Glyphosate, malgré de nombreux débats sur son impact sur la santé, l'UE ne se prononcera qu'en 2022 pour une éventuelle interdiction ; vaccins Covid, les négociations se poursuivent avec les laboratoires ; Balkans, nouvelles tensions entre la Serbie et le Monténégro après les expulsions des ambassadeurs respectifs de chaque pays.
Pour cette édition, intéressons-nous au glyphosate ! Cette molécule utilisée dans des herbicides continue de faire débat au sein de l’Union européenne. Les Etats membres sont divisés sur la question. En décembre 2022, les dirigeants européens se pencheront à nouveau sur son interdiction. Pouvez-vous d’abord nous rappeler ce qu’est le glyphosate ?
Oui, le glyphosate est un composant que l’on trouve dans des herbicides. Par exemple, dans le Round-up, un produit commercialisé par Monsanto, géant de l’agroalimentaire. Il s’agit de la molécule la plus utilisée au monde. En France, elle représente un tiers des herbicides utilisées. Elle est utilisée principalement pour se débarrasser des mauvaises herbes tant dans la nature qu’en milieu urbain. Par exemple, la SNCF est le plus grand consommateur en France, notamment pour désherber les chemins de fer.
Son impact sur la santé fait débat depuis 2015. L’Organisation mondiale de la santé l’a classé comme « cancérogène probable », ce qui signifie que les experts ont estimé qu'il y a un degré de certitude élevé que l'herbicide peut engendrer des cancers. Mais il s’agit avant tout d’un enjeu politique. Le glyphosate est très utilisé dans l’agriculture et certains Etats craignent que cela ait un impact électoral.
Tout à fait ! En 2017, le glyphosate a failli être interdit par la Commission européenne. Elle a finalement renouvelé l’autorisation de vente pour 5 ans. Plusieurs pays dont la France, la Belgique, la Grèce, l’Italie et Chypre s’étaient opposés à cette autorisation. A ce jour, seul le Luxembourg a décidé de l’interdire totalement. A l’opposé, en Allemagne, le débat est tendu. La ministre de l’agriculture, Julia Klöckner, et la ministre de l’environnement, Svenja Schulze, sont très opposées l’une à l’autre sur ce sujet.
En 2017, le président Macron avait déclaré qu’il voulait interdire le glyphosate et trouver des alternatives dans les trois ans. Pouvez-vous nous dire où en est ce processus ?
La France s’est opposée au renouvellement de l’autorisation faite par la Commission. Néanmoins, une majorité d’Etats l’a approuvé. En octobre dernier, l’Agence de sécurité sanitaire a établi l’interdiction du glyphosate dans les cas où il existe une alternative. Lorsque l’UE devra décider du sort du glyphosate en décembre 2022, ce sera la France qui tiendra la présidence tournante du Conseil de l’UE.
Évoquons maintenant le développement du vaccin contre le Covid-19. L’Union européenne négocie avec les différents laboratoires. Selon la Commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, l’objectif est d’en acheter deux milliards. Chaque Etat membre décidera qui bénéficiera en premier du vaccin.
En effet ! En Allemagne, par exemple, le vaccin sera d’abord fourni aux personnes à risque. Ensuite, à des professions en première ligne comme le personnel de santé, les professeurs et les policiers. L’Espagne et la France prévoient de faire de même.
Une initiative lancée par des citoyens européens avance une idée intéressante. Le vaccin comme bien public?
Oui, des citoyens européens demandent à la Commission que les médicaments et vaccins contre le Covid-19 soient reconnus comme biens publics mondiaux. De cette manière, ils veulent éviter que les grands groupes pharmaceutiques puissent spéculer sur le prix et la disponibilité des vaccins. C’est une médecin belge qui pilote l’initiative, Anne Delespaul. C’est déjà arrivé par le passé. Le vaccin contre la polio, par exemple, n’a pas fait l’objet de brevet. Si la proposition récolte 1 million de soutiens dans un minimum de 7 pays européens, la Commission sera obligée de considérer l’idée. L’un des arguments de ces citoyens est que l’Union européenne a soutenu financièrement ces entreprises. C’est donc en partie à l’aide d’argent public que ces vaccins vont être développés.
Terminons en évoquant les Balkans ! Le torchon brûle entre la Serbie et le Monténégro. Samedi, les ambassadeurs respectifs ont été expulsés de chacun des deux pays. Les relations entre les deux Etats sont difficiles notamment en raison de leur passé commun. En 2006, le Monténégro proclame son indépendance de la Serbie. Fait qui laisse encore des marques aujourd’hui.
En effet, Vladimir Bozovic, l’ambassadeur de la Serbie a été expulsé samedi. En 1918, le Monténégro rejoint le Royaume de Yougoslavie, dominé par les Serbes. Vendredi passé, devant une association de Serbes du Monténégro, il s’est félicité de cette unification des peuples, la qualifiant de libération. Une déclaration qui n’a pas manqué de provoquer l’ire des autorités monténégrines. En 2018, le parlement monténégrin a d’ailleurs déclaré cette unification comme nulle. Il a donc expulsé l’ambassadeur serbe. La Serbie a fait de même avant de finalement se raviser.
Ces tensions s’inscrivent dans le long processus de réorientation vers l’Ouest au Monténégro. Un processus qui date depuis l’indépendance du pays en 2006.
Tout à fait ! Il faut rappeler que l’indépendance du Monténégro a été votée avec seulement 55% des voix. La thématique divise donc ce petit Etat, où 30% de la population se considère comme serbe.
En 2008, le parti démocratique socialiste a officiellement posé la candidature du Monténégro à l’Union européenne. En 2017, le pays a rejoint l’OTAN. En août, les socialistes ont été renversés par une coalition hétéroclite et pro-serbe rassemblant nationalistes et libéraux. Le nouveau premier ministre, Zdravko Krivokapic a néanmoins assuré à plusieurs reprises qu’il maintenait l’orientation pro-européenne du Monténégro.
Victor D’Anethan – Thomas Kox
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