L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- La Boussole stratégique de l'UE
- Guerre en Ukraine : des sanctions européennes qui divisent les leaders du continent
- Les répercussions de la guerre sur l'agriculture en Europe
La Boussole stratégique de l'UE
Cette semaine, alors que la guerre se poursuit en Ukraine, l’activité diplomatique s’accélère à Bruxelles. Les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense se sont d’ailleurs réunis ce lundi pour transmettre la dernière version de la “boussole stratégique”, la stratégie militaire coordonnée de l’UE. De quoi s’agit-il exactement ?
Initiée en juin 2020, la « Boussole stratégique » est un cadre opérationnel pour le développement et la prise de décision de l’UE dans le domaine de la défense. Cette boussole, ou “livre blanc” de la défense européenne a été présentée par le service européen pour l’action extérieure pour la première fois en novembre 2021 aux ministres des Affaires étrangères et de la Défense, et se fonde sur quatre pilliers : la gestion de crise, le développement des capacités, la compréhension des menaces et enfin, le renforcement de partenariats à l’extérieur de l’Union, avec l’OTAN ou l’Union africaine par exemple.
Ces quatre points visent donc à renforcer l’autonomie stratégique de l’Union européenne en matière de défense. Pour Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, “l’UE doit être en mesure d’identifier avec précision les périls qui guettent son avenir et être à même de répondre efficacement à ses ennemis”. C’est en tout cas pour répondre à ces enjeux que la boussole stratégique est discutée au niveau européen, et est devenue un enjeu stratégique important en raison du contexte international actuel.
En préparation depuis deux ans, la dernière version approuvée ce lundi, a été réécrite pour prendre en compte l’invasion russe en Ukraine.
Oui effectivement, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense ont finalement validé le texte de la boussole stratégique ce lundi après plus de deux ans de discussions sur son texte. Le “livre blanc de la défense” a connu de nombreuses réécritures, notamment ces dernières semaines après le début de la guerre en Ukraine. Ainsi, le projet qui avait été soumis en novembre dernier aux ministres des Affaires étrangères a complètement été modifié pour répondre aux “changements géopolitiques majeurs” indiquait la dernière version du document.
La stratégie européenne a donc intégré l’agression de Moscou comme “fil conducteur”, en insistant sur la notion de “défense mutuelle” des États membres et l’amélioration de la mobilité des troupes et du matériel au sein même de l’Union. L’accent est donc mis sur “l’unité” et la “solidarité”, de quoi réveiller l’idée d’Europe de la défense soutenue par Ursula Von der Leyen en septembre dernier. Le texte sera ainsi soumis en fin de semaine à l’approbation finale des dirigeants, après les réunions exceptionnelles du G7 et de l’OTAN à Bruxelles.
Guerre en Ukraine : des sanctions européennes qui divisent les leaders du continent
Continuons ce journal en évoquant cette fois-ci le bilan des sanctions européennes prises à l’égard de la Russie dans le contexte du conflit en Ukraine. Alors que certains pays appellent à durcir les mesures, le volet énergie, lui, divise les leaders européens.
En effet, le cinquième round de sanctions contre la Russie peine à se décider en Europe. Alors que la Pologne et la Lituanie appellent à des mesures strictes, les États ne parviennent pas à se décider sur des mesures économiques visant à cibler les importations de gaz russe, comme l’ont fait les États-Unis et le Royaume Uni. Et pour cause, les Européens dépendent à 40% de la Russie pour leurs importations de gaz, l’Allemagne en tête qui bloque pour l’instant l’idée aux côtés de l’Italie.
Une situation énergétique qui inquiète, alors que certains pays européens dépendants des exportations russes ont décidé de mettre en suspens leur plan de sortie progressive du charbon.
Effectivement, pour sortir du charbon, plusieurs États comme la Tchéquie ou la Bulgarie comptaient sur les importations de gaz en provenance de la Russie pour faciliter la transition vers le nucléaire, par exemple. Aujourd’hui en manque d'alternatives transitoires, les deux pays ont décidé de prolonger leur exploitation de charbon pour ne plus dépendre à 90% du gaz russe. C’est également le cas en Italie, qui, malgré son annonce de sortie du charbon d’ici à 2025, estime que “la réouverture de centrales pourrait être nécessaire pour combler tout déficit dans l’avenir”.
Les répercussions de la guerre en Ukraine sur l'agriculture en Europe
Intéressons nous maintenant aux répercussions de la guerre en Ukraine sur l’agriculture en Europe. Ce lundi, les ministres de l’Agriculture des 27 États membres se sont penchés sur le Green deal et l’éventuelle suspension de certains de ses critères, au nom de l’autonomie alimentaire.
Oui, la guerre en Ukraine pousse les États à trouver des alternatives pour ne plus dépendre des exportations de Russie et d’Ukraine en matière d’huile ou de céréales par exemple. Une question qui relance la volonté de l’Union européenne de devenir une superpuissance agricole véritablement indépendante, mais qui suppose le réexamen de certaines aspirations écologiques en matière d’agriculture.
Pour compenser le déficit que provoque la guerre en Ukraine, le Commissaire à l’agriculture envisage de suspendre cette année certaines directives sur les pesticides, d’assouplir les règles relatives aux jachères ou encore d’accorder plus de flexibilité aux importations en provenance de pays tiers. Un projet plus ou moins soutenu par le président français Emmanuel Macron dans son programme électoral présenté jeudi dernier, qui entend quant à lui “rouvrir les discussions” sur certaines initiatives relatives au pacte vert au nom de l’autonomie européenne, et des profondes crises alimentaires attendues, notamment en dehors de l’Europe.
Un projet auquel s’oppose pourtant certains groupes au Parlement européen.
En effet. Jeudi dernier, le projet d’assouplissement des règles agricoles a été vivement critiqué par les Verts et la Gauche au parlement. Pour les parlementaires, ces mesures dites temporaires, sont inquiétantes pour les avancées déjà faites au nom du Green deal, et servent surtout à retarder la future proposition législative relative à la stratégie “de la ferme à la table”, le projet phare du pacte vert porté par l’UE qui vise à réduire de moitié l’usage de pesticides d’ici à 2030. Pour répondre à ces enjeux, la commission présentera ce mercredi sa stratégie liée à la sécurité alimentaire. Affaire à suivre, donc.
Laura Leger - Noé Zimmer
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