Toutes les deux semaines sur euradio, retrouvez la chronique Fréquence Europe de Radio Judaïca et l’Europe Direct Strasbourg, présentée par Olivier Singer.
La Commission européenne a présenté le 22 mars une nouvelle législation visant à s’attaquer au Greenwashing.
Mais en quoi consiste le Greenwashing ?
Le greenwashing aussi appelé l’écoblanchiment ou même encore le verdissage est un terme qui est apparu à la fin des années 70 quand les consommateur·rices ont commencé à se rendre compte que certaines industries détruisaient la nature et qu’il fallait prendre soin de notre environnement.
Il est aujourd’hui fréquemment utilisé dans les médias, mais aussi sur les réseaux sociaux ou par les influenceurs.
Greenwashing, c’est une contraction du terme whitewashing (blanchir ou dissimuler en anglais) et du terme green, la couleur verte, mais au sens environnemental.
Pour l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, le greenwashing consiste pour une entreprise à orienter ses actions de marketing et sa communication auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse pour notamment améliorer son image ou celle du produit. C’est notamment l’utilisation d’arguments « verts » dans les publicités afin de présenter un produit comme plus durable qu'il ne l’est réellement. C'est du greenwashing
Cette pratique est à la fois trompeuse pour les clients, mais aussi déloyale pour les entreprises qui s’efforcent véritablement d’améliorer leurs performances environnementales.
Avez-vous des exemples de greenwashing ?
On trouve du greenwashing dans quasiment tous les secteurs : la mode, les cosmétiques, les produits de nettoyage, l'agro-alimentaire, l'automobile voire les banques…
Le greenwashing peut consister en l’utilisation de la couleur verte pour faire croire au caractère "naturel" du produit. Il y a aussi l'utilisation de photos de paysage, de nature, de forêt, de plantes, etc. Le greenwashing peut aussi se caractériser par l’utilisation d’un champ lexical vague, trompeur comme « parfum avec des extraits naturel, fraîcheur naturelle, écologique… » qui peut laisser croire que le produit est sain et respectueux de la nature sans en apporter la preuve. L’entreprise peut également minimiser ses impacts négatifs sur l’environnement en mettant en avant ses produits les plus respectueux de l’environnement tout en ignorant les impacts environnementaux de ses activités. On a beaucoup reproché ce type de greenwashing à Total par exemple ou à EDF.
En 2020, la Commission européenne avait analysé 150 allégations de type « emballage composé de plastique recyclé », ou « émissions de carbone neutre », « empreinte climatique réduite » qui figuraient sur des emballages ou des publicités. Et selon cette étude, plus de 53 % de ces allégations étaient vagues, trompeuses et 40 % d’entre-elles n’avaient même aucun fondement
Dès lors qu’a prévu la Commission européenne pour lutter contre le greenwashing ?
Avec cette proposition, la Commission européenne entend désormais interdire toute affirmation qui ne serait pas soutenue par des bases factuelles et scientifiques, accessibles via un QR code ou un site internet. Les États devront veiller à ce que les allégations écologiques soient justifiées « par des preuves scientifiques largement reconnues » et identifier tous les impacts significatifs pour l'environnement.
Dans le viseur de la Commission européenne, il y a également la grande variété de labels «verts» (l’UE en dénombre près de 230 différents). Tous ces labels perdent les consommateurs et suscitent au final un scepticisme général.
Pour éviter la prolifération de nouveaux labels et conforter la confiance dans les labels existants, la Commission européenne propose de renforcer les contrôles par des vérificateurs indépendants. La création de nouveaux labels ne seront autorisés que s’ils garantissent un niveau d’ambition environnementale supérieur au système existant, tel que l’écolabel de l’Union européenne. Ainsi, avec les nouvelles règles, ce serait près de la moitié des labels actuels qui pourrait disparaitre. Même si globalement ce texte a été bien accueilli, certaines ONG auraient souhaité qu’il aille plus loin, en interdisant notamment l’étiquetage controversé « Neutre en carbone ».
C’est désormais aux États membres et au Parlement européen de trouver un accord sur le texte afin de donner l’assurance aux consommateurs que les produits vendus comme écologique le sont véritablement.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.