L'état de l'État de droit - Elise Bernard

Discours de l’Amérique trumpiste sur l’Europe à Munich

Discours de l’Amérique trumpiste sur l’Europe à Munich

Elise Bernard, docteur en droit public et enseignante à Sciences-Po Aix et à l'ESSEC, décrypte chaque lundi sur Euradio les implications concrètes de l'État de droit dans notre actualité et notre quotidien. Ses analyses approfondies, publiées sur la page Europe Info Hebdo, offrent un éclairage précieux sur ce pilier fondamental de l'Union européenne.

L’Etat de droit est au coeur de notre actualité, d’un côté critiqué mais dans les faits en danger on ne sait plus où donner de la tête !

C’est vrai, voyez déjà la Roumanie, qui traverse une crise politique et institutionnelle inédite.

Oui il y avait eu l’annulation de l'élection présidentielle en décembre, pour cause d’ingérence russe, que nous avions commenté ici.

Depuis, Laurence, reproches et mésententes fusent! Le président Klaus Iohannis a démissionné en attendant la nouvelle élection pour mai 2025.

Mais c’est beaucoup plus qu’un contretemps national roumain : c’est présenté par le vice président américain Vance comme une intrusion de l’Union européenne !

Les tensions, attisées par les nouveaux occupants de la Maison Blanche, remettent en cause l’Etat de droit du pays et de l’Union. La Roumanie a souverainement décidé d’annuler le résultat du scrutin. Si Klaus Iohannis est fragilisé politiquement en Roumanie et que rien ne justifiait son maintien, je comprends qu’il invoque la Constitution qui, elle, prévoit la possibilité d’un président intérimaire.

L’Union n’a obligé à rien dans ce cas.

Non, les autres dirigeants peuvent être d’accord ou pas avec cette façon de faire mais je ne vois pas comment la liberté d’expression ou la liberté d’opinion a été violée par l’Union européenne en Roumanie.

Tout ceci n’est pas propre à la Roumanie et s’inscrit dans un vaste mouvement global de remise en cause de la démocratie libérale.

Oui, on en a parlé plusieurs fois. L’espace communicationnel va exposer des opinions, certains sont artificiellement sur représentées.

Sur les réseaux sociaux, c’est vrai qu’on voit beaucoup de contenu sur une gloire nationale passée que le peuple doit retrouver sans attendre. La France empire colonial, une Roumanie antique et conquérante… une grande Hongrie !

Exactement et cela implique une certaine supériorité et donc, par extension, le fait qu’il existerait des peuples inférieurs ou des Etats qualifiés d’artificiels - comme l’Ukraine selon Trump. Donc tout ce matraquage que nous suivons scrupuleusement depuis 2021 sur euradio, chère Laurence, semble bien s’inscrire dans une mouvance qui poursuit un objectif global de déstabilisation de notre Etat de droit.

Sans parler de tous ces contenus appelant à un régime autoritaire supposément garant d’un destin maîtrisé et de sécurité !

Ah ça, nostalgiques du régime nazi ou de celui de Ceausescu s’affirment de plus en plus, à grands renforts de surreprésentation sur les réseaux sociaux. Ceux-là même que JD Vance prétend défendre au nom de “la liberté d’expression”.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.

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