L'éco de Marc Tempelman

La chute du bitcoin

Photo de Kanchanara sur Unsplash La chute du bitcoin
Photo de Kanchanara sur Unsplash

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’investissement gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, vous souhaitez aujourd’hui nous parler du bitcoin, c’est bien ça ?

Oui, après s’être apprécié de façon impressionnante et avoir atteint un cours record de plus 126 000 dollars, le bitcoin a chuté d’un tiers en quelques semaines. Son prix est passé sous la barre des 85 000 dollars. Comme c’est un actif dans lequel un nombre croissant de Français investissent, je pensais qu’il était bon d’en parler.

Qu’est-ce qui explique cette baisse soudaine ?

C’est difficile de pointer une seule raison du doigt. Mais il est certain que la baisse du bitcoin s’inscrit dans un contexte de volatilité accrue des marchés financiers. Son repli reflète un recul notable des cours de bourse, notamment de certaines valeurs de la tech américaine. Mais soyons clair, la baisse du bitcoin a été bien plus violente que la correction sur les cours de bourse.

Le mouvement a été amplifié par les sorties des produits cotés, les appels de marge, et une forte diminution de la demande. Le bitcoin devient ainsi un baromètre d’anxiété, une sorte d’indicateur avancé des tensions sur les marchés globaux.​

N’est-il pas étonnant de voir le cours du bitcoin suivre les mêmes tendances que les marchés financiers traditionnels ? Je sais que bon nombre d’épargnants pensent justement qu’une des attractions du bitcoin est qu’il représenterait une classe d’actifs décorrélée.

Oui, ces idées reçues sont extrêmement répandues, malgré les faits. Premièrement, beaucoup pensent que le bitcoin serait une véritable monnaie, c’est-à-dire un moyen d’échange universel, stable, voire reconnu par les États. C’est faux : le bitcoin n’est accepté que marginalement dans quelques commerces et ne remplit pas la fonction de réserve de valeur ni d’unité de compte, deux piliers de la monnaie classique.​

Ensuite, il existe la croyance selon laquelle le bitcoin serait « décorrélé » des autres actifs risqués, et donc particulièrement utile pour diversifier un portefeuille ou réduire la volatilité globale. Or, les données montrent que sa corrélation avec les grands indices actions s’est nettement accentuée ces dernières années. Quand les marchés actions chutent, le bitcoin amplifie souvent le mouvement au lieu de le contrecarrer.​

Enfin, certains investisseurs vont jusqu’à dire que le bitcoin est devenu une « valeur refuge », comparable à l’or dans les périodes de crise. C’est une erreur majeure : le bitcoin se comporte en réalité comme un actif spéculatif ultra-volatile, sujet à des cycles de hausse et de baisse extrêmes. Il n’offre ni sécurité, ni stabilité lors des tempêtes financières. L’historique récent confirme qu’il ne protège pas contre la panique des marchés, mais y participe plutôt.​

Est-ce que le bitcoin possède, selon vous, une valeur intrinsèque comparable à d’autres actifs financiers ?

C’est toute la difficulté ! Contrairement à une entreprise cotée, ou à une obligation, le bitcoin n’a pas d’actif sous-jacent et ne génère pas de cash flow. Un peu comme l’or ou une œuvre d’art, sa «valeur» dépend uniquement de la confiance – ou de la croyance – qu’une communauté lui accorde et le prix que cette communauté est prête à payer pour en posséder. On est sur un actif « pur-sentiment», et absolument pas sur une classe à valeur fondamentale.​

Quels sont les principaux risques pour un investisseur qui souhaite s’exposer au bitcoin aujourd’hui ?

Les risques principaux sont la possible perte en capital mais aussi la forte volatilité, car les fluctuations des prix, dans un sens ou dans un autre, peuvent, à l’évidence, être significatives.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.