L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde », sur euradio cherche donc à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
C'est une victoire en demi-teinte pour le parti présidentiel pro-européen en Moldavie. Le parti action et solidarité est arrivé en tête dans près de deux tiers des régions et plus d'un quart des municipalités, mais n'a pas réussi à conquérir les principales villes du pays.
En effet, plus de 12'000 mandats locaux étaient soumis au vote dimanche dernier. Le parti de la Présidente Maia Sandu a récolté plus de 40% des voix pour les élections des maires, conseillers municipaux et autres élus locaux, mais n'a pas obtenu la mairie de Chisinau la capitale, battue par le maire sortant se revendiquant d'abord pro-russe puis désormais pro-occidental.
Le parti présidentiel a fait de ces élections un référendum sur l'Europe. Le résultat de l'élection affecte-t-elle les relations entre la Moldavie et l'Union européenne ?
Le parti présidentiel présente ces résultats comme une victoire pour le mouvement pro-européen en Moldavie. L'exécutif de cette ancienne république soviétique essaie de sortir le pays de l'influence russe et de se rapprocher de l'Union européenne. Le résultat de l'élection étant contrasté, je vous laisse juger de cette victoire ou non. Ce qui est sûr c'est que cette élection n'est pas particulièrement déterminante. D'une part, il reste le second tour qui aura lieu le 19 novembre pour les localités n'ayant pas encore choisi à la majorité des élu•e•s. D'autre part, les élections présidentielles auront lieu dans un an et auront une influence bien plus grande sur l'avenir de la Moldavie dans l'Europe.
Qu'en est-il aujourd'hui des relations entre la Moldavie et l'Union européenne ?
La Moldavie a signé un accord d'association avec l'Union européenne en 2014. C'est donc une coopération rapprochée dans un certain nombre de domaines. La Moldavie a fait un pas de plus vers l'intégration en déposant officiellement sa candidature pour rejoindre l'Union en 2022. Il existe cependant de nombreux obstacles à un rapprochement de la Moldavie à l'Union européenne. L'un d'eux est les forces pro-russes qui sont particulièrement fortes en Moldavie. La Russie souhaite garder son influence en Moldavie et ne voit pas d'un bon œil ce rapprochement.
Y-a-t-il eu des ingérences étrangères et des restrictions liberticides lors de la campagne ?
C'est en tout cas ce que certains observateurs ont dénoncé. Ces derniers se sont rendus en Moldavie pour constater du bon déroulé de la campagne et des élections. Le consensus est que les élections dans leur ensemble se sont bien déroulées, sans tensions particulières, et que les candidat•e•s ont pu assez librement s'exprimer. Néanmoins, certains accusent des partis d'achat de voix. De plus, la loi fut parfois utilisée pour interdire des partis ou censurer des médias. Enfin, les principaux médias sont la propriété d'hommes d'affaires proches de partis politiques, ce qui évidemment ne permet pas d'avoir une campagne saine. Pour faire simple, certains accusent la Russie d'interférence, tandis que d'autres dénoncent l'interdiction de partis pro-russes.
Et aussi des accusations de financements illégaux pour influencer les élections.
C'est effectivement ce que l'OSCE, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a révélé dans un rapport préliminaire. Il y aurait eu des incitations financières venues de l'étranger afin d'altérer le résultat des élections. Les autorités moldaves pointent du doigt la Russie qui aurait financé des groupes criminels.
L'exécutif moldave a décidé deux jours avant les élections d'exclure le parti Chance des élections. Pourquoi ?
Les groupes criminels accusés de bénéficier de financements russes sont dirigés par Ilan Shor, un oligarque en exil en Israël. C'est Shor qui a fondé le parti Chance. Ce parti fait suite à un autre parti de Shor qui fut déclaré inconstitutionnel par la Cour constitutionnel cette année car jugé d'être un agent au service de la Russie. La difficulté que l'OSCE révèle est que dans certaines circonscriptions, il n'y avait plus qu'un candidat en liste, ce qui limite évidemment le choix des électeur•rice•s, et les candidat•e•s exclu•e•s n'avaient aucune voie de recours.