Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- L'abaissement de l'âge de la mobilisation en Ukraine
- Le gouvernement Slovaque qui prend des mesures contre les ONG, faisant craindre une dérive totalitaire
- La menace peu conventionnelle du président du Botswana d'envoyer 20 000 éléphants en Allemagne
Ouvrons ce journal en évoquant l’abaissement de l'âge de la mobilisation en Ukraine, alors que semble se préparer une nouvelle offensive russe.
Oui, dans une décision annoncée mardi 2 avril par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, l'âge de la mobilisation militaire a été abaissé de 27 à 25 ans. La question de la mobilisation suscite depuis des mois des débats houleux en Ukraine, avec d'un côté la nécessité pressante de garnir les rangs de l'armée et de l'autre, la crainte de perturber encore davantage l'économie et d'aggraver les tensions sociales.
Pourquoi abaisser l'âge de la mobilisation ?
Cette décision vise à permettre une plus grande rotation des troupes et à remplacer les pertes. En décembre, le président ukrainien avait fait savoir que les commandants militaires avaient sollicité jusqu'à 500 000 recrues supplémentaires. Alors que la guerre est entrée dans sa troisième année, le recrutement de nouveaux soldats demeure un défi majeur. En outre, les conditions difficiles sur le front, ainsi que le manque de soutien matériel et logistique, ont rendu la mobilisation plus difficile, malgré l'élan patriotique initial.
La décision d'abaisser l'âge de la mobilisation s'inscrit dans un ensemble de mesures visant à renforcer les capacités défensives de l'Ukraine.
Oui, en plus de cette mesure, deux autres textes de loi ont été signés, exigeant notamment une réévaluation médicale pour les hommes dispensés du service militaire pour cause de handicap et la création d'une base de données en ligne des personnes éligibles au service militaire. Cette dernière initiative suscite des préoccupations concernant la protection des données personnelles et la possibilité d'une utilisation abusive de ces informations. En parallèle à ces mesures, le gouvernement ukrainien cherche à lutter contre les réfractaires à la mobilisation en instaurant des sanctions administratives.
L'annonce de cette nouvelle législation survient à un moment où les préoccupations concernant une possible offensive russe se font de plus en plus pressantes.
Oui, des observateurs avertissent que cette offensive pourrait se concentrer sur la partie ouest de la région ukrainienne de Donetsk, avec la ville clé de Tchassiv Yar comme cible potentielle. Alors que les tensions montent, les responsables ukrainiens signalent une accumulation des forces russes le long de plusieurs axes, suggérant une préparation à grande échelle de la part de Moscou.
Poursuivons notre tour de l’actualité en nous rendant en Slovaquie, ou le gouvernement prend des mesures contre les ONG, faisant craindre une dérive totalitaire.
Oui, le gouvernement slovaque a récemment suscité l'inquiétude en présentant une proposition d'amendement à la loi régissant les organisations non gouvernementales. Cette modification vise à catégoriser les ONG recevant plus de 5 000 euros de financement international par an comme « organisations bénéficiant d’un soutien étranger ». Bien que l'objectif officiel de cette proposition soit d'accroître la transparence dans le fonctionnement des ONG, elle soulève de sérieuses préoccupations quant à une possible dérive autoritaire dans le pays.
Que prévoit cette proposition ?
La proposition prévoit non seulement la catégorisation des ONG, mais également l'obligation pour ces organisations de publier la liste de tous leurs donateurs, si le montant dépasse un seuil défini. Cette tentative de contrôle accru s'étendrait à la possibilité pour le gouvernement de fermer administrativement certaines associations en cas de violation des nouvelles dispositions de la loi. En outre, le ministère de l'Intérieur pourrait être habilité à dissoudre ces organisations si elles ne respectent pas l'obligation de soumettre un rapport annuel détaillant la liste de tous leurs donateurs.
La réaction de la société civile ne s'est pas fait attendre.
Le 2 avril, la Chambre slovaque des associations à but non lucratif a appelé le gouvernement à rejeter cette démarche, la qualifiant de « discriminatoire » et violant à la fois le droit slovaque et le droit européen. Katarína Batková, avocate engagée dans la protestation, a en effet souligné la similitude de cette proposition avec la loi hongroise de 2017 sur les ONG soutenues par l'étranger. Une loi qui avait été abrogée en 2021 à la suite de son invalidation par la Cour de justice de l’UE, en raison de son non-respect des traités fondateurs de l'Union européenne.
L'initiative slovaque n'est pas non plus sans rappeler celle de la Russie, qui avait mis en place une loi similaire, bien que plus sévère, en 2012.
Fedor Blaščák, directeur de l’Open Society Foundation, a souligné les similitudes idéologiques avec la réglementation russe, mettant en garde contre les atteintes potentielles aux principes démocratiques et à la société civile. Actuellement soumis à un processus de consultation interministériel, l'amendement pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2025.
Terminons ce journal en évoquant une menace peu conventionnelle : celle émanant du président du Botswana d'envoyer 20 000 éléphants en Allemagne.
Oui, le 2 avril, Mokgweetsi Masisi a déclaré au quotidien allemand Bild qu’il comptait envoyer jusqu'à 20 000 pachydermes en Allemagne. Une déclaration qui intervient en réaction aux critiques allemandes sur la chasse aux éléphants dans le pays et aux exportations de trophées qui en découlent. Les tensions entre les deux pays ont été exacerbées lorsque le ministère allemand de l'Environnement a exprimé son intention de resserrer les restrictions sur l'importation de trophées de chasse en raison de problèmes de braconnage.
Le Botswana, qui abrite la plus grande population d'éléphants au monde, fait face depuis longtemps au défi de cohabiter avec ces animaux protégés.
Le président Masisi soutient que les attaques contre les populations locales, les villages et les cultures sont monnaie courante et que la chasse aux éléphants est une mesure nécessaire pour réguler leurs effectifs. Agacé par les critiques allemandes, le président Masisi a donc lancé ce défi, déclarant que l'Allemagne devrait, je cite, "vivre avec les animaux comme ils essayent de nous le dicter".
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.