Lutte contre l'épidémie de Covid-19, les chefs d'Etat se réunissent pour plus de coordination entre les EM ; protection environnementale, les écocides bientôt sanctionnés pénalement ; Allemagne, ouverture d'une enquête contre le parti d'extrême droite AFD ; Brexit, climat toujours polaire entre l'UE et Londres.
Jeudi soir, le 21 janvier, à 18h se tenait un Sommet européen consacré à la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Alors que tous les Etats européens ont démarré leur campagne de vaccination et cherchent à sortir de la crise quels étaient les principaux enjeux de cette réunion ?
Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont effectivement retrouvés ce 21 janvier en visioconférence.
Un conseil européen dont l’objectif était de renforcer la coordination des 27 ainsi que leurs stratégies face à l’épidémie qui, malgré les débuts de la vaccination, continue de toucher très fortement l’Europe.
Alors qu’on observe un durcissement des restrictions dans plusieurs pays et de vives critiques sur la lenteur des campagnes de vaccination, ce sommet est apparu comme un effort pour plus de coordination à l’heure où, par exemple, la Hongrie vient d’autoriser l’usage du vaccin russe Sputnik V, plutôt que ceux autorisés par l’UE, et que le laboratoire Pfizer-BioNTech connaît des retards de livraison de ses vaccins.
Soutenue par la Commission, l’Italie a d’ailleurs annoncé qu’elle va poursuivre le laboratoire en justice du fait de ses retards.
Un des sujets du sommet est également, dans ce contexte, le renforcement des contrôles aux frontières. Un sujet qui a d’ailleurs conduit les Etats à passer un accord, la veille du sommet, permettant la reconnaissance mutuelle des tests antigéniques.
Oui ces tests antigéniques sont considérés comme une solution pour contrôler rapidement les voyageurs. La Commission encourage depuis le mois de novembre leur utilisation, mais certains pays comme l’Irlande refusaient de les accepter. La semaine dernière, le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Clément Beaune, avait déploré ce manque de coordination. Dans l’optique d’un retour des contrôles sanitaires aux frontières, les Etats avaient tout intérêt à adopter cet accord sur les tests rapides, qui devrait rendre moins difficile la poursuite des flux transfrontaliers de marchandises et de travailleurs.
Au cours du sommet, la création d’un passeport européen de vaccination a été évoquée. De quoi s’agit-il ?
La mise en place d’un tel outil est soutenue par les pays qui dépendent fortement du tourisme, à l’instar de la Grèce ou encore du Portugal. Selon l’eurodéputée portugaise Claudia Monteiro de Aguiar, l’objectif serait de permettre aux personnes vaccinées de voyager plus facilement. Mais la France et la Belgique s’opposent au lancement d’un tel document qui pourrait être considéré comme discriminatoire.
Un tel passeport de vaccination pourrait nuire aux droits et libertés de tous ceux qui ne sont pas encore vaccinés, ou ceux qui ne le souhaitent pas.
Attardons-nous à nouveau sur les travaux des institutions européennes, avec l’adoption ce mercredi 20 janvier par le Parlement européen d’un amendement demandant que les crimes contre l’environnement soient inscrits dans le droit international.
Tout à fait ! Les eurodéputés ont adopté d’une courte majorité un amendement majeur pour la protection environnementale. Cet amendement vise à inscrire l’écocide au Statut de Rome, le document fondateur de la Cour pénale internationale.
Quelles seront les conséquences de cet amendement qui devrait aussi impliquer la Cour Pénale Internationale ? Jusqu’à présent elle ne s’occupait pas des cas d’écocide, qui désigne le fait de détruire des écosystèmes mais cela devrait changer dans le cadre de cette nouvelle législation.
Oui c’est vrai. Même si la CPI punit déjà les atteintes graves à l’environnement en temps de guerre, aucune disposition n’est prévue pour juger ceux commis en temps de paix.
L’objectif est de considérer l’écocide au même titre qu’un crime contre l’humanité et de permettre à la Cour de les sanctionner. Après ce vote du Parlement, c’est maintenant au tour des Etats-membres de l’UE de se positionner sur la question auprès de la CPI pour aller vers une modification du droit international.
La France de son côté a également annoncé un projet de loi pour introduire un “délit d’écocide”, bien que la député européenne écologiste Marie Toussaint critique un affaiblissement du terme “délit” par rapport à celui de “crime”.
Dirigeons-nous maintenant vers l’Allemagne où une enquête va s’ouvrir sur l’ensemble du parti d’extrême-droite AFD, Alternativ für Deutschland. Qu’est-ce que cette enquête pourrait impliquer concrètement ?
Selon les médias allemands, l’ouverture de cette enquête permettra à l’Office fédéral pour la protection de la Constitution de surveiller les membres du parti et leurs activités. Après une enquête sur le racisme dans la police en septembre, il s’agit de la deuxième enquête sur l’AFD en moins d’un an, et elle a été saluée par les autres grands partis. Déjà en avril, la faction de l’AFD appelée “L’Aile” avait dû être dissoute et son dirigeant Andreas Kalbitz avait été expulsé du parti. Pour lutter contre cette montée de l'extrême-droite et du racisme en Allemagne, un paquet de mesures antiracistes avait été présenté en novembre, assorti d’un budget de plus d’un milliard d’euros.
Terminons cette édition avec un nouvel épisode post-Brexit révélateur d’un climat toujours polaire entre l’UE et Londres. Le Royaume-Uni refuse en effet d’accorder un statut diplomatique à l’ambassadeur de l’UE dans la capitale britannique. Une décision qui génère des tensions alors que le pays a officiellement quitté l’Union européenne depuis janvier 2020, et que la période de transition d’un an est maintenant terminée.
En effet, la BBC a rapporté jeudi 21 janvier que le ministère des Affaires étrangères britannique refuse toujours d’accorder au chef de la délégation de l’UE à Londres Joao Vale de Almeida les mêmes privilèges diplomatiques que ceux accordés aux diplomates des pays.
Dans une lettre envoyée au ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell n’a pas caché un certain agacement en rappelant que les britanniques s’étaient engagés à accorder un statut complet aux diplomates de l’Union. L’UE a aussi rappelé que ses 143 délégations dans le monde bénéficient toutes d’un statut intégral, sauf celle de Londres.
Image: diamond geezer, CC BY-NC-ND 2.0