Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Alizée Lambin, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La Russie menace de viser des instructeurs français en Ukraine et ravive les tensions avec la France
- Les divergences entre l’UE et les Etats-Unis concernant l’usage des avoirs russes gelés au programme de la rencontre entre Emmanuel Macron et Joe Biden jeudi 6 juin.
- Des inondations dévastatrices en Allemagne, Suisse, Autriche, Italie, Pologne.
Démarrons ce journal en évoquant une nouvelle escalade des tensions entre Moscou et Paris. Mardi 4 mai, la Russie s'est dite prête à viser des soldats français - si ceux-ci étaient effectivement déployés - sur le sol ukrainien comme l’envisagent les autorités françaises.
Oui, “Aucun instructeur s'occupant de la formation des militaires ukrainiens n'aura d'immunité", c’est ce que vient de marteler le porte-parole du Kremlin. Pour Moscou les militaires français constituent “une cible tout à fait légitime”, selon les mots du ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. Ces menaces font suite à l’ouverture, la semaine dernière, de discussions entre Paris et Kiev concernant l’envoi d’instructeurs militaires français en Ukraine.
A noter que pour le moment l’armée française n’est, officiellement, pas présente sur le terrain. Paris franchirait donc une nouvelle étape, dans l’aide à l’Ukraine, en envoyant des militaires chargés de la formation sur place.
Et ce n’est pas la première fois que le président français provoque la colère de Moscou.
Pour rappel, Emmanuel Macron avait déjà suscité la controverse en février dernier en déclarant qu’il ne fallait pas exclure la possibilité d’envoyer des troupes occidentales en Ukraine. Une annonce qui avait déclenché de vives réactions chez nos voisins européens - l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Hongrie en tête. Depuis février, certains pays comme la Finlande, la Lituanie se sont cependant ralliés à cette éventualité.
Cette nouvelle crise intervient alors que la tendance, ces derniers mois, est clairement à la dégradation des relations entre la Russie et la France. En cause : une série d’actes de déstabilisation imputés à Moscou.
Samedi 1er juin, cinq cercueils remplis de plâtre et portant l’inscription “soldats français morts en Ukraine” ont été découverts au pied de la tour Eiffel. Une enquête a été ouverte et les soupçons se tournent vers Moscou, suite à plusieurs autres affaires d'ingérence étrangère en France et en Europe.
L’ambassade de Russie en France à pour sa part démenti les accusations, fustigeant, je cite, une “nouvelle campagne russophobe”.
C’est dans ce contexte que jeudi 6 mai, à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire du Débarquement de Normandie, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky sera reçu par son homologue français.
L’Élysée a précisé que l’aide à l’Ukraine serait au cœur des discussions alors que les frappes russes ne cessent de s’intensifier dans les régions de Donetsk et de Kharkiv, au sud-est du pays.
Poursuivons notre tour de l’actualité en évoquant les désaccords profonds entre les États-Unis et l’Union européenne au sujet des avoirs russes, gelés par les sanctions occidentales depuis le début de la guerre.
Deux tiers de ces avoirs se trouvent sur le marché financier européen, principalement auprès d’Euroclear, une société de services financiers basée en Belgique.
Pour rappel, les 27 s’étaient entendus, le 21 mai dernier, sur un accord de principe prévoyant l'utilisation des revenus générés par les avoirs russes gelés et non les capitaux eux-mêmes.
Cela représente une manne financière significative, estimée à plus de 2,5 milliards d’euros par an, qui servira dans sa quasi-totalité à financer l’envoi d’armes et de munitions à Kiev, dans le cadre de la facilité européenne pour la Paix.
De leur côté, les États-Unis souhaitent explorer la piste d’un autre usage de ces revenus, ce qui provoque des tensions avec Bruxelles.
En effet, si Bruxelles et Washington s’accordent sur la nécessité d’utiliser ces fonds, les modalités d’utilisation de cette somme divisent le bloc occidental. Les États - Unis - qui envisagent de débloquer un nouveau prêt de près de 50 milliards de dollars en faveur de Kiev - souhaitent qu’ils servent de garantie aux prêts américains. Une proposition soutenue par le Canada et le Royaume-Uni, mais rejetée fermement par les 27 qui ne souhaitent pas revenir sur l’accord trouvé mi-mai.
Ce point de friction devrait donc être au programme des discussions lors de la visite de Joe Biden en France, dans la foulée des célébrations des 80 ans du Débarquement.
Objectif : préparer le terrain du prochain sommet du G7, qui réunira les leaders des sept pays les plus industrialisés et qui se tiendra en Italie du 13 au 15 juin prochain. Les États-Unis espèrent aboutir à un compromis avec les Européens.
Concluons ce journal en Allemagne où des inondations dévastatrices se poursuivent et s’étendent à la Suisse, l'Italie, à l'Autriche et à la Pologne.
Depuis vendredi 31 mai, les pluies diluviennes qui s'abattent sur le sud du pays ont déjà fait 5 morts et l’état d’urgence a été déclaré en Bavière notamment. Si la situation tend à s’améliorer en Allemagne, les pays voisins, également sévèrement touchés, sont encore en alerte.
Pour rappel, en 2012, près de 200 personnes avaient déjà perdu la vie dans des inondations semblables. Le ministre de l’économie allemand, Robert Habeck, a souligné l’accroissement de la fréquence de ces phénomènes, et a fait le lien avec le réchauffement climatique qui touche l’Europe de façon plus rapide que le reste du monde.
Face à ce constat de la multiplication des catastrophes naturelles, la question de la coopération européenne dans la gestion des crises refait surface à Bruxelles.
Mercredi 29 mai, la Commission européenne présentait, justement, son évaluation du mécanisme de protection civile (MPCUE). Lancé en 2001, l’objectif de cet outil est de renforcer la coordination entre les États membres en permettant à un gouvernement de demander l’aide d’autres gouvernements en cas de catastrophe. Ce mécanisme, activé près de 500 fois entre 2017 et 2022 a déjà porté ses fruits, mais la Commission entend aller plus loin dans les années à venir.
Un journal de Paloma Biessy et Alizée Lambin.