Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- La question de la légalisation du mariage pour tous en Grèce
- Le sommet entre l'Union européenne et la Chine
- L'examen par la Commission européenne d’un projet de loi slovaque qui pourrait menacer l'État de droit.
Ouvrons ce journal en prenant la direction de la Grèce, où la question de la légalisation du mariage pour tous demeure un sujet clivant.
Oui, alors que le Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, envisage de présenter prochainement une loi en faveur de cette légalisation, la polémique enfle au sein de son parti Nouvelle Démocratie et au sein de la population.
Cette évolution législative est attendue depuis plusieurs années dans un pays dont la société oscille entre tradition et aspirations à l'égalité des droits.
Le Premier ministre Mitsotakis affirme que la Grèce est prête pour cette avancée.
Toutefois, il se heurte à une forte opposition au sein même de son propre parti. Certains membres, comme le ministre d'État Makis Voridis, expriment des inquiétudes, craignant que le mariage pour tous n’ouvre la voie à l'adoption. Des personnalités politiques plus libérales, parmi lesquelles la sœur du Premier ministre, Dora Bakoyannis, se rallient quant à elles à la cause de l'égalité des droits, mettant en avant l’évolution de la société et des modèles familiaux qui la composent. Des familles homoparentales font également entendre leurs voix, dénonçant les discriminations dont sont victimes leurs enfants en l'absence de reconnaissance légale.
La Grèce, fortement marquée par l'influence de l'Église orthodoxe, a connu un parcours sinueux sur la voie de la reconnaissance des droits des personnes LGBT.
En 2015, le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras, avait voté une forme de pacte d'union civile pour les couples de même sexe, mais cette avancée avait rencontré une forte opposition au sein de la société. La réaction de certains responsables religieux avait même conduit à deux jours de deuil dans certaines paroisses. Une réaction aux conséquences significatives dans un pays dénué de séparation entre l'Église et l'État et où la religion joue un rôle majeur dans la vie quotidienne de nombreux citoyens.
Selon un récent sondage du Pew Research Center, 48 % de la société grecque serait en faveur du mariage pour tous alors que 49 % y seraient opposés.
Cette division est particulièrement marquée entre les jeunes générations et celles plus âgées, profondément ancrées dans des préceptes religieux traditionnels. Toutefois, l'élection récente de Stefanos Kasselakis à la tête du principal parti d'opposition, Syriza, a eu un impact significatif sur la société grecque. Stefanos Kasselakis, figure ouvertement gay et s'étant récemment marié aux États-Unis avec son compagnon, a provoqué une prise de conscience. Il est d’ailleurs probable que Kyriakos Mitsotakis puisse compter sur le soutien des voix de l'opposition de gauche pour faire adopter son projet de loi.
Continuons ce tour de l’actualité en évoquant le sommet entre l'Union européenne et la Chine, qui se tient les 7 et 8 décembre à Pékin.
Oui, alors que les dirigeants de l'UE, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel, s'apprêtent à rencontrer le président chinois Xi Jinping, les enjeux apparaissent divers et complexes. Lors des deux derniers sommets, aucune déclaration commune n’avait été publiée. Cette fois encore, l’issue des discussions semble incertaine.
Ce 24e sommet UE-Chine, le premier en présentiel depuis quatre ans, se déroule dans un contexte tendu marqué par une détérioration des relations entre les deux puissances depuis des années.
Oui, une dégradation due principalement à des tensions commerciales croissantes. Selon le Monde, le déficit commercial de l'UE avec la Chine a atteint des niveaux inquiétants, culminant à 400 milliards d'euros en 2022, soit le double des chiffres d’il y a deux ans. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé que les dirigeants européens ne toléreront pas à long terme un déséquilibre dans les échanges commerciaux.
Pour contrer cette dépendance économique envers la Chine, l'UE adopte une position ferme, mettant en œuvre une approche appelée "de-risking" dans le but de réduire les risques, notamment dans des secteurs critiques. Cette stratégie vise à limiter la vulnérabilité économique tout en recherchant une coopération sur des enjeux mondiaux tels que le changement climatique et la santé publique.
Au-delà des enjeux commerciaux, la guerre en Ukraine émerge également comme un point de tension dans les relations sino-européennes.
L'UE considère l'intégrité de l'Ukraine comme fondamentale et pose des sanctions à l'agresseur russe. Toutefois, selon ses estimations, la Chine joue un rôle crucial en facilitant le transit de produits sensibles et technologiques destinés à l'armée russe. Des entreprises chinoises pourraient d’ailleurs se voir ajoutées aux sanctions européennes si Pékin ne fournit pas des garanties concrètes lors du sommet.
Terminons ce journal en évoquant l’examen par la Commission européenne d’un projet de loi slovaque qui pourrait menacer l'État de droit.
Oui, selon un document ayant fuité, la Commission européenne étudie une proposition de réforme du gouvernement slovaque visant à démanteler le Bureau du procureur spécial. Cette initiative, provenant du Premier ministre Robert Fico, est critiquée par l'opposition comme une « menace directe » pour l'État de droit.
Le Bureau est responsable des enquêtes sur la corruption impliquant des membres du parti au pouvoir.
Le document qui a fuité révèle des projets de changements non seulement au Bureau du procureur spécial mais aussi au Tribunal pénal spécialisé. Une démarche qui soulève des préoccupations sur l'indépendance de la justice. Ce d’autant plus que Robert Fico, redevenu premier ministre en octobre 2023, est, rappelons-le, accusé de corruption lors de ces précédents mandats. En effet, l’Agence nationale du crime, une unité de la police slovaque en charge de lutter contre la corruption, l’avait accusé d’avoir dirigé une organisation criminelle au printemps 2022. Toutefois, le ministère de la Justice slovaque affirme que des alternatives aux réformes à venir sont envisageables, et que la proposition ne sera rendue publique qu'après consensus.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.