L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Crise diplomatique majeure entre Paris, Washington et Canberra
- La Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, remporte les élections législatives
- Huitième sommet des pays du Sud de l'Europe à Athènes
Crise diplomatique majeure entre Paris, Washington et Canberra
Débutons ce journal en revenant sur l’annonce, le 15 septembre dernier, du nouveau pacte de sécurité “Aukus” entre les US et l’Australie, qui a déclenché une crise diplomatique majeure entre Paris, Washington et Canberra.
Cet accord, qui inclut également le Royaume-Uni, doit permettre à l’Australie d’obtenir la technologie américaine nécessaire à la construction de sous-marins à propulsion nucléaire, et donc de mieux rivaliser avec la Chine dans la région du Pacifique. Mais en acceptant ce partenariat, l’Australie a décidé d’annuler un précédent contrat passé avec la France en 2016, et qui prévoyait l’achat de 12 sous-marins. Malgré l’avancement du chantier et les dépenses engagées, la France se voit forcée de renoncer à ce contrat de 56 milliards d’euros. Pour couronner le tout, le gouvernement français n’aurait été mis au courant que quelques heures avant l’annonce au public, alors que le lancement de cette alliance “Aukus” était secrètement en gestation depuis 18 mois.
En réaction à cette crise, la France a décidé, vendredi 17 septembre, de rappeler ses ambassadeurs à Washington et Canberra. C’est la première fois que Paris rappelle son ambassadeur à Washington, un geste qui en dit long sur le ressentiment de Paris dans cette affaire.
Oui, samedi le ministre des affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian s’est exprimé sur ce qu’il décrit comme “une crise grave”. Il a dénoncé un “mensonge (…), une rupture majeure de confiance” et un “mépris” de la part des alliés de la France. S’il a déclaré n’avoir vu “aucune nécessité de rappeler l’ambassadeur français au Royaume-Uni,” il n’a pas hésité à accuser Londres “d'opportunisme permanent”.
Si d’un côté la Maison Blanche entend déjà “discuter avec Paris pour résoudre le différend” à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU qui se tient du 21 au 27 septembre, les autorités françaises ne semblent pas prêtes à passer l’affront dans l’immédiat.
En effet, selon Jean-Yves Le Drian, cet épisode va au contraire compliquer la définition du nouveau concept stratégique de l’OTAN lors du prochain sommet de l’alliance à Madrid. Côté britannique, la ministre des affaires étrangères Liz Truss s’est dite prête à faire preuve de “fermeté” dans la défense des intérêts britanniques, même si cela signifie nuire aux relations avec la Chine et la France.
De façon plus générale, est-ce que les relations entre les Etats-Unis et l’Union européenne peuvent être impactées par cette affaire ?
Il est significatif d’observer que l’annonce de ce pacte entre les Etats-Unis et l’Australie a eu lieu la veille de la publication par l’UE de son document de stratégie indo-pacifique, prévue de longue date, ce qui ne peut pas manquer d’être considéré comme un pied de nez de plus de la part de certains acteurs.
Par conséquent, on peut s’attendre à ce que les Européens placent désormais davantage d’espoir dans le développement d’une autonomie stratégique et militaire proprement européenne. Une opinion défendue depuis un certain temps par la France, et plus récemment par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur l’état de l’Union le 16 septembre.
La Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, remporte les élections législatives
Tournons-nous maintenant vers l’Est, en Russie, où étaient organisées des élections législatives du 17 au 19 septembre, pour élire les 450 représentants à la Douma, le Parlement. D’après les résultats provisoires, c’est Russie unie, le parti de Vladimir Poutine qui remporte l’élection, avec 44% des voix. Un résultat guère surprenant ?
Non, c’est un scrutin présenté comme “sans surprise” tant par la presse que par les gouvernements européens. Du fait d’une loi contre les influences et financements venant de l’étranger, le gouvernement russe a pu, dans le contexte de l’élection, imposer aux partis de l’opposition le statut “d’agents de l’étranger” et donc leur refuser le droit de participer au scrutin. Malgré une popularité en baisse, c’est donc le parti de Vladimir Poutine qui a remporté ces élections, loin devant le Parti communiste de la Fédération de Russie, qui obtient le second meilleur score avec 24,6% des voix.
Vladimir Poutine n’a pas non plus ménagé ses efforts pour entraver le travail des observateurs extérieurs de l’élection.
Oui, l'OSCE a par exemple renoncé à dépêcher des observateurs électoraux dans le pays. On retiendra aussi le cas de l’ONG Golos qui, malgré le fait qu’on lui ai imposé ce fameux statut “d’agent de l’étranger”, est parvenue à identifier au moins 4 600 “irrégularités”. L’ONG pointe du doigt des scènes de bourrage d’urnes ou encore des violences et pressions contre les électeurs. Des irrégularités rejetées par la présidente de la Commission électorale Ella Pamfilov, qui considère les infractions “bien moindres que par le passé.”
Huitième sommet des pays du Sud de l'Europe à Athènes
Pour finir, direction Athènes, en Grèce, où s'est tenu vendredi 17 septembre le huitième sommet des pays du Sud de l'Europe, aussi appelé UE MED.
Oui, les représentants de neuf pays européens se sont rassemblés pour discuter notamment du « changement climatique », et de la réponse à donner face aux feux de forêts, dont la Grèce, mais aussi l'Italie, la France ou encore Chypre ont particulièrement souffert cet été. Le gouvernement français et le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont ainsi défendu le besoin de rendre plus accessible le mécanisme européen de protection civile, qui permet à un pays d’avoir accès à des renforts humains et matériels d’autres Etats-membres de l’UE, notamment en cas de catastrophe naturelle.
Les participants au sommet ont aussi abordé les « défis sécuritaires », dont la crise afghane et une éventuelle vague migratoire.
Oui c’est vrai, en raison de l’offensive puis de la prise du pouvoir par les Talibans en Afghanistan, les Européens craignent des flux migratoires comparables à la crise migratoire déclenchée en 2015 par la guerre en Syrie. En Grèce, les Afghans représentent déjà près de la moitié des arrivées de migrants depuis le début de l’année, mais Athènes a annoncé qu’elle ne serait plus une « porte d’entrée de l’Europe ». A ce propos, les dirigeants européens ont donc relancé les discussions sur le pacte européen sur la migration et l’asile, dont les négociations ont été suspendues à cause de la pandémie.
Juliane Barboni - Ulrich Huygevelde
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Photo par Gary Bembridge