"Aujourd'hui en Europe" est un journal quotidien relatant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Paloma Biessy, Alizée Lambin, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Une déclaration commune de huit ministres européens demande à réévaluer l’accueil des réfugiés syriens dans l’Union européenne.
- L'opposition au régime biélorusse d’Alexandre Loukachenko organise fin mai des élections non officielles en Pologne.
- Les réactions de l’Union européenne suite à la mort du président iranien Ebrahim Raïssi.
Bonjour Paloma, ouvrons ce journal en évoquant une nouvelle déclaration commune de huit ministres européens appelant à réévaluer l’accueil des réfugiés syriens dans l’UE lors d’un sommet à Chypre.
En effet Alizée, les ministres de l’Intérieur de 8 pays, dont la Pologne, le Danemark et l’Italie, ont appelé l'UE à, je cite : “réévaluer la situation en Syrie pour permettre aux réfugiés syriens de retourner volontairement dans leur pays”, et à proposer "des moyens plus efficaces de gérer" les réfugiés syriens tentant de rejoindre l'Union européenne.
Qu’est-ce qui a pu motiver cette annonce - très polémique - alors que la Syrie est toujours en guerre ?
Près de treize ans après le début de la révolte populaire qui avait tenté de faire tomber Bachar al-Assad et avait déclenché la terrible guerre civile qui continue de ravager le pays, les huit ministres européens affirment que, bien que la stabilité politique et sécuritaire n'ait pas été pleinement rétablie, la situation s'est, je cite : "considérablement améliorée" dans le pays. Par ailleurs, le ministre chypriote de l'Intérieur, Constantinos Ioannou, a également appelé à un soutien financier plus conséquent au Liban, pays de transit et d'accueil de centaines de milliers de réfugiés issus de la Syrie voisine. "Si le Liban s'effondre, les conséquences pour l'ensemble de l'UE seront incalculables", a-t-il averti.
Cette déclaration intervient au moment même de la publication d’une enquête réalisée par le journal Le Monde et par le collectif de journalistes Lighthouse Reports et sept médias internationaux qui dénonce la façon dont l’Europe gère la question migratoire.
Tout à fait Alizée, cette enquête révèle que des dizaines de milliers de migrants en route vers l’Europe auraient été arrêtés et abandonnés ces derniers mois dans le désert - aux frontières libyennes et maliennes - par les forces de police du Maroc, de la Tunisie et de la Mauritanie et ce, avec le soutien de l'Europe.
Poursuivons ce journal à Varsovie, en Pologne, où l’opposition au régime biélorusse d’Alexandre Loukachenko organise fin mai des élections non officielles.
La campagne électorale a commencé dimanche 19 mai pour ces opposants en exil depuis près de quatre ans. Pour rappel, en 2020 et 2021, une série de manifestations de grande ampleur avaient secoué le pays pour dénoncer le caractère autoritaire du régime d’Alexandre Loukachenko. La dissidence avait alors été très fortement réprimée et forcée de fuir le pays.
Et ces élections organisées par l’opposition - les premières depuis 2021 - quel est leur objectif ?
Ultime tentative de préservation de la démocratie, elles renouvelleront le “conseil de coordination” basé à Vilnius, en Lituanie. Cette assemblée parlementaire alternative, créée par la leader de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, a vu le jour en août 2020, au lendemain du simulacre d'élection qui avait permis à Alexandre Loukachenko d’obtenir, au prix de fraudes massives, un sixième mandat consécutif.
Le scrutin se tiendra donc en ligne, afin que la diaspora biélorusse, estimée à près de 3 millions de personnes, puisse manifester son soutien à la démocratie face à un régime toujours plus autoritaire et totalement affidé à Moscou.
Oui la tendance déjà très répressive du régime de Minsk s’est largement durcie depuis 2020. En parallèle, la vassalisation du régime face à Moscou s’est intensifiée depuis le début de la guerre que la Russie mène en Ukraine. Moscou a ainsi pu positionner une partie de ses troupes au Belarus pour mener son offensive, accentuant encore l’isolement de Minsk sur la scène internationale.
Terminons notre tour de l’actualité en évoquant les réactions de l’UE suite à la mort du président iranien Ebrahim Raïssi et de son ministre des affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian.
La disparition du numéro deux du pouvoir iranien dans un crash d’hélicoptère a été confirmée par les autorités lundi 20 mai. Cette figure majeure du régime autoritaire iranien était même pressentie comme un des probables successeurs du Guide suprême Ali Khamenei. Toutefois, plusieurs observateurs soulignent que sa disparition n’aura que très peu d’incidences sur les affaires du pays, dans lequel tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du Guide suprême.
Le président du conseil européen Charles Michel et le haut représentant aux Affaires étrangères Josep Borrell ont adressé leurs condoléances à la famille du président ultraconservateur.
Et si Bruxelles souligne l’importance de maintenir le dialogue ouvert avec le régime autoritaire, les réactions scandalisées à ces condoléances ne se sont pas faites attendre. L’homme d’État, surnommé “le boucher de Téhéran”, a en effet incarné un durcissement du régime, tant par sa politique étrangère agressive que par la répression des oppositions et du mouvement "Femme, Vie, Liberté".
A noter que les réactions de Josep Borrell et Charles Michels relèvent davantage du protocole diplomatique que d’une réelle volonté de rapprochement avec l’Iran.
Effectivement, la République islamique est depuis plusieurs années visée par des sanctions européennes. En cause : le développement du nucléaire militaire, son soutien à la Russie dans l’invasion de l’Ukraine ou encore les violations répétées des droits de l'homme. Des sanctions qui ont d’ailleurs été alourdies depuis la nouvelle vague de contestation qui s’est déclenchée suite à la mort de Mahsa Amini.
Un journal de Paloma Biessy et Alizée Lambin.