Les plus grandes leçons de cette crise restent à venir. Elles dépendront des choix que fera maintenant le président russe mais ce bras-de-fer ukrainien est déjà venu corriger quatre idées reçues.
La première est que les besoins énergétiques de l’Union européenne la rendraient aussi dépendante de la Russie qu’un drogué de son dealer. C’était une crainte solidement ancrée. C’est elle qui avait conduit les Pays baltes, la Pologne et les Etats-Unis à constamment mettre en garde les Allemands contre les contrats qu’ils passaient avec Gazprom mais que se passe-t-il aujourd’hui ?
Eh bien après avoir beaucoup hésité à la perspective d’un hiver sans chauffage, l’Allemagne a fini par accepter la possibilité qu’une entrée des troupes russes en Ukraine empêche la mise en service du nouveau gazoduc Nord Stream 2. L’Allemagne est finalement prête à tourner le dos aux fournitures russes parce qu’elle a réalisé, comme tous ses partenaires de l’Union, que les réserves européennes permettaient de tenir jusqu’au printemps ; qu’il y avait d’autres fournisseurs sur terre que la Russie ; que la Norvège ne marchanderait pas son aide ; que le coût de l’acheminement du Qatar, des Etats-Unis ou de l’Algérie serait, au bout du compte, beaucoup moins élevé que celui d’une guerre et que la Russie, surtout, ne pouvait pas se servir de son gaz aussi facilement que d’une colonne de chars.
Non seulement l’économie russe ne peut pas se passer de ses exportations énergiques, non seulement un fournisseur ne peut pas mettre en doute ses engagements contractuels sans risquer de faire fuir ses clients mais, si la Russie n’avait plus que la Chine à laquelle vendre son gaz, elle se mettrait dans la main d’un puissance immensément plus riche qu’elle et dix fois plus peuplée.
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