Alexiane Terrochaire--Barbançon est responsable d’un dispositif de mentorat à distance, ou digital, pour l’Afev. Elle vous propose une nouvelle chronique, née de la collaboration entre euradio et l’Afev, l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville. Elle s’intitule “D’un regard à l’autre - la jeunesse et l’Union européenne” et vous avez pu entendre quelques extraits de la voix des engagés, dans la bande-annonce.
Ravie de vous retrouver pour explorer une des pistes avancées la semaine dernière pour stimuler le sentiment européen.
Je ne peux qu’être enthousiaste à l’idée d’analyser ce sujet : en effet, les engagé·es de l’Afev ont été très productif·ives et inventif·ives en termes d’idées et de solutions pour stimuler le sentiment européen…à l’école ! Le sujet étant vaste, je vais l’aborder en deux chroniques, sur les deux prochaines semaines, donc.
Ça tombe bien, à euradio, nous apprécions particulièrement les solutions créatives pour amener l’Union européenne au plus près des auditeur·rices ! De quelle manière les engagé·es ont-ils·elles abordé·es le vaste sujet de la présence de l’Union européenne à l’école ?
Je les ai interrogé·es avec cette question : qu’est-ce qui bloque selon toi la visibilité de l’Union européenne auprès des jeunes ? Tous·tes les 5 ont été très réalistes et assez catégoriques : dans leur expérience, l’école ne parle pas assez de l’Union européenne, et parfois, l’évite partiellement dans les programmes scolaires. Pour eux, cela participe donc au manque d’information et de visibilité de l’UE dans la vie quotidienne des jeunes. Comme présenté dans la chronique précédente, le manque d’information ou l’impossibilité d’en montrer l'intérêt est un obstacle au développement du sentiment Européen. C’est Nina, que l’on a entendue dans une chronique précédente, qui a mentionné que l’Union européenne lui a été mentionnée uniquement en abordant la place de la France dans la construction européenne…mais ça date des années 50 !
En bref, les 5 engagé·es ont souligné que l’école ne joue pas totalement son rôle d’informateur, de vecteurs de connaissances, en matière d’Union européenne, ni de vecteurs d’opportunités.
Pourquoi pas “totalement” ?
Parce que dans certaines écoles, si, ces deux rôles sont parfaitement remplis, mais ce n’est pas une généralité. Inès a pu participer à un échange en Allemagne, tandis qu’Alva a grandi dans une école européenne, et a donc pu visiter les institutions, ou échanger avec des personnes travaillant pour l’Union européenne. Nina reconnaît qu’elle ne sait pas ce qu’il se passe dans les autres écoles étrangères, ne serait-ce que celles de nos voisin·es espagnol·es. Zoé admet ne jamais en parler avec ses camarades, alors que c’est la clé pour “la faire vivre”, ou tout simplement, la rendre plus moderne, plus visible dans la vie quotidienne, et permet de mieux la comprendre. Par extension, cela permet de montrer ce que se sentir européen peut signifier.
Alors, ce qui m’intrigue, c’est que dans l’absence de sentiment européen chez les jeunes, les engagé·es semblent tous désigner l’école comme l’obstacle. Pourquoi cela ?
Outre le fait qu’ils mentionnent les différences entre écoles, je pense que c’est parce qu’elle est encore vue comme ce lieu de transmission de savoirs, ce lieu de création d’amitiés, et de discussions informelles entre élèves. Ces extraits sont révélateurs de l’importance accordée à l’école dans la vie d’un jeune. Sans vouloir être dramatique, de 3 ans à 14 ans minimum, nous passons 8 mois de notre vie à l’école. Sa place dans nos vies de jeunes n’est pas que symbolique ; elle est quantifiable, et assez impressionnante ! Enfin, je pense que l’institution scolaire est tellement impliquée dans la vie des jeunes que c’est précisément l’institution qu’ils connaissent le mieux, et donc l’institution qu’ils et elles peuvent analyser pour proposer des solutions, des changements. Il y a là une forme d’expertise des jeunes concernant l’institution scolaire.
Alors, pour boucler la boucle : l’école apparaît comme un levier pour stimuler le sentiment européen lorsqu’elle dispense des connaissances en matière d’union européenne, de son fonctionnement, et lorsqu’elle propose des opportunités de voyages, notamment aux lycéens, via Erasmus+... mais sans l’implication de professeur·es, ou plus largement de l’équipe éducative, ou sans accès aux fonds, ou sans connaissances de l’Union européenne, l’école reste donc limitée dans son rôle d’informatrice, et de vecteurs d’opportunités européennes.
C’est tout à fait bien résumé. Je dresse ici un tableau qui est peut-être sombre, mais certainement pas pour culpabiliser ni juger les équipes éducatives : je sais bien que les programmes sont déjà chargés, et les sujets ne manquent pas. Rassurez-vous, la positivité sera de mise avec la prochaine chronique qui recense les idées des engagé·es pour faire rester l’Union européenne sur les bancs de l’école, elle qui paraît simplement s’y inviter quelques minutes dans certaines écoles.
C’est joliment conclu ! À la semaine prochaine.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.