La série "les livres qui changent le cours d'histoire" sur euradio propose aux enseignant·es une courte présentation d'ouvrages de recherche universitaire en lien avec les programmes du collège et du lycée. Conçue sur un format court et accessible, chaque notice fournit des clefs d’analyse (notions, concepts), des exemples précis et des documents pour les élèves.
C’est à cette question que répond la lithographie de Louis Marie Bosredon, dessinée en 1848 et analysée dans l’ouvrage d’Olivier Ihl, « une histoire de la représentation. »
Louis Marie Bosredon (1815-1881) est un personnage atypique et méconnu. Issu d’une famille de menuisiers modestes, apprenti aux Gobelins, il est admis à l’École royale des Beaux-Arts en 1838, grâce à son professeur de dessin, François-Henri Mulard (1769 - 1850), lui-même élève de Jacques-Louis David (1748 - 1825). Sans la fortune et les soutiens qui font alors les carrières académiques, Louis Marie Bosredon se résigne à quitter l’École royale des Beaux-Arts après une seule année de scolarité. Décidé à vivre de ses talents, il rejoint les troupes de la bohême artistique. Peu soucieux de la hiérarchie des arts, tour à tour dessinateur, peintre, graveur, lithographe et pionnier de la photographie (alors appelée calotype du grec « belle image »), il cherche à mettre son art au service des humbles.
Cette lithographie, souvent reproduites dans les manuels scolaires, nous montre un ouvrier déposant un suffrage dans une urne électorale et repoussant de la main son fusil contre le mur. La légende qui accompagne la lithographie semble assez claire : le fusil « c’est pour l’ennemi du dehors », l’urne, c’est pour combattre « loyalement » les adversaires « du dedans ».
Elle est censée illustrer l’avènement du suffrage universel en 1848 et la dimension pacificatrice du vote qui permettrait d’éviter la guerre civile en France. Le lithographe Louis Marie Bosredon, semble dire aux ouvriers : posez votre fusil et venez combattre vos adversaires politiques par le vote !
Mais à regarder cette image de plus près, cette interprétation est pourtant loin d’être évidente. Et si la lithographie de Louis Marie Bosredon nous délivrait en réalité un tout autre message politique ?
C’est ce que nous invite à voir Olivier Ihl dans son ouvrage « une histoire de la représentation », comme nous le rappelle François Xavier Martishang dans l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe.
Pour approfondir :
- https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/l%E2%80%99europe-politique/l%E2%80%99europe-en-r%C3%A9volutions/r%C3%A9volution-et-guerre-d%E2%80%99ind%C3%A9pendance-en-hongrie-1848-1849
- https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/l%E2%80%99europe-politique/l%E2%80%99europe-en-r%C3%A9volutions/les-%C3%A9tudiants-dans-les-r%C3%A9volutions-europ%C3%A9ennes-de-1848-1849
- https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/l%E2%80%99europe-politique/l%E2%80%99europe-en-r%C3%A9volutions/1848-le-printemps-des-peuples-europ%C3%A9ens
- https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/genre-et-europe/genre-et-r%C3%A9volution-en-europe-aux-xixe-xxe-si%C3%A8cles/femmes-et-barricades
Une émission de François Xavier Martishang