Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 5 octobre

Aujourd'hui en Europe - Lundi 5 octobre

Les combats font rage depuis une semaine entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, dans le Nagorno-Karabakh, et ce, en dépit des appels de la communauté internationale à cesser le feu ; procès particulier en Italie où Matteo Salvini, le leader de la Lega, le parti d’extrême droite italien, est accusé de kidnapping ; avancée notable dans le domaine des transports : le parlement européen et le Conseil de l’UE ont conclu un accord provisoire pour élargir les droits des usagers du rail.

Pour cette nouvelle édition, faisons un état des lieux du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Le 27 septembre, des combats ont éclaté entre les deux pays dans le Nagorno-Karabakh. Les combats font rage depuis une semaine et ce, en dépit des appels de la communauté internationale à cesser le feu. Dans quel contexte intervient cette flambée des violences ?

Le Nagorno-Karabakh est une région peuplée majoritairement d’Arméniens et qui fit sécession de l’Azerbaïdjan, il y a 30 ans, alors que l’URSS ne s’était pas encore effondrée. C’était le début d’une guerre particulièrement violente qui allait faire plus de 25.000 morts. Le conflit n’avait pris fin qu’avec la signature d’un cessez-le-feu signé en 1994 alors que l’Arménie et l’Azerbaïdjan sortaient de ce conflit exsangues. 

La résurgence du conflit était à prévoir. Cela fait plusieurs années que les deux pays renforcent leurs capacités militaires dans l’attente d’une confrontation. L'Azerbaïdjan, riche de ses exportations d’hydrocarbures, a notamment pu investir massivement depuis des années dans des armements derniers cris importés, notamment, d’Israël. 

Le conflit avait déjà donné lieu au cours des dernières années à quelques montées de violences, notamment en avril 2016. Plus récemment en juillet 2020 quand des échanges meurtriers avaient eu lieu, faisant plusieurs victimes parmi des officiers de haut-rang côté azerbaïdjanais. Le président Azerbaïdjanais, l’autocrate Ilham Aliyev, a toujours promis à son peuple de récupérer ce territoire. 

Où en la situation à ce jour ? Aucun des deux camps ne semble vouloir une désescalade des hostilités.

Tout à fait ! A ce jour, il est difficile d’évaluer l’état du conflit. on ne sait d’ailleurs pas véritablement qui a déclenché les hostilités et chacun des camps en attribue la responsabilité à la partie adverse. Les deux belligérants revendiquent des succès militaires et annoncent des pertes élevées chez l’autre. Malgré les points d’interrogation il apparait plus que certain que le bilan a déjà dépassé les 250 morts. De nombreux villages sont bombardés et la population civile n’est pas épargnée. Le caractère montagneux du territoire et la forte proximité de villages et villes près de la ligne de front rendent peu plausible un dénouement rapide. Le conflit risque de traîner en longueur avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut avoir. Bakou a d’ailleurs annoncé que le retrait des forces arméniennes était sa « seule condition » pour un cessez-le-feu. 

Ce conflit ne concerne pas que l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Russie ont des intérêts dans la région ?

En effet, la Turquie soutient ouvertement l’Azerbaïdjan, en raison d’une proximité religieuse et linguistique. Ce soutien s’inscrit dans la volonté de la Turquie d’augmenter sa présence dans la région. Depuis plusieurs mois, les forces turques et azerbaïdjanaises réalisent des exercices militaires conjoints. 

Du côté de la Russie, Moscou soutient l’Arménie, où se trouve d’ailleurs une base russe d’envergure et est liée par un traité de sécurité collective. Néanmoins, cela fait des années que Moscou vend des armes aux deux pays, utilisant ce conflit comme un moyen de garder un puissant levier sur la zone. La Russie appelle à un cessez-le-feu, notamment parce qu’une victoire de l’Azerbaïdjan avec le soutien de la Turquie se traduirait probablement par une diminution de l’influence russe. 

Dirigerons-nous maintenant vers l’Italie où un procès particulier se déroule. Matteo Salvini, le leader de la Lega, le parti d’extrême droite italien, est accusé de kidnapping. Quels sont les faits qui lui sont reprochés ?

Et bien, il répond au chef d’accusation de kidnapping pour des faits remontant à l’année passée. Il avait empêché 116 réfugiés secourus en mer, de débarquer de leur bateau, et ce, pendant 5 jours. Cela équivaudrait à une séquestration, donc à une sorte de kidnapping, acte puni par des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison. S’il était condamné à plus de deux ans de prison, il serait automatiquement interdit de mandat public pour au moins 6 ans. Son acte faisait partie de sa politique dite de « fermeture des ports », lorsqu’il était ministre de l’intérieur. Il défend de manière véhémente et provocatoire une politique fortement anti-migrant. 

Ce procès pourrait avoir des conséquences politiques, c’est-à-dire, constituer une tribune pour l’extrême droite ?

Oui, Matteo Salvini, le leader du parti d’extrême droite, a décidé de transformer ce procès en événement politique. De nombreux militants et élus de différents partis de droite sont attendus pour une convention de trois jours, dans la ville de Catane où se situe le tribunal saisi. Se succéderont meetings, dîners et concerts.

La Ligue, le parti d’extrême droite, est toujours le parti le plus populaire d’Italie, mais est malgré tout descendu dans les sondages de 34 à 25%. Néanmoins, sa position anti-immigration a du succès, même en dehors de sa base électorale. Ce procès lui permet de ramener la question migratoire sur le devant de la scène. Débat qui avait été occulté par la pandémie.

Terminons par une avancée notable dans le domaine des transports. Le parlement européen et le Conseil de l’UE ont conclu un accord provisoire pour élargir les droits des usagers du rail. La tentative avait échouée avant l’été, et les deux institutions ont finalement réussi à s’entendre sur un texte. Quelle est donc l’évolution proposée par cet accord ?

Et bien l’accord, prévoit un meilleur traitement des passagers en cas de retards et d’annulation, appelle à faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite et à créer plus d’espaces pour les vélos. En cas d’un retard de plus de 100 minutes, les compagnies ferroviaires devront garantir aux passagers qu’ils atteindront leur destination. Par exemple, en leur fournissant un trajet alternatif. 

Le Conseil et le parlement doivent maintenant chacun approuver le texte formellement. 

Tout cela a l’air très positif mais pourtant le texte prête le flanc à la critique, n’est-ce pas ?

Tout à fait, certaines associations de consommateurs ont considéré que c’était une occasion manquée de faire du rail le nouveau moyen de transport-phare. Surtout, ce qui irrite, c’est l’introduction d’une clause de « force majeure ». Celle-ci permet aux compagnies de ne pas rembourser un voyage si l’annulation est due à des conditions météorologiques extrêmes ou à une crise de santé publique. Selon le Bureau européen des unions de consommateurs, cela augmenterait les litiges car la notion est trop large. De plus, le texte ne ferait pas assez pour établir un véritable ticket unique à travers l’Europe. 

Victor D'Anethan - Thomas Kox