Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Les employés de la Deutsch Bahn obtiennent les 35h de travail hebdomadaires
- Des manifestations à Budapest sous fond d'accusation de corruption du Premier ministre Viktor Orbán
- Une motion de censure à l'encontre du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis
Bonjour Joris, démarrons ce journal en Allemagne où les travailleurs de la compagnie ferroviaire Deutsch Bahn ont obtenu gain de cause après plusieurs mois de grèves à répétition.
Le mouvement mené par le syndicat de conducteurs de trains GDL a finalement fait craquer la Deutsch Bahn. Ces grèves répétées, souvent annoncées à la dernière minute pour les rendre d’autant plus impactantes, ont coûté extrêmement cher aux chemins de fer allemands. On estime qu’en 2023 elles ont fait perdre plus de 200 millions d’euros à cette compagnie qui connaît déjà de lourdes difficultés financières.
Les employés ont obtenu la semaine de 35h, contre 38 auparavant.
C’était le principal cheval de bataille des grévistes : une baisse du taux horaire, tout en augmentant les salaires pour faire face à l’inflation. Les employés pourront néanmoins s’ils le souhaitent travailler jusqu’à 40h, en bénéficiant d’une majoration. Ils vont bénéficier également d’une prime inflation de près de 3000 €.
Si les deux partis se disent satisfaits de l’accord trouvé, pour la Deutsch Bahn il risque d’encore affaiblir des finances déjà dans le rouge.
C’est ce qui a provoqué la longue durée des négociations : la Deutsch Bahn ne pouvait pas sur le papier se permettre un tel effort. C’est ce que répète le directeur des ressources humaines Martin Seiler je cite : « ce compromis est financièrement difficile ». Le groupe a d’ailleurs enregistré une perte de 2,3 milliard d’euros en 2023, alors qu’une grande partie du réseau doit être rénovée après des années de sous-investissement.
GDL s’est engagé à ne pas déclencher de nouvelles grèves pendant un an. En revanche, dans d’autres secteurs, les mouvements sociaux continuent en Allemagne.
On a notamment en tête le mouvement des agriculteurs, qui est loin de se limiter à l’Allemagne. Mais plusieurs autres secteurs ont connu des mouvements de protestations massives ces derniers mois. La compagnie aérienne Lufthansa a par exemple été forcée d’annuler environ mille vols après une grève des employés de cabine. Et dans le monde du commerce au détail, 10 000 employés des supermarchés Edeka ont demandé une augmentation de salaire en février.
Ces mouvements de grève sont un indicateur supplémentaire des difficultés que connaît l’économie allemande ces derniers temps.
En 2023, l’Allemagne a enregistré un recul de son PIB d’environ 0,3 %. Les prévisions pour 2024 et 2025 sont également loin d’être optimistes. Une crise qu’on peut, entre autres, lier aux difficultés du secteur industriel qui subit de plein fouet les conséquences de l’augmentation des prix de l’énergie.
Poursuivons ce journal en Hongrie, où une manifestation a réuni plusieurs milliers de personnes dans la capitale Budapest le 26 mars.
A l’origine de ce rassemblement : Peter Magyar, avocat et ancien collaborateur du Premier ministre Viktor Orban. Aujourd’hui véritable ennemi du chef du gouvernement pro-russe, il a diffusé une vidéo mettant en cause un membre du cabinet de Viktor Orban pour corruption. Une vidéo dans laquelle on voit l’avocat et son ex-femme et ex ministre de la justice Judit Varga discuter de cette affaire. Peter Magyar assure d’ailleurs que son ex-femme lui décrivait quotidiennement un gouvernement, je cite, « mafieux ». Il affirme également détenir d’autres vidéos similaires accusant plusieurs membres du gouvernement.
L’ex-ministre de la justice a immédiatement pris la parole après la diffusion de cette vidéo.
Elle affirme avoir été contrainte par son ex-mari d’enregistrer cette vidéo. Si le gouvernement n’a pas encore directement réagi à cette affaire, le chef du cabinet de Viktor Orban estime que les déclarations d’une femme, je cite, « sous infuence, n’ont rien à voir avec la vie publique ».
C’est en tout cas un nouveau scandale pour le gouvernement de Viktor Orban, que l’on sent de plus en plus vacillant ces dernières semaines.
Le Premier ministre a déjà été contraint il y a un mois de se séparer de la Présidente de la République, Katalin Novak. La faute à une affaire de grâce d’une personne accusée de complicité de pédophilie. Une affaire qui a fait grand bruit en Hongrie, et qui est d’ailleurs également à l’origine de la démission de Judit Varga, la même qui se trouve sur la vidéo à l’origine de la manifestation de mardi.
Le gouvernement Orban est également au cœur d’un scandale au Brésil.
L’ancien Président brésilien, Jair Bolsonaro, empêtré dans diverses affaires judiciaires, a cherché à fuir la justice en s’abritant pendant 2 nuits dans l’ambassade hongroise. L’homme à la ligne politique assez proche de celle de Viktor Orban a déclaré s’y être rendu sur invitation de la part des autorités hongroises. L’ambassadeur a été convoqué par le Ministère des affaires étrangères pour s’expliquer quant à cette situation.
Concluons ce tour de l’actualité en Grèce, alors que le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis va faire face à un vote de censure de la part du Parlement.
La motion a été déposée mardi par l’opposition, pour un vote qui devrait avoir lieu le 28 mars au soir. C’est le parti socialiste Pasok qui en est à l’origine, soutenu par toute l’aile gauche du Parlement, dont Syriza la deuxième force de l’hémicycle. En revanche, ce vote n’a que très peu de chances d’aboutir. Le parti de droite Nouvelle Démocratie bénéficie d’une très confortable majorité, ce qui devrait permettre au Premier ministre Kyriakos Mitsotakis d’échapper à la destitution.
Cause de cette motion de censure : la gestion jugée calamiteuse d’un accident de train ayant fait 57 morts en février 2023.
Le Premier ministre est accusé d’avoir menti en fournissant à la presse un montage mettant en avant une “erreur humaine”. Objectif : attribuer toute la responsabilité au chef de gare, actuellement en détention pour homicide par négligence. Les partis de gauche dénoncent une nouvelle entorse à l’État de droit de la part de Kyriakos Mitsotakis. Le Premier ministre réélu en juin 2023 est régulièrement pointé du doigt, notamment pour sa gestion de la liberté de la presse.
Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger