Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 11 Octobre

Aujourd'hui en Europe - Lundi 11 Octobre

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • En Autriche, un nouveau scandale fait quitter Sebastian Kurz de la chancellerie
  • Les "Pandora Papers" coûtent la place du Premier ministre tchèque
  • Accord de défense majeur entre la Grèce et la France
  • Opérations de refoulements contre les migrants : les frontières croates pointées du doigt

En Autriche, un nouveau scandale fait quitter Sebastian Kurz de la chancellerie

Aujourd’hui revenons sur plusieurs bouleversements qui ont secoué ce week-end le paysage politique en Europe centrale, à commencer par l’Autriche. Ce pays d’un peu moins de 9 millions d’habitants a vu son chancelier Sebastian Kurz annoncer sa démission samedi 9 octobre. Qu’est-ce qui explique ce départ du jeune chancelier très populaire jusqu’à présent dans son pays ?

Oui, une annonce pour le moins exceptionnelle, mais qui était réclamée par tous les partis politiques d’opposition, et notamment les Verts qui font pourtant partie de la coalition gouvernementale. Le scandale a éclaté mercredi, lorsqu’une enquête a été ouverte pour des affaires de corruption visant directement le chancelier et son parti l'OVP. Le parquet anticorruption lui reproche d’avoir, entre 2016 et 2018, utilisé de l’argent public pour “financer des sondages d’opinion partiellement manipulés qui servaient un intérêt politique”.

Il est ici intéressant de rappeler que Sebastian Kurz a déjà été chancelier de 2017 à 2019, mais un autre scandale de corruption avait entraîné la chute de son gouvernement.

Oui, ce scandale alors baptisé Ibizagate avait éclaté après la diffusion d’une vidéo montrant le chef du parti d'extrême-droite FPO Heinz-Christian Strache se déclarer prêt à accepter de l’argent d’une prétendue oligarque russe proche de Poutine. Le FPO faisant partie de la coalition gouvernementale, le chancelier Sebastian Kurz s’était vu forcé de mettre fin à cette alliance politique, puis de convoquer de nouvelles élections anticipées, pour enfin revenir au pouvoir en janvier 2020.

Cette fois-ci l’affaire de corruption le vise directement, mais devant la presse, le jeune dirigeant de 35 ans a réfuté ce qu’il qualifie de “fausses accusations”.

En effet, mais s’il demeure à la tête du parti OVP, il a néanmoins ajouté qu’il se retirait de la chancellerie pour préserver la “stabilité” du pays. Il propose désormais pour le remplacer l’actuel ministre des affaires étrangères Alexander Schallenberg. 

Les "Pandora Papers" coûtent la place du Premier ministre tchèque

Un autre bouleversement politique s’est joué ce week-end en Europe centrale. La Tchéquie organisait vendredi et samedi des élections législatives. Mais le parti du premier ministre Andrej Babis n’est arrivé qu’en deuxième position. Comment expliquer ce résultat ?

Oui, la formation populiste ANO (pour “Action des citoyens mécontents”) n’a obtenu que 27,1% des voix lors de l’élection de samedi. Un score insuffisant pour s’imposer et barrer la route à l’opposition, qui avait fait campagne pour l’Etat de droit et pour réconcilier le pays avec l’Union européenne. La publication des “Pandora Papers” révélant que le premier ministre de 67 ans est impliqué dans des affaires de fraude fiscale a certainement eu un impact décisif dans ce scrutin. 

Le dirigeant tchèque au pouvoir depuis 2017 était déjà impliqué dans plusieurs affaires de conflits d’intérêts.

Tout à fait ! Andrej Babis possède des entreprises dans le secteur de l’agrochimie et celui des médias, des entreprises qui touchent chaque année des millions d’euros de fonds européens. Ces connexions entre le monde des affaires et sa position de premier ministre lui étaient reprochées, au point que la Commission européenne a lancé contre lui plusieurs procédures judiciaires.

Au vu des résultats, c’est Petr Fiala le leader de la coalition de droite “Ensemble” qui devrait devenir premier ministre. 

Pour cela, il lui faudra s’allier avec une coalition de centre-gauche arrivée troisième au scrutin. Mais de son côté, le premier ministre ne reconnaît pas sa défaite. Au contraire, Andrej Babis a déclaré espérer encore que le président, l’eurosceptique et populiste Milos Zeman continue de le soutenir en lui confiant la tâche de former un gouvernement, malgré sa courte défaite électorale.

Accord de défense majeur entre la Grèce et la France

Dirigeons-nous maintenant vers la Grèce, où le parlement a ratifié jeudi 7 octobre un accord de défense majeur passé avec la France. Que contient cet accord ?

Le texte adopté engage la France à soutenir la Grèce en cas d'attaque, et il prévoit l'achat de trois frégates françaises, pour un montant de trois milliards d’euros. L’enjeu est d’aider la Grèce à défendre ses intérêts dans la mer Egée face à son rival turc. Les relations entre les deux pays se sont dangereusement tendues depuis 2020, alors qu’ils se disputent le contrôle de ressources en hydrocarbures et plus largement l’influence sur certaines zones maritimes en Méditerranée. 

Cet accord n’a pourtant pas réussi à convaincre les membres du principal parti d’opposition, le parti de gauche Syriza, qui ont voté contre son adoption.

Oui, ils s’opposent tout particulièrement à certaines clauses qui obligent la Grèce à soutenir les opérations militaires françaises dans la région du Sahel, en Afrique. L’ancien premier ministre Alexis Tsipras a alerté sur l’augmentation des dépenses de défense que cela va représenter. Enfin la Turquie a, sans surprise, dénoncé cet accord qui “menacerait la paix et la stabilité régionale”.

Opérations de refoulements contre les migrants : les frontières croates pointées du doigt

Terminons ce journal en revenant sur les récentes dénonciations d’opérations de refoulements contre les migrants aux frontières de l’UE. Les gardes-frontières croates sont particulièrement montrés du doigt.

Oui, la semaine dernière, des images ont été publiées montrant la police croate repousser à coups de matraque des migrants tentant de franchir la frontière entre la Bosnie et la Croatie. La commissaire européenne Ylva Johansson, s’est dite jeudi «extrêmement inquiète», devant ces opérations de “refoulements”, qui sont interdites en Europe. La Commission européenne a réclamé une enquête sur cette affaire qui concernerait également la police grecque et celle de la Roumanie.

Mais dans le même temps, 12 Etats-membres ont demandé jeudi à modifier le cadre juridique de l'espace Schengen, pour avoir le droit de construire des barrières physiques à leur frontières. 

En effet, aujourd’hui ce “Code frontières Schengen” instaure des contrôles renforcés sur la frontière extérieure de l'espace Schengen. Mais la construction de barrières physiques n’est pas autorisée. Pour rendre cela possible, des Etats comme la Hongrie, la Slovaquie, la Grèce ou même le Danemark ont adressé une lettre à la Commission européenne. Les ministres de l’Intérieur de ces pays se disent particulièrement inquiets face à ce qu’ils appellent des “guerres hybrides”, par exemple les vagues de migrants clandestins qui traversent la frontière de la Biélorussie vers la Lituanie, la Lettonie et la Pologne. Des mouvements qui seraient volontairement encouragés voire directement organisés par le régime d’Alexandre Loukachenko. 

Juliane Barboni - Thomas Kox

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