Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Aide à l’Ukraine : l’étau se resserre sur les actifs russes ; Zelensky rencontre Trump ; Witkoff, qui conseillait la Russie, se rend à Moscou ;
- l’Europe dans l’espace : concurrence chinoise et américaine
- Féminicides : l’Italie condamne le crime à perpétuité
On ouvre ce journal à Strasbourg, où l’étau se resserre sur les avoirs russes gelés, alors que l’Ukraine a urgemment besoin d’une aide financière massive pour faire face à l’offensive russe. Un point sur lequel n’a pas manqué de revenir Ursula von der Leyen mercredi.
Oui Ursula von der Leyen a tenu un long discours devant le Parlement européen, en appelant à maintenir la pression sur Moscou, pour qui, je cite, “l’Ukraine reste une première étape dans un objectif beaucoup plus vaste”, la déstabilisation de l’Europe entière. Un discours qui intervient alors que dans un contexte bousculé par les annonces de Donald Trump qui semble vouloir la paix à n’importe quel prix pour l’Ukraine quitte à ce qu’elle prenne la forme d’une capitulation de Kyiv.
Dans ce contexte diplomatique tendu la commission ne lâche donc pas la pression sur cette question des actifs russes qu’elle voudrait mettre à disposition de l’Ukraine.
Oui le commissaire européen chargé de l’économie et de la productivité, Valdis Dombrovskis, insiste sur le fait qu’il est temps “d’arrêter de discuter des différentes options, et d’aller de l’avant”. Ce “prêt de réparation” permettrait de stabiliser l’économie ukrainienne sur les deux prochaines années selon les projections du Fonds monétaire Internationale.
Le FMI, justement, a annoncé hier soir pour sa part s’engager à soutenir Kyiv avec un plan de presque 7 milliards d’euros sur quatre ans. Un programme d’aide qui prend le relais du précédent, puisque près de 13 milliards avaient déjà été accordés en mars 2023.
L’agenda ukrainien devrait continuer à occuper le devant de la scène les prochains jours.
Oui, c’est un ballet diplomatique intense qui devrait se dérouler dans les prochains jours, à commencer par une visite, dans la semaine, de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis. Côté européen, les ministres des affaires étrangères de l’UE étaient réunis hier pour évoquer le sujet et ces négociations. La vice-présidente de la Commission européenne, Kaja Kallas qui présidait la réunion, a appelé, à imposer, dans le cadre d’un éventuel accord une réduction de la taille de l’armée russe, pour, je cite, qu’ils “n’aient pas l’occasion d’envahir à nouveau”. Une proposition qui ne devrait pas manquer de susciter l’ire de Moscou.
Dans cette séquence à venir l’Europe devra continuer de composer avec les initiatives américaines. Malgré les soupçons de collusion visant l’émissaire américain Steve Witkoff avec Moscou, Donald Trump prévoit ainsi de le renvoyer très prochainement en Russie.
Oui. Mardi, Donald Trump a annoncé avoir chargé son émissaire Steve Witkoff de se rendre à Moscou pour y rencontrer Vladimir Poutine. Cette déclaration intervient seulement quelques heures avant les révélations de Bloomberg, qui publiait des extraits de conversations attestant d’une forte proximité entre l’envoyé américain et plusieurs interlocuteurs russes.
L’un des points essentiels qui ressort de ces transcriptions d’appels rendues publiques concerne la stratégie russe, exposée de manière explicite. Kirill Dmitriev y décrit la méthode en ces termes : « Nous allons rédiger ce document en partant de nos positions, puis je le transmettrai de façon informelle. Ils n’auront qu’à faire comme si cela venait d’eux.
Et on continue ce journal à Brême, en Allemagne, où sont rassemblés les ministres chargés de l’espace depuis hier. Les 23 capitales membres de l’Agence spatiale européenne, l’ESA, souhaitent débloquer une enveloppe de 22 milliards d’euros, dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
Oui, l’objectif est de définir le financement des trois prochaines années de l’agence européenne, dans un secteur où les Etats-Unis et la Chine prennent une place majoritaire Collectivement, l’Europe ne représente qu’environ 10% de l’économie spatiale mondiale en termes de financement public, là où l’investissement américain grimpe à 60%, et celui de Pékin à 15%.
Lors de la dernière réunion, à Paris, en 2022, l’ESA avait réussi à rassembler 17 milliards d’euros, un chiffre amené à grimper donc puisque, comme le rappelle le directeur de l’agence, Josef Aschbacher, le domaine est “en pleine ébullition au niveau mondial, avec une croissance de 10% par an”.
Au-delà de la concurrence internationale, Baptiste, ce sont sont les objectifs stratégiques qui entrent en collision.
Oui, si le domaine spatial a toujours eu une priorité de recherche, comme avec ce projet européen, évoqué lors de la réunion, de construire un atterrisseur lunaire d’ici 2030, les discussions de Brême gravitaient autour de la défense. Un milliard d’euros est ainsi réservé par l’ESA pour la mise en place d’un réseau de satellites de reconnaissance, qui bénéficiera d’ailleurs de financements de la Commission européenne.
Mais si le sujet de la défense n’est “plus interdit” pour reprendre les mots de Josef Aschbacher, qui déplore un éloignement des enjeux scientifiques, il prend surtout le pas sur les investissements liés à l’espace. L’objectif de l’OTAN de fixer à 5% du PIB les dépenses de défense écrase la part moyenne européenne de 0,07% du PIB dédié à l’espace.
On termine ce journal en Italie, où les députés ont voté à l’unanimité une loi faisant du féminicide un crime passible d’une peine de prison à vie. Un changement historique dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
237 voix pour, et aucun vote contre. Le phénomène est rare, et il est le résultat d’une initiative gouvernementale lancée mardi, à l’occasion de la journée consacrée à l’élimination de la violence à l’égard des femmes dans le monde. Jusqu’à présent, le code pénal italien prévoyait des circonstances aggravantes en cas de meurtre ou d’assassinat d’une femme, mais uniquement si l’auteur du crime était marié ou présentait un lien de parenté avec la victime.
Et cette décision marque un tournant dans l’histoire de la justice italienne.
Oui, un tournant dont s’est d’ailleurs félicité la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, évoquant “un instrument supplémentaire” pour “défendre la liberté et la dignité de chaque femme”. Rome rejoint ainsi Chypre, Malte et la Croatie parmi les Etats membres dont le code pénal définit juridiquement le féminicide. Le texte prévoit également des mesures renforcées contre les crimes dits “sexistes”, qu’ils touchent au harcèlement ou à la diffusion non consentie d’images intimes.
Pour rappel, sur les 327 homicides recensés en 2024 en Italie, 116 ont concerné des femmes - plus de 90% d’entre elles ont été tuées par un homme.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.