Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 2 Février

Aujourd'hui en Europe - Mardi 2 Février

Marche arrière de la Commission européenne pour le contrôle aux frontières des vaccins, mais proposition d'un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ; tensions grandissantes entre Londres et Pékin pour Hong-Kong.

Exportations carbone - La proposition d'ajustement carbone aux frontières de la Commission européenne.

L'Agence européenne du médicament a approuvé vendredi 29 janvier le vaccin de la firme AstraZeneca alors que cette dernière fait face à des retards de livraisons. Des retards dus à une “baisse de rendement” sur son site de fabrication européen. Une explication jugée “insatisfaisante” par la Commission européenne qui soupçonne l’entreprise d’avoir exporté ces doses vers l’étranger. Des accusations que la Commission n'a pas pu prouver mais qui l’ont conduit à instaurer un mécanisme de contrôle des exportations de vaccins. 

Oui depuis samedi 30 janvier les laboratoires doivent désormais obtenir l’accord de l’Etat membre où les vaccins sont produits avant l’exportation de leurs doses hors de l’Union. Ce mécanisme a provoqué la colère de Londres qui craint que ces importations de vaccins n’en pâtissent. Une colère accentuée par l’annonce vendredi d’un retour des contrôles sur les vaccins transitant entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. Rappelons que ce territoire britannique a pu conserver sa place dans le marché commun car le retour d’une frontière physique avait fait craindre une remontée des tensions dans cette région longtemps agitée. Face aux flots de critiques outre-manche, la Commission a fait marche arrière. Le mécanisme ne prévoit plus de contrôles à la frontière irlandaise mais les fabricants devront tout de même dévoiler les informations relatives à leurs commandes passées afin que les autorités européens opèrent quand même des vérifications.

La Commission a donc supprimé cette disposition du mécanisme de contrôle des exportations, permis par l’article 17 de l’accord de sortie du Royaume-Uni. Vendredi, elle apportera des précisions sur la mise en place d’un mécanisme bien différent. La Commission présentera une proposition pour le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. 

Tout à fait, le pacte vert, plus connu sous le nom de green deal, vise à atteindre la neutralité carbone en Europe d’ici à 2050 mais cette ambition risque d'entraîner la fuite d’entreprises vers d’autres États qui appliquent peu ou pas de taxes environnementales. Ce ‘dumping’ fait craindre aux industriels une concurrence déloyale. Le surcoût pour les entreprises européennes risque de s'accroître considérablement à mesure que l’UE se rapproche des ambitions climatiques qu’elle s’est fixée.

Ce mécanisme souhaite mettre les entreprises qui exportent vers l’Europe sur un pied d’égalité avec celles présentes sur le continent. Comment ce mécanisme pourrait-il se traduire concrètement ?

Il reste à être défini par la Commission mais le Parlement européen étudie déjà quelques pistes. L’option privilégiée serait un mécanisme semblable à l’actuel marché européen du carbone. Créé en 2005  il couvre 45% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE.  

Pour limiter le niveau total de certains polluants, les entreprises reçoivent ou achètent des quotas d’émissions qu’elles peuvent échanger en fonction de leur besoin. Concrètement, le prix d’une tonne de carbone pourrait être fixé pour les industriels qui souhaitent exporter vers l’Europe.

Mais ce mécanisme aux frontières se heurte à des difficultés?

Oui car il implique l’imposition de règles pour l’accès au marché européen. Une initiative que l’OMC(Organisation mondiale du commerce), pourrait rejeter si elle la juge protectionniste. De même, la question de l’utilisation des recettes engrangées par le mécanisme pose questions. Certains y voient une opportunité de financer le plan de relance européen. Pascal Canfin, eurodéputé Renew Europe et président de la Commission environnement du parlement estime dans une interview accordée à Euractiv qu’il faut qu’une partie des revenus de ce mécanisme participe à la transition énergétique des pays concernés et de l’Europe pour que le mécanisme soit “OMC-compatible”. 

Certains pays pourraient se sentir discriminés par ces règles et annoncer des mesures de représailles. Ainsi, lors d’un événement d’Euractiv sur la coopération entre l’UE et la Chine sur le climat le 28 Janvier, un diplomate chinois n’a pas caché le peu d’enthousiasme que lui inspirait le projet.

Tensions grandissantes entre Londres et Pékin pour le territoire semi-autonome de Hong-Kong.

Evoquons maintenant les tensions grandissantes entre Londres et Pékin. La Chine multiplie en effet les mises en garde contre Londres et voudrait lui faire payer son soutien apporté aux citoyens du territoire semi-autonome de Hong Kong qui a connu, on s’en souvient, un vaste mouvement pro-démocratie durement réprimé.

Depuis dimanche 31 janvier, quelque trois millions de Hongkongais ont désormais le droit de demander de nouveaux visas pour rejoindre le Royaume-Uni. Il leur est désormais possible d’y venir travailler pendant cinq ans et de demander la citoyenneté britannique après cette période. 

Ce programme a été annoncé par le gouvernement britannique au mois de juillet dernier suite à l’introduction de la loi sur la sécurité nationale qui a ouvert la voie à une répression accrue de l'opposition hongkongaise. Les Hongkongais n’avaient jusqu’au présent que le droit de visiter le Royaume-Uni pour une période de six mois sans pouvoir y travailler. Cette annonce n’a pas manqué d’irriter la Chine. Elle a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait plus les passeports britanniques d’outre-mer, hérités de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.

Des millions de Hongkongais vont donc avoir le droit de résider au Royaume-Uni. 

Un dispositif accueillant alors qu’à l’inverse les citoyens européens résidant au Royaume-Uni se voient poussés vers la sortie ! Londres offre même 2000 livres à ceux qui voudraient partir volontairement !

En effet, le gouvernement britannique n’a cessé de répéter que les droits des citoyens de l’Union européenne seront protégés après le Brexit. Mais, dans les faits, beaucoup de ressortissants européens ont des difficultés pour obtenir les documents qui leur permettraient de rester durablement au Royaume-Uni.

Beaucoup risquent de perdre leur statut après le 30 Juin 2021, date limite pour l’obtention du statut de résident. 

Le journal britannique The Guardian vient également de révéler que les Européens sont désormais inclus dans la procédure d’aide au retour volontaire, comme tous les immigrés sans statut légal. 

Cette aide prévoit une aide de 2000 livres et un aller simple. 

Plusieurs ONG s’inquiètent des conséquences judiciaires pour les personnes qui ne vont pas recevoir le statut de résident à temps.

Le rapport de l’ONG Joint Council for the Welfare of Immigrants insiste également sur le fait que parmi les citoyens européens concernés, des milliers occupent des postes clés dans l’économie britannique, dans le secteur de la santé, du BTP ou encore de l’agriculture.

Image: Jef Djevdet, CC BY 2.0