Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme du jour :
- Situation tendue en Turquie suite à l’attentat suicide de dimanche 1 octobre.
- Retour des contrôles aux frontières de certains pays de l'espace Schengen
Démarrons ce journal en Turquie où la situation est particulièrement tendue depuis l’attentat suicide survenu ce dimanche à Ankara.
Bonjour Ulrich, bonjour à toutes et à tous. Oui, ce dimanche deux personnes ont attaqué la sécurité du ministère de l’intérieur turc à Ankara. L’une s’est fait exploser, l’autre a été tuée par la police mais aucun mort supplémentaire n’est à déplorer.C’est le Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK qui a revendiqué l’attaque, une information qui risque de raviver les tensions avec les Kurdes, notamment dans les régions de l’Est du pays peuplées de fortes minorités kurdes.
Pour rappel, le PKK n’est pas un parti politique institutionnel, mais bien une organisation politique armée. Plusieurs États, dont ceux de l’Union européenne, considèrent d’ailleurs le PKK comme un groupe terroriste. C’est le premier attentat revendiqué par le groupe en Turquie depuis 2016. Un autre attentat qui avait fait 6 morts en 2022 avait été attribué au PKK par les autorités, malgré le démenti de l’organisation.
Cet événement a d’ailleurs immédiatement été dénoncé comme un acte terroriste par le président Erdogan.
Oui, le ministre de l’Intérieur turc Ali Yerlikaya a annoncé avoir arrêté 67 suspects sur tout le territoire du pays. Parmi ces personnes, 20 d’entre elles font partie du parti démocratique des peuples, parti menacé d’interdiction par le pouvoir pour ses positions pro-kurdes. En représailles, le pouvoir turc a également bombardé des positions kurdes au nord de l’Irak.
Des tensions qui s’ajoutent à un climat politique et économique déjà compliqué.
Oui, la Turquie traverse actuellement une période difficile et l’économie turque vacille depuis plusieurs mois. En cause, une terrible crise inflationniste qui frappe de plein fouet la population. En septembre, l’inflation sur un an a atteint les 61% selon les rapports officiels, et la tendance n’est clairement pas à l’apaisement.Pour beaucoup cette situation est notamment la conséquence d’une politique monétaire qui a grandement fait baisser la valeur de la monnaie turque.
La livre ne vaut ainsi plus qu’un cinquième de sa valeur d’il y a 5 ans. L’économie du pays est également fortement dépendante de ses importations, et accuse un déficit commercial de 109 milliards d’euros. Les exportations vers l’Europe étant également à la baisse ces dernières années, le pays va probablement devoir diversifier ses partenaires économiques dans les années à venir.
Continuons ce journal en évoquant le rétablissement des contrôles aux frontières au sein de plusieurs pays de l’espace Schengen.
Oui, cet accord de passage sans contrôle aux frontières qui permet donc aux Européens de passer d’un pays à l’autre est menacé ces dernières semaines. On avait déjà vu la France effectuer des contrôles à la frontière avec l’Italie il y a quelques mois. La semaine dernière, c’est l’Allemagne qui annonçait accentuer sa surveillance au sud avec la Tchéquie et la Pologne.
Hier la Slovaquie annonçait le même type de contrôles à la frontière hongroise pour une période minimum de dix jours. Cette décision fait suite à l’établissement de contrôles sur la frontière slovaque par la Pologne, l’Autriche et la Tchéquie.
Et qu’est-ce qui explique ce retour des contrôles ?
L’immigration clandestine dont les chiffres sont en forte hausse ces derniers mois, un sujet qui provoque de vives tensions entre les États membres. Les députés européens ont par ailleurs débattu en plénière ce mercredi, autour d’une adoption rapide du pacte “asile et migrations”.
Un accord qui aurait pour but d’apporter une réponse européenne en cas d’afflux massifs de migrants.Cela permettrait de calmer les tensions autour de la question migratoire en Europe. En septembre, l’Allemagne a ainsi refusé de respecter le pacte de solidarité, reprochant à l’Italie de déroger à ses obligations quant à l’accueil de demandeurs d’asiles en provenance d’autres pays.
L’espace Schengen est-il donc menacé ?
Les avis divergent. Les contrôles mis en place par l’Autriche, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie sont temporaires. La commission européenne dit rester sereine quant à l’existence et la pertinence de la libre circulation. Elle dit préférer concentrer ses efforts sur la sécurisation des frontières extérieures de l’Union.
Le ministre des affaires étrangères Autrichien, Alexander Schallenberg, parle néanmoins de Schengen comme d’un système “dysfonctionnel” quand bien même, toujours selon ses mots, son pays en est un “grand bénéficiaire".
Terminons ce journal, toujours sur le thème des migrations en évoquant l’arrivée de 280 migrants sur les îles Canaries.
Oui, c’est la plus grande arrivée sur un seul bateau jamais recensée par l’archipel. Sur 24h, c’est un total de 600 personnes qui ont débarqué sur les différentes îles, des chiffres sans équivalents dans l’histoire. D’après les autorités locales, la plupart des arrivants sont d'origine subsaharienne.
Et pourquoi passer par les Canaries plutôt que par la Méditerranée pour rejoindre l’Europe ?
Tout simplement pour éviter des contrôles de plus en plus fréquents en Méditerranée. Cela force de plus en plus de personnes à passer par l’Océan Atlantique. Le nombre d'arrivées aux Canaries a ainsi augmenté d’environ 20% par rapport à l’année dernière.
Cette route, si elle est moins contrôlée, est toutefois considérée comme l’une des routes migratoires les plus dangereuses du monde. Pour arriver aux Canaries, il faut lutter contre le fort courant de l’océan Atlantique, et sur un temps plus long que pour une traversée méditerranéenne. L’ONG Caminando Fronteras estime ainsi qu'environ 770 personnes sont mortes en tentant la traversée au cours du premier trimestre de cette année. Selon El Pais, parmi toutes les morts de migrants en 2021, un cinquième étaient recensées sur ce trajet.
Un journal de Joris Schamberger et Ulrich Huygevelde.