Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 18 mars 2025

Photo de Dušan Cvetanović - Pexels Aujourd'hui en Europe - 18 mars 2025
Photo de Dušan Cvetanović - Pexels

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme:

  • Le constat alarmant sur l’état de droit en Europe
  • La visite du Premier ministre canadien Mark Carney en France
  • Un mandat d’arrêt vise Milorad Dodik, le président de la république serbe de Bosnie

Bonjour Gaspard, on commence ce journal en se faisant l’écho d’un constat relativement alarmant sur l’état de droit dans l’UE selon un nouveau rapport. Les indices démocratiques relatifs au système judiciaire, à la lutte contre la corruption et à la liberté des médias reculeraient significativement.

Oui, le rapport “Libertés et État de droit” a été publié lundi 17 mars par l'Union des libertés civiles pour l'Europe. Il révèle une tendance générale de remise en cause de l'État de droit au cours des dernières années en Europe, même si les différences sont très nettes selon les pays. La sixième édition annuelle de ce rapport de 1 000 pages est le fruit d'une collaboration entre 43 organisations de défense des droits de l'Homme de 21 pays de l'Union européenne.

L'une des conclusions les plus frappantes du rapport est la détérioration générale de l'État de droit dans l'ensemble de l'UE et la persistance des violations déjà dénoncées.

Oui bien que chaque pays présente des variations, l'observation générale est que tous les aspects fondamentaux de l'État de droit ont rencontré des difficultés similaires et croissantes au cours des dernières années. Le rapport analyse des caractères comme le système judiciaire, les mesures de lutte contre la corruption, mais aussi la liberté des médias, l'équilibre des pouvoirs, ou encore l'espace civique et les droits de l'Homme. 

Et, ce rapport Gaspard, il propose une classification différente des pays en fonction de leur respect de l'État de droit.

Oui, certains pays comme la Grèce, l'Irlande, Malte, les Pays-Bas et l'Espagne sont considérés comme "pays en stagnation", ceux qui ont fait des progrès minimes dans leurs indicateurs de l'État de droit. Les "pays en glissement" comprennent des pays comme la Belgique, la France, l'Allemagne et la Suède, qui ont enregistré des baisses isolées mais néanmoins inquiétantes dans certains domaines.

Le rapport pointe surtout des pays dits "déconstructeurs", des pays où l'État de droit est systématiquement et intentionnellement sapé dans presque tous les domaines. Ce groupe comprend l'Italie, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la Slovaquie. Enfin, le maillon faible en matière d'État de droit reste, sans surprise, la Hongrie de Viktor Orbán.

Et Certains pays ont en revanche fait des efforts notables pour améliorer l'état de l'État de droit au niveau national.

Oui, le rapport met également en avant de bon exemples comme l'Estonie et la République tchèque qui montrent des signes d'efforts sincères pour apporter des améliorations en termes de respect des droits de l'Homme. La Pologne, quant à elle, est considérée comme un "exemple à suivre", car le nouveau gouvernement est salué pour son travail visant à restaurer l'indépendance de la justice et le pluralisme des médias même si le chemin reste encore long après des années d’attaques de ces piliers de l’Etat de droit.

Les auteurs du rapport soulignent aussi que cette nouvelle édition s’inscrit dans un paysage géopolitique particulièrement changeant.

L'influence croissante de l'extrême droite menace l'unité de l'UE, tandis que la guerre de la Russie contre l'Ukraine et le déclin du soutien transatlantique à la sécurité européenne mettent à l'épreuve la résilience de l'Union. Les politiques migratoires se durcissent et les États limitent les droits d'asile, souvent en violation du droit international. Parallèlement les auteurs du rapport pointent le fait que les mécanismes de mise en œuvre de l'UE et de contrôle restent faibles, ce qui permet aux tendances autoritaires de se développer. Sans action décisive le rapport s’inquiète d’un risque d'érosion démocratique.

On continue ce journal en revenant sur la visite du Premier ministre canadien Mark Carney en France.

A l’heure où le Canada est sous la pression commerciale des Etats-Unis et subit des menaces répétées d’annexion de Donald Trump, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, a déclaré vouloir renforcer les liens de son pays avec des « alliés fiables » en Europe, dans une allusion à peine voilée aux tensions que Ottawa connaît actuellement avec Washington. « C’est plus important que jamais pour le Canada de renforcer ses liens avec nos alliés fiables comme la France », a-t-il déclaré, lundi 17 mars à Paris, au côté du président français, Emmanuel Macron. Il s’agit de son premier déplacement à l’étranger depuis sa prise de fonctions le vendredi 14 mars.

Le Premier ministre canadien et le président français ont évoqué leur volonté de travailler ensemble pour continuer à soutenir l’Ukraine et la sécurité en Europe à l’heure où les Etats-Unis menacent de se désengager et entendent négocier la paix directement avec la Russie de Vladimir Poutine.

« Nous sommes tous les deux pour la souveraineté et la sécurité, comme le démontre notre soutien sans faille à l’Ukraine », a insisté Mark Carney. Le président français a pour sa part rappelé que la France exigerait de la Russie des « engagements clairs ». Les deux pays veulent une « paix solide et durable, assortie des garanties robustes qui prémunissent l’Ukraine contre toute nouvelle agression russe et permettent d’assurer la sécurité de l’Europe tout entière.

On termine ce journal en prenant la direction de la Bosnie-Herzégovine où un mandat d'arrêt national vient d’être émis à l'encontre de Milorad Dodik, le président de la république serbe de Bosnie.

Oui, la cour de Bosnie-Herzégovine a émis un mandat d'arrêt national à l'encontre de Milorad Dodik le président de la Republika Srpska, une des principales entités qui composent la Bosnie-Herzégovine. Deux autres personnes sont visées par ce mandat d'arrêt. Le premier ministre de la région, Radovan Višković, et le président de l'Assemblée nationale de cette même entité, Nenad Stevandić. Le mandat signifie que tout officier de police dans le pays qui les rencontre doit théoriquement les arrêter immédiatement. Ils sont tous accusés de comportement anticonstitutionnel. 

Milorad Dodik a déclaré précédemment qu'il ne reconnaissait pas le bureau du procureur du pays. Il a même rejeté la validité de ce mandat d'arrêt de la semaine dernière et toute tentative d'arrestation. Il a enfin déclaré qu'il ne se rendrait pas non plus à Sarajevo pour y être interrogé.

Fin février, le tribunal de l'État de Bosnie a reconnu M. Dodik, coupable d'être allé à l'encontre des décisions du haut représentant international en Bosnie Christian Schmidt,  ce qui constitue selon la cour un acte criminel. Christian Schmidt est chargé de veiller au respect de l’accord de paix de Dayton. Ce traité a consacré, à la fin de 1995, la division de la Bosnie d’après-guerre en deux entités : la Republika Srpska et la Fédération croato-musulmane, autonomes, unies par un gouvernement central aux compétences limitées. Le verdict n'est pas définitif et le président sécessionniste de la Republika Srpska peut encore faire appel.

Peu après ce verdict, Milorad Dodik a introduit de nouvelles lois visant à interdire le fonctionnement des institutions judiciaires et de sécurité de l'État dans ce qui représente environ la moitié du territoire du pays.

Ces décisions ont été temporairement suspendues par la Cour constitutionnelle. La force européenne de maintien de la paix en Bosnie, l'EUFOR, a déclaré qu'elle augmenterait le nombre de ses troupes en réponse aux tensions.

Un journal de Gaspard Timmermans et Robin Job.