Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Climat : l’Autriche annonce abandonner l’objectif de réduction d’émissions européen ; l’ONU alerte sur un éloignement des objectifs dans son rapport annuel Emissions gap report ; Belgique en retard aussi
- Danemark : fracture d’un système déjà sévère d’accueil d’immigration ;
- l'effondrement d’une tour italienne attise les tensions avec la Russie ; italie sur la liste des pays “russophobes” publiées par le Kremlin
On commence ce journal à Bruxelles où se sont réunis mardi les ministres de l’Environnement des Etats membres de l’Union européenne. Sur la table, le sujet des objectifs climatiques à l’horizon 2035-2040.
Oui, et le moins qu’on puisse dire, c’est que les 27 sont encore très divisés sur la question. En 2024, rappelons-le, la présidente de la Commission européenne s’était engagée à défendre une réduction de 90% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 - le minimum nécessaire, selon les conseillers européens, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5C.
L’ambitieuse proposition, devenue au fil des négociations une simple déclaration d’intention, est donc en péril, à l’approche d’un sommet pour lequel l’Europe devait pourtant prendre une place de leader : la COP 30 de Belém, au Brésil, tenue du 10 au 21 novembre.
Ce n’est pas faute d’avoir mis en place des dérogations au projet de 90% de réduction.
Non, beaucoup de modifications ont été ajoutées au texte originel pour convaincre les différents Etats membres de le signer : par exemple, des crédits carbones à partir de 2036, qui assurent un financement de l’Europe sur les projets à portée climatique. Pas de quoi convaincre la France qui a demandé des “freins d’urgence” et des garanties sur sa production nucléaire, ou la Pologne, qui exige de pouvoir réviser ses objectifs tous les deux ans.
Le Programme des Nations unies pour l’Environnement publiait lui aussi son rapport annuel lundi, intitulé Emissions gap report.
Oui, un rapport dans lequel il dresse un constat critique : alors que la crise climatique s’aggrave de plus en plus, l’investissement des Etats, lui, est de moins en moins grand. A ce rythme, ce ne sont pas les 1,5 C espérés par la Commission européenne que risque d’atteindre le réchauffement climatique, mais bien 2,8 C d’ici la fin du siècle indique le rapport. Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU soulignait que “malgré les engagements pris, nous courons toujours à l’effondrement climatique”.
Une preuve que les pays ne sont pas sur la bonne voie : en 2024, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont bondi de 2,3%, pour atteindre 57,7 milliards de tonnes en un an.
On continue ce journal au Danemark, où le gouvernement est pris dans une tempête politique - le système d’accueil de l’imigration dans le pays fait l’objet de nombreuses critiques.
Oui, l’opposition dénonce une faille dans le système de visa étudiant plus précisément, qui a permis l’entrée de nombreuses familles d’origine asiatiques. Une règle, aujourd’hui remise en question donc, permettait aux étudiants de faciliter l’accueil de leurs proches dans un pays habituellement très fermé à l’immigration. Résultat : une multiplication par dix du nombre d’étudiants internationaux venant du Népal et du Bangladesh en août, qui a déclenché l’ire de l’opposition.
Cette dernière, principalement constituée de l’Alliance libérale et du Parti populaire danois, d’extrême droite, ont demandé l’ouverture d’une enquête à l’égard du gouvernement qu’ils accusent de “perdre le contrôle”.
Si l’affaire prend une telle ampleur, Ulrich, c’est notamment parce que le Danemark est connu pour sa politique extrêmement stricte en matière d’immigration.
Oui, l’objectif affiché de la coalition au pouvoir est de mettre en place des hubs de migrations pour renvoyer ceux qui cherchent à atteindre l’Europe dans des pays extérieurs au vieux continent. L’idée avait inspiré une proposition de la Commission européenne, encore en discussion.
Le sujet de l’immigration asiatique par visa étudiant avait déjà fait réagir Copenhague il y a deux mois, alors qu’une grande université nationale, l’université Roskilde, a vu sa nouvelle promotion se composer à 16% d’étudiants bengladais. De nouvelles mesures ont depuis été mises en place comme une élévation du niveau de danois requis pour entrer à l’université pour les étudiants internationaux. A partir de 2026, les étudiants ne pourront plus venir avec leur conjoint ou leur partenaire au Danemark.
On continue ce journal en Italie, où le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de la Russie après des propos virulents à l’encontre du pays. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que l’Italie “s’effondrerait” si elle continuait à soutenir l’Ukraine.
Oui, une affirmation qui n’aurait pas eu tant d’effet sans la tragédie survenue lundi à Rome : l’effondrement d’une tour en rénovation, qui a entraîné la mort d’un ouvrier. De quoi nourrir l’offensive verbale de Maria Zakharova, qui écrivait sur son compte Télégram que “tant que le gouvernement italien continuera à dépenser inutilement l’argent de ses contribuables pour l’Ukraine, l’Italie fera tout s’effondrer, de l’économie aux tours”.
Le gouvernement italien a réagi en convoquant le représentant diplomatique de la Russie en Italie, Alexey Paramonov, et en réaffirmant son soutien à l’Ukraine.
On termine ce journal en Iran, en revenant sur la bonne nouvelle de la nuit : Cécile Kohler et Jacques Paris, retenus dans une prison iranienne depuis mai 2022 ont été libérés hier soir.
Oui, ils sont, selon le communiqué d’Emmanuel Macron, “en sécurité” à la résidence de l’ambassadeur de France à Téhéran, et attendent leur libération définitive. Ils avaient été arrêtés le 7 mai 2022 lors d’un voyage touristique et incarcérés dans les cellules réservées aux prisonniers politiques. Le motif : espionnage au profit de renseignements français. Elle était alors professeur de lettres, et lui enseignant retraité de 72 ans…
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.