Comme chaque semaine, nous retrouvons Olivier Costa, directeur au département d'études politiques et de gouvernance européenne au Collège d'Europe pour sa carte blanche sur la Présidence française de l'Union européenne.
La PFUE, est-ce seulement Emmanuel Macron ?
Non. Il y a de multiples niveaux et sphères d’action pour la PFUE. A l’échelle politique, le Président dialogue avec ses 26 homologues. Même si cela n’est pas formellement prévu par les traités, il joue aussi un rôle important lors des réunions du Conseil européen. Ensuite, il y a le niveau gouvernemental – les réunions des différentes formations du Conseil de l’Union, composé des ministres des 27 – et le niveau administratif – les experts des ministères qui préparent les travaux du Conseil et dialoguent avec la Commission.
Alors, quel est le principal acteur de la PFUE hormis Emmanuel Macron ?
Il y en a deux, un côté politique et un côté administratif. Côté politique, c’est Clément Beaune, le Secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes. D’habitude, ce poste n’est pas très valorisant : on n’aime pas trop les affaires européennes au quai d’Orsay, et la personne en charge n’a souvent pas beaucoup d’influence. Mais Clément Beaune a deux atouts : il connaît vraiment bien les questions européennes et c’est un proche du Président. Il a un rôle de coordination fondamentale, et il se montre très actif dans les médias.
Et côté administratif ?
C’est le Secrétaire général de la PFUE, Xavier Lapeyre de Cabanes. Il coordonne les aspects concrets : sommets et réunions, protocole, budget, communication... Il travaille en lien avec l’Élysée, Matignon et les conseillers Europe des différents ministres.
Et qui seconde le Président à l’Elysée ?
C’est Alexandre Adam, son conseiller Europe, qui a succédé à Clément Beaune à ce poste. Il avise le Président sur tous les dossiers en lien avec la PFUE et représente l’Élysée dans les discussions avec les autres organes français impliqués.
Qu’en est-il de Matignon ?
La PFUE semble être une chasse-gardée du Président, mais il faut compter avec le Secrétariat général des Affaires européennes (SGAE), le service interministériel placé sous l’autorité du Premier ministre qui gère la politique européenne de la France. Sa directrice, Sandrine Gaudin, coordonne les positions du gouvernement au sein de l’Union, notamment des différentes formations du Conseil.
Et à Bruxelles, qui représente la PFUE ?
Chaque pays a une ambassade à Bruxelles, pour ce qui concerne les relations avec la Belgique, et une « Représentation permanente », pour ce qui concerne ses relations avec l’Union. Elle est dirigée par le « Représentant permanent », qui a rang d’ambassadeur. Pour la France, il s’agit de Philippe Léglise-Costa. Il coordonne les relations de PFUE avec les institutions de l’Union à tous les niveaux : Conseil européen, Conseil et administration. Il dirige une équipe de 200 personnes – renforcée par 80 autres pendant ce semestre. Il est notamment chargé de préparer les réunions des différents organes du Conseil pour faire avancer les dossiers législatifs.
Et au Parlement européen ?
Officiellement, les députés européens français ne représentent pas la France. Mais, dans les faits, les députés européens LREM font partie du dispositif de la PFUE. Stéphane Séjourné, qui préside le groupe Renew (centriste-libéral), joue un rôle important. C’est un proche d’Emmanuel Macron, qui veille notamment à ce qu’il existe une majorité au Parlement européen pour adopter les textes législatifs et soutenir la Présidence.
Olivier Costa au micro de Cécile Dauguet