L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Démission du Premier ministre d'Irlande du Nord Paul Givan
- Un accord environnemental enfin trouvé entre la Pologne et la Tchéquie
- Croissance économique record pour plusieurs membre de l'UE
Démission du Premier ministre d'Irlande du Nord Paul Givan
Commençons ce journal en évoquant les derniers rebondissements qui agitent l’Irlande du Nord. Jeudi dernier, le premier ministre unioniste Paul Givan a démissionné de son poste, afin de dénoncer les conséquences du protocole nord-irlandais. Pouvez-vous nous rappeler à quoi correspond cet accord ?
Cet accord, qui fait partie des négociations du Brexit, vise à maintenir l’Irlande du nord au sein de l’union douanière de l’UE, et cela même si cette région fait partie intégrante du Royaume-Uni. C’est la solution qui a été trouvée par Bruxelles et Londres pour garder ouverte la frontière entre les deux Irlande mais elle est contestée car elle établit une différence entre une partie du Royaume-Uni restée dans l’union douanière européenne et une autre qui en est sortie. Ce protocole est conçu pour empêcher le rétablissement d’une frontière physique avec la République d’Irlande, qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies d’affrontements sanglants.
Pourtant ce protocole pourrait remettre en cause l’attachement de l’Irlande du nord au reste du Royaume-Uni selon le parti unioniste irlandais, le DUP.
Oui, le DUP, est profondément attaché au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. Au sujet du protocole, le chef de file du DUP, Jeffrey Donaldson a déclaré être “convaincu que [ce dernier] représente une menace existentielle pour le Royaume-Uni et pour l'avenir de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni”. En se retirant, le premier ministre Paul Givan et son parti espèrent ainsi peser sur les pourparlers qui continuent entre le Royaume-Uni et l’UE. Une stratégie qui a peu de chance d’être payante si l’on en croit la classe politique nord-irlandaise, qui considère ce coup d’éclat comme une “farce”.
Cette démission plonge néanmoins l’Ulster, autre nom de l’Irlande du nord, dans une nouvelle crise politique.
Effectivement, et cela tient au système politique particulier du pouvoir exécutif en Irlande du nord. En effet, les postes ministériels sont distribués entre tous les partis ayant une représentation importante au sein de l’Assemblée. Un gouvernement ne peut donc pas être formé si un des quatre partis majeurs refuse d’y participer. C’est pourquoi, le retrait de Paul Givan et du DUP fait s’effondrer la coalition gouvernementale. Les irlandais du Nord avaient déjà été privés de gouvernement de 2017 au début de l’année 2020.
Une décision stratégique du parti unioniste alors que les élections se rapprochent.
Tout à fait, par la démission du premier ministre, le parti unioniste espère mettre l’accent sur le mécontentement des électeurs vis-à-vis du protocole nord-irlandais. L’enjeu est de taille pour le DUP qui est en passe de perdre sa position de parti majoritaire au sein du gouvernement selon les sondages. Si c’est le cas il perdra aussi le poste de premier ministre, qui irait au parti adverse, le Sinn Fein, le parti catholique nationaliste qui prône la réunification des deux Irlande.
Un accord environnemental enfin trouvé entre la Pologne et la Tchéquie
Continuons ce journal en nous rendant en Pologne. Le pays a signé jeudi dernier un accord avec la Tchéquie concernant les pratiques environnementales de la mine de lignite de Turow. Cet accord devrait amener les Tchèques à retirer leur plainte concernant Turow auprès de la Cour de justice de l'Union européenne. Pouvez-vous nous rappeler l’historique de ce contentieux ?
Oui, l'accord signé met fin à une âpre dispute entre les deux partenaires du groupe de Visegrad. En effet, la Pologne et la Tchéquie sont à couteaux tirés au sujet de la mine depuis 2019. Prague a fait valoir que la Pologne a agrandi la mine en violation des lois environnementales de l'UE, en particulier de la directive sur l'impact environnemental, en ne les consultant pas correctement.
Que contient cet accord ?
Conformément à l'accord, Varsovie a accepté de verser à Prague 35 millions d'euros de compensation, de construire des infrastructures pour empêcher l'écoulement des eaux et de s'efforcer de réduire la pollution atmosphérique et sonore. Les deux parties ont également convenu d'une période de surveillance de cinq ans pour s'assurer que les conditions de l'accord soient respectées.
Cet accord signe donc le retour à la normale des relations entre la Pologne et la Tchéquie, mais fait grincer des dents les organisations environnementales.
Oui, Greenpeace a vivement critiqué l’accord signé jeudi dernier, déclarant qu’il ne fixait aucune limite à l’exploitation minière. L’association doute également de l’efficacité des infrastructures promises par la Pologne. Cependant, cet accord représente une excellente nouvelle pour Varsovie, qui souhaite maintenir ouverte la mine pour encore deux décennies, en raison de son importance économique et énergétique.
Croissance économique record pour plusieurs membre de l'UE
Terminons ce journal en évoquant les récents chiffres de la croissance en Europe. Après la récession qu’ont connue les économies à la suite de la crise sanitaire, un rebond était attendu. Et il ne déçoit pas, puisque certains États membres connaissent une croissance record à la fin de l’année 2021.
Effectivement, en France notamment, la croissance du PIB s’est élevée à 7%, une situation jamais vue depuis plus de 52 ans. De son côté l’Espagne rebondit à 5% et l’Allemagne à 2,8%. Des chiffres de la croissance qui s’accompagnent également d’une baisse spectaculaire du chômage dans l’ensemble des Etats membres. Eurostat a annoncé mardi 1er février que le taux de chômage de la zone euro a atteint 7 % de la population active en décembre, en baisse de 0,1 point par rapport à novembre, soit son plus bas niveau depuis avril 1998.
Une situation au beau fixe, seulement ternie par la montée apparemment sans fin de l’inflation au sein de la zone euro.
Oui, l'inflation a atteint 5,1 % sur douze mois alors que les économistes tablaient sur un ralentissement au mois de janvier. Jeudi dernier, la BCE a néanmoins cherché à se montrer rassurante. Alors que les autres banques centrales ont décidé d’agir pour juguler l’inflation, la BCE, elle, continue de temporiser. Elle a malgré tout décidé de resserrer les règles adoptées par Francfort en décembre, et fixe la prochaine réunion au mois de mars prochain afin de donner une “analyse plus approfondie” des conséquences éventuelles d'une telle inflation sur la zone euro.
Thomas Kox - Juliane Barboni
Photo : PA Images via Getty Images
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