Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 23 février

Aujourd'hui en Europe - Mardi 23 février

Manifestations dans plusieurs villes espagnoles la semaine dernière suite à l’arrestation d’un rappeur pour apologie du terrorisme et injure à la famille royale ; la Géorgie, théâtre d’une crise politique sans précédent ; deux jugements au Royaume-Uni et aux Pays-Bas pourraient faire jurisprudence sur le statut des chauffeur·ses et des livreur·ses Uber et Deliveroo ; annonce des dirigeant·es des pays du G7 de leur volonté de fournir des vaccins aux pays moins riches.

Manifestations dans plusieurs villes espagnoles la semaine dernière suite à l’arrestation d’un rappeur pour apologie du terrorisme et injure à la famille royale.

Débutons ce journal en évoquant les manifestations qui ont secoué plusieurs villes espagnoles la semaine dernière suite à l’arrestation d’un rappeur pour apologie du terrorisme et injure à la famille royale. De nombreux·ses jeunes sont descendu·es dans la rue pour soutenir la liberté d’expression. Mais ces manifestations divisent les commentateur·rices et la coalition au pouvoir.

Oui, des manifestations ont éclaté en Espagne depuis mardi 16 février et notamment en Catalogne en soutien au rappeur Pablo Hasél. Pour de nombreux observateurs, ces manifestations qui ont donné lieu à des actes de vandalisme sont le symptôme d’une colère accrue chez les jeunes, durement affecté·es par le contexte actuel.

Cette contestation a provoqué une division au sein de la coalition gouvernementale, car le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a condamné les violences alors que le parti de gauche radical Podemos, qui fait aussi partie de la coalition a, de son côté, affiché son soutien aux manifestant·es.

La Géorgie, théâtre d’une crise politique sans précédent

Dirigeons-nous maintenant vers l’Est de l’Europe, en Géorgie. Ce pays du Caucase est en effet le théâtre d’une crise politique sans précédent et le Premier ministre Guiorgui Gakharia a démissionné pour protester contre la décision d’un tribunal d’emprisonner Nika Melia, chef du plus grand parti d’opposition, le Mouvement national uni.

Tout à fait, la démission jeudi 18 février du Premier ministre issu du parti du Rêve géorgien illustre les fragilités du pluralisme dans ce petit pays du Caucase. Cette démission précipitée intervient alors que le pays connaît depuis longtemps un climat de très forte polarisation. L’opposition qui conteste le résultat des dernières législatives d’octobre 2020 réclame depuis des élections anticipées et boycotte le parlement.

Une crise politique sur fond de crainte d’influence russe.

Oui, l’influence de Moscou est bel et bien au cœur des tensions politiques de ce pays qui rappelons-le a connu une courte guerre avec la Russie en 2008, et dont 2 régions l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie ont fait sécession depuis le début des années 1990, là aussi avec le soutien de Moscou. 

Le président du premier parti d’opposition Nika Melia, violemment arrêté mardi 23 février, est accusé d’avoir organisé des « violences de masses » lors des manifestations historiques de juin 2019 suite la venue d’un député russe au parlement géorgien. Les partisans de Nika Melia dénoncent une décision ‘politique’. Le fait que le jugement ait été annoncé sur la chaîne de télévision pro gouvernementale Imedi trois heures avant le juge lui-même semble donner corps à leurs accusations. 

Beaucoup en Géorgie voient derrière ces derniers développements la main du fondateur du parti le Rêve Géorgien, le multi milliardaire Bidzina Ivanichvili qui a fait fortune en Russie, et que l'opposition accuse de toujours contrôler le pays en sous-main même s’il s’est officiellement retiré de la vie politique. Le prochain Premier ministre est d’ailleurs un de ses fervents supporters. 

Deux jugements au Royaume-Uni et aux Pays-Bas pourraient faire jurisprudence sur le statut des chauffeur·ses et des livreur·ses Uber et Deliveroo

Attardons-nous maintenant sur deux autres décisions judiciaires, cette fois au Royaume-Uni vendredi dernier et au Pays-Bas mardi 16 février. Deux jugements qui risquent de faire jurisprudence sur le statut des chauffeurs et des livreurs qui travaillent pour les plateformes numériques comme Uber et Deliveroo.

En effet, les chauffeurs Uber au Royaume-Uni et les livreurs de repas de Deliveroo au Pays-Bas étaient jusqu’à présent considérés comme des indépendants, mais la Cour suprême britannique et la cour de justice d’Amsterdam ne sont pas du même avis.

Ainsi, selon les deux cours, ils doivent être considérés comme des travailleurs et peuvent donc exiger un contrat de travail, qui leur donne bien plus de droits que le statut d’indépendant comme un salaire minimum ou des indemnités en cas de maladie. Ceci risque de remettre en cause le modèle économique de ces plateformes qui rémunère les travailleurs uniquement à la course effectuée.  

Ces deux jugements font écho en France à l’avis émis par la Cour de cassation le 4 mars 2020 qui estime que les chauffeurs Uber doivent être considérés comme des salariés. Plus récemment à Bruxelles, les eurodéputés ont demandé, le 10 février, à une très large majorité de renforcer le cadre législatif européen sur des conditions de travail minimales, notamment des travailleurs de l’économie numérique. Les jugements prononcés n’ont pas engendré une refonte au niveau national des conditions précaires des travailleurs de ces plateformes mais au niveau local, plusieurs initiatives ont vu le jour.

Tout à fait, pour s’affranchir des conditions des plateformes numériques, plusieurs livreurs à vélo ont par exemple lancé leur coopérative en Europe. Il y en a une vingtaine en France, comme à Strasbourg, à Bordeaux ou encore à Nantes. Ces structures permettent aux livreurs d’être salariés car cette profession n’a cessé de se précariser.

De plus, la pandémie a entraîné des pertes d’emplois qui ont augmenté le nombre de livreurs sur les plateformes. Ils acceptent plus facilement de faire une course pour quelques euros. Une précarisation accentuée par la sous-location illégale de comptes de livreurs à des sans-papiers.

Les dirigeant·es des pays du G7 veulent fournir des vaccins aux pays moins riches.

Terminons ce journal par l’annonce vendredi dernier des dirigeants des pays du G7 de leur volonté de fournir des vaccins aux pays moins riches.

Oui Thomas, vendredi dernier, les dirigeant·es du G7 se sont accordé·es pour augmenter leur contribution à la vaccination anti-covid à travers le programme Covax piloté par l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé. Ce programme a pour objectif de distribuer 2 milliards de doses dans le monde avant la fin de l’année. L’UE a ainsi doublé sa contribution à ce programme pour atteindre 1 milliard d’euros. 

Les pays occidentaux affichent donc leur solidarité mais nombreux sont ceux qui dénoncent la frénésie sur les vaccins par les pays riches.

En effet, questionné lundi sur les engagements pris par les pays du G7, le directeur général de l'OMS accuse certains pays riches de « saper » la distribution des vaccins destinés aux pays défavorisés en approchant directement les fabricants pour obtenir des doses supplémentaires.

Une étude publiée vendredi 19 février par le mouvement ONE, qui lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables, fait le même constat. Dix pays ont administré 75% des vaccins disponibles dans le monde alors que 130 pays n’ont reçu aucune dose. L’UE a par exemple signé des contrats lui garantissant pas moins de 2,6 milliards de doses de vaccins.

Ainsi, en vaccinant tous les européens deux fois, il devrait théoriquement lui rester encore 500 millions de doses. Enfin, l’étude rappelle que si le virus circule toujours à travers le globe, il continuera à muter, à traverser les frontières et causer des ravages sur les communautés locales et sur l’économie mondiale.

Thomas Kox - Armand Duthil

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