« Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité institutionnelle de l’Union européenne. Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Victor Muller. Bonjour et bienvenue !
Alors Victor, dites-moi : quoi de neuf à Bruxelles ?
Le 9 septembre dernier, Mario Draghi a remis à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, un rapport sur la compétitivité de l’Union européenne. Ce rapport a été commandé à l’automne 2023 à l’ancien directeur de la banque centrale européenne et s’inscrit dans la lignée du rapport d’Enrico Letta sur l’avenir du marché unique publié en avril 2024. Les deux rapports tirent les mêmes conclusions puisque ceux-ci soulignent en effet tous deux la perte de vitesse de l'industrie européenne par rapport à celles des deux géants chinois et américain.
Quelles sont les raisons avancées par Mario Draghi pour expliquer ce décrochage de l’Union européenne ?
Tout d’abord, l’Union européenne fait face à un nouveau contexte international, à la fois marqué par la recomposition des dynamiques du commerce mondial, une hausse des prix de l’énergie depuis le début de la guerre en Ukraine et une protection sécuritaire des États-Unis qui semble plus incertaine depuis plusieurs années. Ensuite, Draghi évoque le retard pris par l’Europe dans les domaines des nouvelles technologies et du numérique, notamment le retard dans le développement de l’intelligence artificielle qui contribue à creuser le décrochage économique de l’Europe.
Mais alors quelles sont les solutions proposées par l’ancien directeur de la banque centrale européenne pour remédier à ce retard européen ?
À travers 170 propositions qui concernent dix grands secteurs industriels, le rapport Draghi énonce trois axes majeurs d’amélioration pour l’Union européenne : la réduction du déficit d’innovation technologique, particulièrement dans le numérique ; l’élaboration d’un plan cohérent pour allier efficacement compétitivité et décarbonation ; l’accroissement de la sécurité de l’UE et la réduction des dépendances. L’objectif : tendre vers une réelle autonomie stratégique, industrielle, technologique et énergétique de l’Union européenne. Mario Draghi estime que 800 milliards d’euros par an d’investissements publics et privés seront nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Le rapport donne la conclusion suivante : si les objectifs ambitieux sont accompagnés d’un plan sérieux et cohérent, « la décarbonation sera une solution et une opportunité pour l’Europe ».
Ce rapport donne donc le ton pour le début de ce nouveau mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne.
Tout à fait Laurence, les travaux seront nombreux pour la nouvelle Commission, mais pour se mettre au travail, encore faut-il que les noms des 26 commissaires soient arrêtés. En effet, alors qu’elle était censée présenter son collège des commissaires devant la Conférence des présidents du Parlement européen mardi 11 septembre, Ursula von der Leyen a finalement décidé de repousser cette échéance d’une semaine, au mardi 17 septembre.
Comment se fait-il que la procédure de nomination de la Commission prenne du retard ?
Ce retard peut s’expliquer par le changement à la dernière minute du candidat slovène. Le premier ministre slovène a en effet annoncé le 9 septembre avoir choisi Marta Kos à la place de Tomaž Vesel, qui avait été initialement désigné. L’histoire pourrait s’arrêter là mais le parlement slovène, à travers sa commission des affaires européennes, doit entériner cette nomination par un vote. Or, cette commission est composée en majorité de députés issus du parti démocrate slovène, principal parti d’opposition au gouvernement, et Franc Breznik, son président, a décidé de conditionner la tenue de ce vote à l’obtention de documents officiels supplémentaires, ce qui retarde le processus.
Quelle est la suite attendue, une fois cet épisode slovène clos ?
Après la présentation par Ursula von der Leyen de la « structure envisagée de la future Commission et de la répartition des portefeuilles au sein du nouveau collège », les auditions de commissaires devraient débuter début-octobre. Ensuite doit suivre un vote final en session plénière du Parlement européen. Finalement, la nouvelle Commission entrera officiellement en fonction au 1er novembre ou au 1er décembre 2024, en fonction de la date du vote du Parlement.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.