Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
Quoi de neuf en Europe cette semaine ?
Alors que les tensions autour de l’avenir de l’Ukraine semblent être plus vives que jamais, une autre bataille se joue pour l’Europe face aux Etats-Unis. En effet, cette semaine Donald Trump a annoncé des droits de douanes de 25% sur l’aluminium et l’acier européen.
Mais l’Europe n’est pas restée muette ?
Effectivement, cette annonce faite dans la nuit du mardi au mercredi 12 mars a été rapidement contrée pa ezr la Commission européenne, qui a elle-même annoncé des taxes de 50% sur des produits américains emblématiques. Le problème, c’est que les États-Unis ont surenchéri en menaçant le commerce de vins et champagnes européens à hauteur de 200%. La France, en particulier, est l’un des pays les plus exposés à ces mesures.
Face à cela, quelles ont été les réactions ?
Et bien, pour beaucoup, c’est une offensive et potentiellement le début d’une guerre commerciale. Plusieurs dirigeants européens dénoncent une stratégie de pression de la part de Washington et appellent à une réponse coordonnée. L’Allemagne, plus prudente, plaide pour une désescalade, tandis que la France par exemple demande une fermeté accrue.
Mais quelle est l’ampleur économique de ces échanges entre l’UE et les États-Unis ?
De manière globale, en 2023 le commerce bilatéral entre les deux blocs représentait environ 1 600 milliards d’euros et les Etats-Unis sont le plus grand partenaire commercial de l'UE : environ 20% des exportations européennes en 2024, selon les données d'Eurostat. Concernant l’acier et l’aluminium, en 2024 ces métaux représentaient moins de 2% des exportations de l'Union européenne vers les Etats-Unis. Mais du côté du vin, les États-Unis étaient le premier importateur de champagne et le troisième importateur mondial de vin en 2023.
Ce sont donc des échanges importants qui doivent être préservés, mais alors quels sont les outils et les mécanismes dont dispose l’Union européenne pour riposter si la situation s’aggrave ?
Outre l’imposition de contre-mesures, comme elle l’a fait en taxant les produits américains, l’UE pourrait activer d’autres outils : elle peut saisir l’OMC pour contester la légalité des droits de douane imposés par Washington. L'UE dispose aussi d’un instrument anti-coercition, adopté en 2023, qui lui permet de répondre à des pressions économiques en imposant des restrictions ciblées. Cependant, il s'agit d'un dernier recours, car son activation signifierait l'entrée dans un véritable conflit économique. Bruxelles privilégie donc avant tout la négociation !
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
