Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Marc Tempelman est le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
En tant que cofondateur d’une plateforme d’investissement digitale, nous sommes très conscients des tentatives d'arnaques qui ciblent les épargnants français France. La sophistication de ces attaques peut étonner, ce qui explique le nombre de victimes en hausse. Je pensais qu’il était important d’en parler.
Très bien. Pour entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous donner les grandes tendances chiffrées sur la fraude liée à l’épargne ces dernières années ?
Les montants liés aux escroqueries sur l’épargne sont en forte hausse : l’année dernière, plus de 20 milliards d’euros de pertes ont été recensés, et le nombre de déclarations de soupçon traitées par Tracfin a atteint un niveau record, en hausse de près de 50% par rapport à 2020. Malheureusement, on estime que le préjudice moyen pour les livrets d’épargne frauduleux est autour de 69 000 euros pour chaque victime.
Comment les escrocs s’y prennent-ils pour tromper les particuliers ?
La technique la plus répandue, c’est celle de l’usurpation d’identité. Les fraudeurs créent des sites qui imitent parfaitement ceux de banques ou de sociétés réputées. Ils utilisent des logos, des signatures, et des adresses électroniques ressemblant à s’y méprendre aux vraies institutions. Souvent, ils font miroiter des taux de rendement supérieurs à ceux du marché, comme par exemple des livrets avec des taux garantis de 5% ou plus. Ou des alternatives d’investissement alléchantes, permettant par exemple d’acheter des actions d’entreprises connues à une décote importante par rapport au prix actuel. Tout en soulignant typiquement que l’opportunité est à saisir rapidement, avant qu’elle ne disparaisse. Les victimes sont poussées à transférer rapidement leur argent.
Est-ce qu’il existe des moyens encore plus avancés ? Ça paraît presque impossible à déjouer…
Oui, certains vont jusqu’à falsifier le numéro de téléphone qui s’affiche lorsqu’ils appellent. Et à utiliser des noms de personnes qui travaillent véritablement à la banque en question. C’est ce qu’on appelle le "spoofing" : la victime croit discuter avec son conseiller habituel. D’autres utilisent les réseaux sociaux pour diffuser de fausses publicités, ou déploient des faux témoignages pour rassurer. Depuis peu, l’intelligence artificielle est aussi utilisée pour fabriquer de faux documents et usurper des voix.
Est-ce que certaines habitudes ou démarches permettent de repérer la fraude avant qu’il ne soit trop tard ?
Absolument. Le premier réflexe est de toujours vérifier le nom du site et l’adresse e-mail du contact. Méfiez-vous du BNP tiret invest ou de des adresses se terminant par .org ou .club (au lieu de .com ou .fr). En cas de doute, il faut contacter soi-même l’institution en utilisant le numéro de téléphone ou l’adresse mail officielle, jamais celles reçues par mail ou SMS. Il existe aussi des listes noires régulièrement mises à jour par l’AMF et l’ACPR, qui recensent les sites et entités frauduleuses.
Quand un interlocuteur vous presse pour aller très vite, méfiez-vous.
Enfin, quand une opportunité paraît trop belle pour être vraie, attention. Un rendement élevé va toujours de pair avec des risques élevés.
Que conseillez-vous pour renforcer la sécurité de ses opérations et de ses données ?
Utiliser des mots de passe robustes, c’est-à-dire longs et qui contiennent des caractères spéciaux. Ne pas utiliser le même mot de passe pour tous les sites. Changer régulièrement ses codes, surtout pour l’accès à l’espace bancaire. Il est utile d’activer la double authentification chaque fois que c’est possible.
Enfin, et je reviens dessus, jamais de précipitation : les offres trop belles pour être vraies le sont rarement. Si on vous demande d’agir en urgence, il faut arrêter tout transfert et contacter l’institution financière que l’on croit avoir au bout du fil par un autre moyen.
Et si l’on pense avoir été piégé, que faire ?
Il faut immédiatement contacter sa banque pour mettre une opposition, déposer plainte auprès des autorités et signaler l’arnaque. Plus vite on réagit, meilleures sont les chances de limiter les pertes.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.