Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 27 septembre 2022

Aujourd'hui en Europe - Mardi 27 septembre 2022

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • Victoire de l'extrême droite en Italie : vers une coalition ?
  • L'Allemagne a signé un accord gazier avec les Émirats arabes unis
  • La Belgique en lutte contre le trafic de drogue

Commençons ce journal en revenant sur la victoire nette aux élections législatives italienne des partis de droite et d'extrême droite. Une victoire qui devrait maintenant donner lieu à une coalition, Félix.

Bonjour à tous, bonjour Laura. Oui, ce résultat, bien qu’attendu, a résonné comme un coup de tonnerre dans nombre de capitales des 27. En votant à 26% pour le parti postfasciste Fratelli d’Italia mené par Giorgia Meloni, les Italiens ont effectivement choisi de mettre la barre à l’extrême droite. Si les partis d’extrême droite se sont félicités de ce résultat partout en Europe, les partis de droite traditionnelle sont beaucoup plus circonspects et mal à l’aise face à ce résultat.

Mais tout n’est pas gagné pour la coalition de droite qui va devoir trouver des compromis afin de former un gouvernement effectif  

La coalition que forme Fratelli d’Italia avec la ligue de Salvini et Forza Italia de Berlusconi a obtenu plus de 44% des voix. Mais former un gouvernement en Italie prend du temps… en moyenne plus de deux mois. Et ce même si la coalition s’est assurée la majorité absolue des sièges à la Chambre des députés comme au Sénat. S’ouvre donc désormais une deuxième campagne sous la forme d’une négociation délicate entre trois alliés de circonstance, dont les points de divergence sont nombreux.

Des points de divergence qui se situe principalement autour du rapport à l’union européenne mais aussi face au contexte géopolitique et surtout à la guerre en Ukraine

Pour ce qui est de Bruxelles, Rome se trouve dans une situation bien particulière… Silvio Berlusconi mais surtout Matteo Salvini ne cachent pas leur euroscepticisme. Et de son côté, Giorgia Meloni qui a appelé à la responsabilité sait qu’elle doit tempérer son discours. Elle s’est notamment engagée à suivre le plan de réforme élaboré par son prédécesseur car l’Italie doit encore recevoir 94 des 140 milliards d’euros du plan de relance européen. Ce qui limite forcément les possibilités d’affrontement entre Bruxelles et Rome. 

Et qu’en est-il de la position de la coalition face à la Russie ?

C’est le sujet sur lequel la cohérence de la coalition devrait être immédiatement mise à l’épreuve. Là encore Giorgia Meloni pro-OTAN et qui soutient l'Ukraine se trouve esseulée face à la russophilie affichée de Berlusconi et de Salvini. Même si la future cheffe de gouvernement a assuré que la position de l’Italie face au conflit n’évoluerait pas, les derniers propos de Berlusconi posent cependant question.

Autre sujet, dans le sillage du conflit ukrainien, une inquiétude se répand sur l’Union qui redoute des pénuries d’énergie durant l’hiver. L’Allemagne a signé le 25 septembre un accord gazier avec les Émirats arabes unis.

Effectivement, après le président français Emmanuel Macron ou encore l’ancien premier ministre Britannique Boris Johnson, c’était au tour d’Olaf Scholz d’entamer sa tournée du golfepersique dans l’espoir de trouver de nouveaux accords énergétiques. Le voyage du chancelier répondait à la nécessité de trouver des fournisseurs alternatifs aux géants gaziers russes.

Une tournée qui a porté ses fruits…

Tout à fait, accompagné d’une délégation d’entreprise à Abu Dhabi,le chancelier a signé un contrat pluriannuel de livraison de gaz naturel liquéfié, incluant une livraison immédiate de 137 000 m3. Berlin a également trouvé un accord sur la fourniture de 33 000 tonnes de diesel à l'Allemagne ce mois-ci, ainsi que sur des livraisons mensuelles supplémentaires de diesel à hauteur de 250 000 tonnes.

Une réponse face à une situation particulièrement préoccupante en Allemagne

Malgré la réussite de l’allemagne a reconstitué ses réserves à hauteur de 90%, le pays a en effet cruellement besoin de diversifier ses sources d’approvisionnement. Avant la guerre en Ukraine, l’Allemagne achetait 55% de son gaz naturel à la Russie et depuis que les livraisons russes ont en grande partie cessé, les importations de gaz naturel liquéfié permettent de stabiliser la situation. 

Une visite très critiquée en Allemagne alors qu'une partie du monde politique et la société civile regrettent que Berlin ne rencontre aucune difficulté pour approfondir ses relations avec des pétromonarchies peu respectueuses des droits de l'homme. 

Terminons ce journal, en abordant la situation de plus en plus compliquée en Belgique sur le front de la lutte contre les trafics de drogue. Un projet d’enlèvement du ministre Belge de la justice, Vincent Van Quickenborne par des narcotrafiquants a même été rapporté ce samedi 24 septembre. 

En effet Laura, cela fait écho aux craintes de plus en plus fortes des autorités belges de voir le trafic de drogue devenir hors de contrôle. Les 4 individus suspects qui avaient été repérés aux abords de la villa du ministre ont été arrêtés aux Pays-Bas. Leur véhicule contenait des armes lourdes, du ruban adhésif et des bidons d'essence. Selon la police néerlandaise, ces individus ne seraient pas les organisateurs, mais les exécutants d’un projet d’enlèvement mis au point depuis l’étranger par des trafiquants de drogue. 

Cet épisode marque une escalade dans les incidents violents qui ont lieu depuis plusieurs semaines à Anvers.

Le constat d’Europol est sans appel: la Belgique est la porte d’entrée de la drogue en Europe, et Anvers en est l’épicentre. Depuis 2014, plus de 183 faits de violences liés aux trafics de drogue ont été recensés dans la capitale flamande. Les chiffres des saisies sont d’autant plus impressionnants : en 2021, 90 tonnes de stups ont été interceptées, c’est dix fois plus qu’en 2014. Toujours selon Europol, pour une tonne de saisie, neuf échappent aux douaniers. Le montant total des cargaisons débarquées à Anvers avant d’inonder l'Europe oscillerait donc entre 50 et 60 milliards d’euros par an, soit l’équivalent du budget annuel des retraites en Belgique. Le budget de la police fédérale est lui de 2,5 milliards d’euros… 

Et c’est ce manque de moyens de la police Belge face à ces mafias qui est pointé du doigt 

Oui, le procureur général d’Anvers en fait lui-même le constat d’une « police belge complètement dépassée ». On le rappelle, en mars 2021, les polices belge, française et néerlandaise avaient réussi à pénétrer la messagerie cryptée SkyECC utilisée par les narcotrafiquants. Néanmoins l’enquête patine non par faute de preuves mais de moyen. Seulement 1230 personnes ont été identifiées et appréhendées alors que près 20 000 profils liés au trafic ont été repérés. 

Laura Léger et Félix Doladille