Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Je souhaitais parler avec vous de l’État de New York qui commence à mettre la pression financière sur quelques grandes entreprises, pour les forcer à réduire leur empreinte plastique et leur impact environnemental.
À qui l’État de New York s’attaque-t-il spécifiquement ?
C’est un cas très concret. La procureur général Letitia James exige que Pepsico réduise la quantité d’emballages qui se retrouvent dans la rivière Buffalo. Elle réclame des réparations financières au fabricant de boissons et de snacks, pour les dommages causés par les microplastiques aux humains et à l’environnement.
Comment l’État de New York peut-il prouver que ces plastiques proviennent de Pepsi ?
L’année dernière le bureau du procureur a analysé plus de 1900 déchets plastiques de la rivière. Il a alors constaté que Pepsi était à l’origine de 17% de ces déchets, devant McDonald’s avec 5,7% et le fabricant de barres chocolatées Hershey, en 3ème position.
Est-ce que l’État de New York a des chances de gagner son procès ?
Je ne suis pas juriste, mais il dispose d’arguments chiffrés puissants. Car Pepsico, qui se targue en public de déployer des efforts importants pour combattre la pollution plastique, a augmenté sa consommation de plastique primaire - c’est-à-dire non recyclé - de 11% en 2022.
Séparément, l’association Break Free From Plastic a collecté et analysé plus de 2 millions de déchets plastiques de 2018 à 2022. Elle a toujours identifié PepsiCo comme le premier ou second plus gros producteur de ces déchets.
Peut-on mesurer l’importance relative de la pollution plastique, dans le contexte plus général de la protection de la planète ?
Absolument. Selon
l’association néerlandaise Investisseurs pour le développement
durable, la pollution plastique coûte 100 milliards de Dollars par
an. Une étude datant de 2017 a conclu que 8,3 milliards de tonnes de
plastique ont été produites depuis la seconde guerre mondiale.
Seuls 9% de cette masse de plastique a été recyclé.
Donc oui, l’enjeu financier,
tout comme l’enjeu écologique, est gigantesque.
Vous pensez que ce type d’action juridique peut avoir son impact et réellement changer les méthodes de fabrication et d’emballage de ces grandes sociétés ?
À elle toute seule, le procès intenté par l’État de New York, probablement pas. Mais cette action s’inscrit dans une liste de plus en plus longue d’accusations et de procédures juridiques de ce type.
Au début de l’année, l’État de Californie a intenté un procès contre les plus importantes sociétés pétrolières, dont Shell et ExxonMobil. Il les accuse de volontairement tromper leurs consommateurs, en supprimant des informations sur les effets polluants des énergies fossiles.
Il y a quelques semaines, des associations européennes de défense des droits des consommateurs ont déposé plainte contre Coca Cola, Nestlé et Danone qui auraient violé les lois de protection du consommateur, en exagérant leurs revendications en termes de recyclage.
C’est donc la multiplication de ces procès qui forceront le changement selon vous ?
Ces efforts juridiques sont sans aucun doute impactant. Aussi parce que cela expose des cas de greenwashing au grand public, qui sont en occurrence les consommateurs de nombreuses de ces grandes marques. Et qui ont la possibilité de se détourner d’elles, pour acheter leurs boissons gazeuses, leurs burgers et leurs yaourts ailleurs.
Enfin, je rajoute que ces consommateurs sont aussi souvent les actionnaires de ces entreprises polluantes. Ces actionnaires sont de plus en plus nombreux à exiger plus de transparence et d’efforts de la part des dirigeants en matière de réduction de consommation de plastiques.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.