Dans Il était une fois l'Europe, l'historien Sylvain Schirmann revient sur des dates emblématiques de l'Histoire de l'Europe toutes les deux semaines sur Euradio.
Aujourd’hui, retour sur le 5 mai1949 et le traité de Londres. Après la reconstruction économique, voilà que l’on parle d’unir politiquement les Européens…
Sylvain Schirmann, comment cette idée s’est-elle imposée ?
Suite au discours de Zurich, l’idée d’un Conseil de l’Europe reprend de la vigueur avec le Congrès de La Haye en mai 1948. Ce congrès qui réunit les partisans de l’unité européenne oppose les tenants d’une Europe fédérale, plus intégrée e qui remettrait en question la souveraineté nationale dans la logique du Manifeste de Ventotene d’Altiero Spinelli, et les tenants d’une Europe intergouvernementale comme le souhaite Churchill qui préside le Congrès. Faute d’accord entre les congressistes, on se rallie à l’idée de démarrer la construction d’une Europe unie par la construction d’une structure intergouvernementale tout en ne fermant pas la porte à une Europe plus intégrée à terme. Reste à savoir si le Royaume-Uni participera ou non à cette organisation. C’est la France qui obtient la participation du Royaume-Uni aux discussions qui doivent donner vie à cette organisation. Celles-ci se déroulent à Londres et s’achèvent par un traité signé le 5 mai 1949.
Sylvain Schirmann, à quoi ressemble cette toute première organisation européenne, le Conseil de l’Europe ?
Le Conseil de l’Europe a pour objectif de travailler à une union sans cesse plus étroite entre les Etats membres sur la base des valeurs que sont la démocratie, l’Etat de droit et les droits de l’homme. C’est donc un projet politique alors que l’économie est du ressort de l’OECE et la sécurité de celui de l’OTAN et de l’UO. L’instance repose sur les institutions suivantes : un conseil des ministres, une assemblée parlementaire et un secrétariat général. On y adjoint par la suite une Cour européenne des droits de l’homme chargé de faire respecter par les Etats les droits des citoyens fixés par la Convention européenne des droits de l’homme que le Conseil adopte au début des années 1950.
Le siège de l’Organisation est fixé à Strasbourg sur proposition d’Ernest Bevin, secrétaire d’Etat au Foreign Office. Officiellement Strasbourg est choisie pour incarner la réconciliation franco-allemande, promesse de paix (alors qu’au moment de la signature du traité l’Allemagne n’existe pas et n’est pas membre du Conseil à ses débuts). En réalité Londres veut éviter que ce Conseil prenne trop d’importance et voulait donc éviter que l’organisation s’installe dans une capitale ou soit facilement accessible à partir des capitales.
La première session du Conseil se tient à Strasbourg en août 1949 : le Conseil des ministres siège à l’hôtel de vielle, l’Assemblée dans l’aula du Palais universitaire de Strasbourg.
Le 5 mai 1949, les Européens franchissent une étape symbolique, ils choisissent de partager un destin politique et des valeurs communes. Et ce n’est qu’un début. Rendez-vous dans notre prochaine chronique : le 9 mai 1950, la Déclaration Schuman.
Un entretien réalisé par Olivier Singer.
