Alexiane Terrochaire--Barbançon est responsable d’un dispositif de mentorat à distance, ou digital, pour l’Afev. Elle vous propose une nouvelle chronique, née de la collaboration entre euradio et l’Afev, l’Association de la Fondation Étudiante pour la Ville. Elle s’intitule “D’un regard à l’autre - la jeunesse et l’Union européenne” et vous avez pu entendre quelques extraits de la voix des engagés, dans la bande-annonce.
Lors de la précédente chronique, nous nous sommes arrêtés sur l’idée que les bénévoles de l’Afev souhaitaient modifier l’Union européenne. Dans quelle optique ?
Dans l’optique d’organiser sa survie pour les dix prochaines années. Oui, ils·elles la voient comme ayant survécu à une drôle de décennie marquée par le COVID, la guerre en Ukraine, les migrations accélérées, le fort développement des intelligences artificielles, parfois concurrentielles face au travail humain, ou encore, l’inflation et la crise climatique. Je ne suis pas devin, et je n’ai cité que des enjeux de ces 3 dernières années.
La voient-elles comme nécessaire et pertinente pour répondre à ces défis ?
Oui, car tous résument bien l’idée que la France ne peut pas à elle seule régler des problèmes mondiaux comme le changement climatique, ou l’inflation, ou même la guerre sur le continent, qui ne dépendent pas directement de ses politiques nationales et internationales. Néanmoins, ce qui m’a le plus marquée, c’est leur sentiment d’urgence : l’Union peut continuer d’exister dans 10 ans, seulement si elle est modifiée.
Pourquoi un sentiment d’urgence ?
Au final, ils·elles pressentent que cette décennie peut être fatale à la crédibilité et à la construction européenne si les citoyen·nes continuent à être récipiendaires de fausses informations concernant l’Union européenne, ou à la voir comme étant un gouvernement supranational autoritaire. Pierre indique que pour que l’Union européenne survive, il faut mieux communiquer, tandis qu’Alva renchérit en soulignant que trop de déformations de la réalité ou des informations concernant l’Union européenne inondent les réseaux sociaux et les médias traditionnels. Zoé, Nina et Inès plaident pour plus de transparence de l’Union européenne, mais ne souhaitent pas radicalement la transformer.
En quoi le fait de ne pas réformer ou transformer l’Union européenne peut la rapprocher de ses citoyen·nes ? Je ne comprends pas pourquoi le statu quo actuel apparaît désirable aux bénévoles de l’Afev.
Je comprends que le souhait de ne pas réformer l’Union peut paraître déconcertant. Cependant, au travers de ces 11 chroniques, j’ai bien compris que l’Union européenne est perçue comme complexe, mais que la réformer n’est pas forcément le bon chemin, tant que les citoyen·nes, et particulièrement les jeunes ne s’y intéressent pas dans leur vie de tous les jours, tant qu’elle n’est pas perçue comme vitale et reconnue comme étant une des institutions politiques les plus à même de transformer la vie de ses citoyen·nes. Ce serait une réforme incomprise par les citoyen·nes les plus éloigné·es.
Alors qu’est-ce que les bénévoles de l’Afev souhaitent changer de cette Union pour qu’elle perdure d’ici à 10 ans ?
Au lieu de modifier son fonctionnement, ils soulignent l’importance de transformer son image, et d’avoir de vrais canaux de communication directe entre Union et citoyen·nes, et enfin, reconnaître son impact dans la politique nationale, et mieux former les jeunes à reconnaître cet impact, pour stimuler leur soutien à cette Union.
Je comprends mieux. Si nous résumons, lorsque nous avons écouté votre première chronique, le premier thème développé était le sentiment européen, et l’analyse des éléments le développant et ses obstacles. Nous avons exploré beaucoup de façons de le développer chez les jeunes, en prenant en compte l’inégalité géographique d’accès à l’Union européenne. L’école, le numérique, les lieux fréquentés par les jeunes, les ambassadeurs, le souhait de créer de nouvelles politiques publiques jeunesse…ce sont autant de pistes qui sont dessinées pour consolider le soutien à cette Union. En conclusion, vous, Alexiane, en tant que militante, que retenez-vous de ces discussions, à l’aube des élections de 2024 ?
Je retiens que l’Union européenne peut avoir sa chance auprès de tous les jeunes. Accepter qu’elle n’est qu’un projet soutenu par une élite économique et politique, comme avancé dans les débats académiques ou par les partis anti-Union, non, ce ne sera jamais ma conviction. Tous les jeunes, pour peu que nous, militant·es, ambassadeur·rices ou sympathisant·es, les intéressions à la question, que nous leur montrions l’impact sur leur vie, et les raisons pour lesquelles il faut se battre pour faire vivre cette union, peuvent se mobiliser pour cette institution politique. C’est à nous tous, collectivement, de la considérer comme imparfaite, pour mieux esquisser des pistes d’amélioration, au lieu de la considérer comme perdue, ou vouloir nous lancer dans des réformes qui mettraient des années à être appliquées. Je suis toujours convaincue qu’elles seront nécessaires à un moment donné, mais pas actuellement, dans le contexte de défiance politique actuel. La première tâche de l’Union européenne et des militant·es est de tisser des liens de confiance. Voilà ce que je considère être le chemin vers l’Union européenne forte de demain.
Merci Alexiane et au plaisir de vous recroiser sur euradio !
Entretien réalisé par Laurence Aubron.