Le « bloc-notes européen » d’Albrecht Sonntag, professeur à l’ESSCA Ecole de Management, à Angers, tous les vendredis sur les ondes d'euradio.
Aujourd’hui, vous voulez passer une « alerte enlèvement » sur notre antenne ?
Oui, c’est une urgence.
Allez-y donc, vite !
Voici le texte qu’il faut faire circuler :
Europe, une jeune fille d’environ 70 ans, vêtue d’un drapeau bleu, a été enlevée mercredi à Strasbourg, dans le Bas-Rhin, aux alentours de midi.
Les principaux suspects sont des hommes et de femmes de nationalité française, ayant profité du manque de précaution de la part du Parlement chargé de surveiller la petite.
Les ravisseurs sont soupçonnés d’avoir procédé à ce kidnapping parce que la jeune fille perturbait leurs bisbilles internes. Ils ont profité de la complicité de leurs groupes parlementaires.
Appel à la population : n’intervenez pas seul, essayez simplement de localiser la victime, et profitez-en pour réfléchir. Voici le numéro de téléphone d’urgence de la cellule de crise mise en place : appelez le 02 40 20 48 00.
Très drôle. C’est le numéro du studio nantais d’Euradio
Eh oui, si la présidence française du Conseil de l’UE continue comme mercredi, Euradio se transformera vite en cellule de crise où on accueillera des citoyens qui sont ébranlés par la manière dont l’élection présidentielle française, cette ogresse gloutonne et insatiable de la vie politique, ingurgite tout sur son passage.
On veut bien jouer ce rôle sur notre antenne, promis. Mais précisez-nous ce qui vous a incité à lancer cette alerte enlèvement.
Ah, j’ai respecté les instructions des autorités à la lettre. Une alerte enlèvement ne peut être déclenchée que dans les cas où
- « il s’agit d’un enlèvement avéré et non d’une disparition, même inquiétante », ce qui est clairement le cas ;
- « la victime est mineure », et à mes yeux, il s’agit d’une jeune fille, très jeune même à l’aune de l’histoire du continent ; et
- « la vie ou l’intégrité physique de l’enfant est en danger », ce qui ne me semble pas exagéré.
Bref : il ne m’a pas paru abusif d’alerter la population.
Effectivement, cela se défend. Avez-vous des informations sur le déroulement de l’enquête ?
Oui, comme je sais de source sûre, il y a eu négligence à tous les niveaux, car il y avait des indices concordants comme quoi un tel enlèvement se préparait pour le premier semestre 2022. Il aurait sans doute fallu mettre la petite à l’abri dans un lieu sûr pendant cette période particulièrement sensible en France. On aurait pu la faire accueillir en République tchèque ou en Suède, par exemple, vu que nous collaborons étroitement avec ces deux partenaires en ce moment. Au lieu de cela, on l’a exposé à tous les dangers dans un grand hémicycle à Strasbourg. Était-ce bien nécessaire ?
Pour ce qui est de l’enquête à proprement parler, elle semble se concentrer sur la ville de Paris, où résident les ravisseurs présumés.
À ce stade de l’enquête, quelles sont les chances de retrouver la jeune fille ?
Je suis optimiste. Elle en a vu d’autres, et je suis prêt à parier qu’elle réapparaîtra saine et sauve dans les mois qui viennent. Elle est fragile, il est vrai, mais elle est plus forte qu’elle ne paraît. Entre nous, si vous me permettez l’expression, je crois qu’elle n’a pas fini d’enquiquiner ses ravisseurs. En tout cas, je vous tiendrai au courant.
Voilà qui nous rassure. Merci d’avoir sacrifié votre créneau à cette information d’urgence de nature exceptionnelle. Retour à la normale la semaine prochaine ?
Retour à la normale, promis.
photo France Diplomatie - MEAE
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