UE nécessite “une réglementation européenne plus exigeante” à ce sujet.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis