Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Vous avez peut-être entendu parler des Magnificent Seven, ou des sept magnifiques. Non, il ne s’agit pas d’un film, mais bien de sept sociétés technologiques américaines, qui ensemble, exercent une influence disproportionnée sur la bourse.
Commençons par identifier ces entreprises magnifiques. J’imagine qu’Apple, Amazon et Microsoft en font partie ?
Oui, et Alphabet, le parent de Google, Meta, propriétaire de Facebook, Tesla et Nvidia, le fabricant de puces électroniques complètent la liste.
Au-delà d’être des géants dans leurs domaines technologiques respectifs, qu’est-ce qu’elles ont de si magnifique ?
Figurez-vous qu’elles sont, ensemble, responsables pour la majeure partie de la performance boursière cette année. Pas uniquement aux US, où ces sociétés sont cotées, mais dans le monde. Prenons l’indice MSCI Monde, qui regroupe 1600 entreprises, cotées sur 23 bourses à travers le monde. Depuis le début de l’année, sa performance est positive. Mais sans les sept magnifiques, elle serait négative.
Une autre façon de mesurer le poids de ces sociétés est d’observer leur poids dans un indice donné. En juillet, les sept sociétés représentaient 27% de l’indice MSCI USA. Il y a une décennie, cette proportion n’était que de 7%.
Pour que je comprenne bien, cela voudrait dire que si je n’avais pas investi dans ces 7 sociétés là, je serais passé à côté de la majeure partie, voir la totalité de la hausse des marchés actions cette année ?
Probablement. Évidemment, je ne connais pas les statistiques des 1595 autres sociétés cotées de l’indice monde, mais il est indéniable que les sept magnifiques exercent aujourd’hui une influence majeure sur la performance des portefeuilles d’actions.
Ce n’est pas dangereux, une situation comme celle-ci ?
En théorie on pourrait se dire que ce n’est pas très sain qu’une poignée valeurs boursières pèsent autant, proportionnellement au reste du marché. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas si exceptionnel que cela.
Vous voulez dire dans l’histoire, un petit nombre de valeurs ont toujours tiré la bourse ?
Oui, et je me réfère notamment aux analyses du professeur Bessembinder qui a étudié les marchés boursiers de 1926 à 2022. Son analyse démontre tout d'abord que la bourse a créé une très grande richesse, car les valorisations boursières ont - ensemble - augmenté de 55 trilliards de dollars. Mais cette création de valeur est concentrée sur un petit nombre d’actions. Car de façon étonnante, la plupart des actions détruisent de la valeur, puisque 60% des actions ont donné des rendements inférieurs au taux d’intérêt sans risque. Mais le top 50 des meilleures entreprises représentent 43% de la création de valeur sur le marché actions américain et les 10 entreprises les plus performantes représentent à elles seules 20% du total.
J’imagine que la plupart des Sept Magnifiques figurent dans cette liste ?
Oui. Quatre des sept sont dans le top 10. Mais nous y retrouvons aussi les pétroliers Exxon et Chevron, le distributeur Walmart ou encore les fabricants de biens de consommation Procter & Gamble et Johnson & Johnson.
Pour les épargnants et les investisseurs qui nous écoutent, que faut-il retenir ?
Tout d’abord, que la performance des marchés boursiers est très concentrée. La plus grande création de valeur de la dernière décennie vient de sociétés qui dominent aujourd’hui leurs marchés. Mais il est difficile d’identifier les champions de demain. Donc la diversification paie, non seulement pour minimiser les risques de perte, mais aussi pour éviter de passer à côté des plus grandes réussites boursières.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.