Gary in Contortion est un tirage gélatino argentique réalisé en 1979 par l’américain Peter Hujar. Sur ce cliché en noir et blanc, format carré, Hujar photographie un homme nu, Gary, allongé sur les épaules, le dos relevé et les jambes pliées à l’arrière de sa tête, une position tout à fait en accord avec son intitulé. Démuni de tous ses vêtements il se retrouve au plus profond de son naturel à même le sol en béton. Son visage est dirigé vers nous et ses yeux se plongent au fond des notres. Il y a un réel jeu de regards entre cet homme et celui qui le regarde (le photographe ? Le spectateur ?).
La photographie en devient presque vivante. On y découvre l’homme, simplement l’homme, sans artifice, sans parure. Un cliché pris sur le vif, élégant, en toute simplicité. Avec Peter Hujar on est habitué à ce genre de photographie, c’est un artiste qui se revendiquait « vrai » « authentique », il disait « Je veux que les gens puissent l’éprouver tacitement et sentir son odeur » à propos des corps nus qu’il photographiait, en laissant apparaître chaque imperfection, les poils, les cicatrices, les traces de chaussette, les rides, les vergetures. Il avait cette volonté de rendre animé le figé.
Ce Newyorkais était un artiste discret qu’Andy Warhol a pris sous son aile en l’incluant dans une de ses séries « The thirteen most beautiful boys ». Il se revendiquait comme un Artiste de l’underground, et souhaitait y rester pour donner du corps à ses œuvres. « Je veux qu’on parle de moi à voix basse » disait-il, avant qu’il ne meurt du sida en 1987…