Bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents Etats-membres.
La semaine dernière, Emmanuel Macron s’est rendu à Bruxelles du 23 au 24 mars dans le cadre du Conseil européen pour discuter de l’agression militaire russe contre l’Ukraine et de ses conséquences sur le continent européen. Mais qu’est-ce qu’un Conseil européen Juliane ?
À ne pas confondre avec le Conseil de l’Union européenne, présidé jusqu’à juin par la France, le Conseil européen est un sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE qui se réunit en principe six fois par an, à Bruxelles. Présidées par l’ancien premier ministre belge Charles Michel, ces rencontres permettent d’évoquer les priorités des politiques européennes et de fixer les orientations générales pour l’avenir de l’Union. La semaine dernière, la question de l’Ukraine était bien évidemment à l’ordre du jour, mais aussi celles de l'énergie, de l’économie, ou de la covid-19.
Invité au sommet, le président américain Joe Biden était présent à Bruxelles.
Oui, combinant réunion de l’OTAN, G7 et conseil européen, cette visite du président des États-Unis, avait pour objectif d’intensifier les sanctions contre la Russie, selon la Secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasienne, Karen Donfried. Les dirigeants européens ont en effet entamé des discussions approfondies pour constituer un nouveau train de sanctions, ou plutôt améliorer celles déjà en place.
Pas de nouvelles sanctions annoncées mais “des failles à combler” selon le chancelier allemand Olaf Scholz.
En effet, les leaders des pays présents aux réunions ont bien évidemment réitéré leur condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, sans pour autant s’entendre sur de nouvelles sanctions. Olaf Scholz, président du G7, a déclaré vouloir se concentrer sur une “mise en œuvre sans failles des sanctions”, en empêchant la Banque centrale russe d’utiliser ses réserves d’or pour stabiliser le rouble, ou encore en incitant d’autres pays à imposer des sanctions similaires, par exemple. Emmanuel Macron, à la tête de la présidence du Conseil de l’Union européenne, a déclaré quant à lui vouloir intensifier les efforts pour éviter toute escalade de tension, en continuant à fournir des armes défensives et létales à l’Ukraine.
Continuons ce journal en évoquant la “boussole stratégique” européenne, soumise à l’approbation des leaders européens en fin de semaine dernière.
Effectivement, le grand projet européen de la boussole stratégique, porté en partie par la présidence française du Conseil de l’Union européenne, a été adopté jeudi dernier lors du Conseil européen. Ce tout premier livre blanc de la défense européenne est le fruit de deux ans de travaux et fixe un cap clair aux ministres des Affaires étrangères et de la Défense européens pour les dix prochaines années.
Réécrit pour prendre en compte l’invasion russe en Ukraine, le texte insiste sur la notion de “défense mutuelle” des États membres, et la mise en commun des capacités dans l’union européenne.
Oui, le texte de la boussole stratégique a connu de nombreuses réécritures, notamment ces dernières semaines après le début de la guerre en Ukraine. Le “livre blanc” de la défense européenne a pris en compte l’agression de Moscou, rendant nécessaire l’amélioration de la mobilité des troupes et du matériel au sein même de l’Union. On y trouve, entre autres, des mesures telles que le développement et l'acquisition en commun d’armes, l’amélioration de la coopération en matière de politique de sécurité et la création d’une entité militaire commune de 5000 hommes appelée “capacité de déploiement rapide”. Considéré pour beaucoup comme un premier pas vers l’Europe de la Défense, le projet défendu par la présidente de la Commission Ursula Von Der Leyen, se concentre pour l’instant, et d’après le texte, sur des missions d’urgence, comme des évacuations par exemple.
Terminons ce journal en nous intéressant au premier Forum humanitaire européen, co-organisé par la France et la Commission européenne, qui s’est tenu du 21 au 23 mars dernier à Bruxelles. Ce Forum avait pour objectif de mobiliser l’Union européenne et les ONG présentes, sur les principaux défis humanitaires du moment. Quels étaient les sujets à l’ordre du jour ?
Eh bien, ce tout premier forum qui a réuni responsables politiques, partenaires humanitaires et organisations de la société civile avait pour but d’établir une “perspective européenne sur les défis humanitaires”, selon les mots de la Présidence française. En effet, les besoins humanitaires ont atteint un niveau historique, sous l’effet des conflits armés, des conséquences du changement climatique et des effets socio-économiques de la pandémie de la Covid-19.
La situation humanitaire en Ukraine a également mobilisé une grande partie des discussions.
Tout à fait. Lors de l’ouverture du Forum, le président Emmanuel Macron s’est notamment exprimé sur l’usage illégal d’armes par la Russie. “Le droit international est bafoué, les infrastructures civiles sont bombardées, des armes explosives sont utilisées dans des zones densément peuplées, et les travailleurs humanitaires sont pris pour cible", a-t-il déclaré le 21 mars dernier.
Autre sujet de discussion, les effets du changement climatique sur les crises humanitaires présentes et à venir.
Oui, les participants ont reconnu la nécessité de prendre en compte le réchauffement climatique comme facteur déterminant des crises humanitaires. Selon le dernier rapport du GIEC, les conséquences du réchauffement climatique contribuent largement aux crises humanitaires et provoquent de plus en plus de déplacements de population, notamment pour les Etats insulaires. Selon les scientifiques, entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent actuellement dans des contextes hautement vulnérables aux changements climatiques.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis