L'état de l'État de droit - Elise Bernard

La reconnaissance de la Palestine comme État

Photo de Nils Huenerfuerst sur Unsplash La reconnaissance de la Palestine comme État
Photo de Nils Huenerfuerst sur Unsplash

Elise Bernard, docteur en droit public et enseignante à Sciences-Po Aix et à l'ESSEC, décrypte chaque lundi sur Euradio les implications concrètes de l'État de droit dans notre actualité et notre quotidien. Ses analyses approfondies, publiées sur la page Europe Info Hebdo, offrent un éclairage précieux sur ce pilier fondamental de l'Union européenne.

L’Etat de droit en Europe implique la paix et il semble que la reconnaissance de la Palestine comme un État souverain soit le chemin choisi par de plus en plus d’Etats membres de l’Union européenne !

On le dirait bien Laurence, et même si tous ne sont pas décidés à aller dans ce sens, on constate que ces reconnaissances peuvent faire basculer la politique de l’UE.

C’est le pari de la diplomatie française qui prend la suite de l’Espagne ou l’Irlande.

Oui. La France a formalisé, à la tribune des Nations unies, la reconnaissance de la Palestine comme Etat, aux côtés du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie, et d’autres européens comme la Belgique ou le Portugal. L’objectif affiché n’est pas de « récompenser » le Hamas mais de ré ancrer la solution à deux États dans une trajectoire opérationnelle.

L’idée est d’obtenir quelques contreparties car, si pas d’Etat, pas d'État de droit donc pas de paix !

On peut le comprendre ainsi en effet ! La promesse d’élections générales côté Autorité palestinienne, des réformes de gouvernance, engagerait une campagne de soutien financier européen.

On parle de 200 millions de dollars sur six mois à l’heure actuelle.

Au-delà, le pari de la reconnaissance est de rouvrir les options politiques. Vingt ans après le retrait Israélien de Gaza, présenté comme un pas vers la paix, le constat est indiscutable : l’unilatéralisme sans transfert de souveraineté ni réciprocité nourrit le cycle “sièges-ripostes” et affaiblit les modérés.

Des modérés qui semblent être majoritaires et ce sont ces représentants que de plus en plus d’Européens veulent mettre en valeur !

Voilà, plus l’hypothèse de l’Etat palestinien semble viable, plus on peut imaginer une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies comportant des étapes vérifiables, un transfert effectif de prérogatives de la puissance publique. De là découlerait la conditionnalité européenne, respectueuse de la Charte de San Francisco.

C’est évident, l’Union européenne se doit d’articuler valeurs et instruments.

On revient à ce que Poutine et Trump tentent d’annihiler finalement. Si la reconnaissance de l’Etat palestinien fixe le cap, les conditionnalités et garanties de sécurité, l’Union ne peut qu’agir en ce sens. Et c’est à cette aune que se mesurera sa crédibilité comme puissance de paix.

Un entretien réalisé par Laurent Pététin.